après il faut courir – loin pour atteindre et continuer à rechercher ce qui restera dans les mémoires, les filets, les oublis – beaucoup aimé cette image
un oreiller (un luxe, je suppose), un mouchoir en papier et dessus un couteau pliable (opinel – il y a la mention de cette marque dans une chanson* je me souviens) – il s’agit des dernières pages de ce 209 rue Saint-Maur dont je lisais (pour L’aiR Nu – et L’aiR Lu) une lettre à ses enfants d’une mère de famille, déportée, assassinée. Elle l’écrivait de Drancy – Le livre dont je pose ici quelques pages hante mais c’est parce que c’est à coté de chez moi : exactement à coté de chez moi – je pense à mon grand-père puis à mon père parti avant ses vingt ans, à la guerre (son père venait d’être arrêté) puis avant ses quarante-neuf – je venais d’en attraper dix-neuf – un petit mois (le mois dernier, je me disais, marchant dans le jardin, les feuilles vertes virant à l’orange
qu’il aurait eu cent un ans – ce qui est assez canonique – c’est que je pense souvent à eux, et que) ce livre me les a rapprochés – ils ne sont pas si loin non plus.
Alors ici ces quelques pages, et tant pis si on a eu tort/on met ça dans les souvenirs
c’est Aznav qui chante – On ne sait jamais chanson qui date des années cinquante – quand on est enfant, on entend même les choses tues – je me souviens
restée tremblant(e) après avoir raccroché – oui
(Albert, ce grand-père que je n’avais jamais eu) et cette peur qui parlait
et puis l’oreiller
c’est parce qu’il faut vivre, aussi, il le faut.
209 rue Saint-Maur, Paris X°, sous titré autobiographie d’un immeuble de Ruth Zylberman, publié au points seuil (428)
* : c’est ça la France Marc Lavoine (on fait ce qu’on peut (un rien réac ou c’est moi qui vire un peu ?) – celle d’Aznavour est quand même mieux… – après sa veste dans la vidéo hein : son style)