Dans la chaleur d’un été lourd et orageux, une fin de journée nonchalante, trouver un peu par hasard sur le présentoir d’une agence de voyage placé sur le trottoir devant sa vitrine, une brochure épaisse, un catalogue d’appartements estivaux à louer sur la Costa del Sol en Espagne. En attraper un, un peu par désarroi, et la rapporter chez soi. En la feuilletant s’étonner de l’uniformisation de ces appartements.
Des pages et des pages d’images stéréotypées sur papier glacé, présentant les mêmes vues d’appartements, avec une chambre sommaire, propre et fonctionnelle, un ou deux lits, une table de nuit de part et d’autre du lit, un vase disposé de chaque côté pour la symétrie, et sur une table en face du lit, un poste de télévision, la chambre qui s’ouvre sur une terrasse par une large baie vitrée, une fenêtre coulissante pour faire entrer la lumière, donne sur un balcon qui surplombe une piscine à partager avec les autres vacanciers de la résidence. Les murs sont le plus souvent blancs, parsemés de quelques cadres, le plus souvent des aquarelles représentant des paysages marins.
Regrouper l’ensemble de ces centaines de photographies de chambres et de piscines, leur uniformisation si poussée, afin de tenter de comprendre, dans cet exercice de regroupement, ce jeu de patience, faits de recoupements et d’associations, de rapprochements et d’incises, ce qui nous fascine tant dans ce motif répété des différentes pièces et leurs similitudes inquiétantes, cette vacance qu’on interroge dans ses moindres détails jusqu’à la vacuité, au point de s’y perdre en faisant du surplace dans un aplat de blanc et de bleu.