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Je m’étais posé la question en arrivant : pourra-t-on fumer dans la maison ? J’y pensais en regardant mardi soir les pipes d’André Breton posées sur son bureau au Centre Pompidou.
Il fut une époque où je fumais des cigarettes (avec ou sans marque américaine), je possédais même une petite boîte métallique pour rouler automatiquement celles qui étaient hors commerce, et puis du tabac Amsterdamer (je revois les pochettes bleu sombre), surtout à cause de son parfum, dans une pipe hollandaise en écume de mer avec un embout jaune.
Ici, va-t-on installer un coin « fumeurs » (La philosophie dans le fumoir, cela me plairait !), pratiquer une sorte de ségrégation comme elle s’est répandue partout maintenant, dans les cafés, les restaurants, les bibliothèques, les lieux publics – ne plus pouvoir allumer une cigarette dans une gare en attendant sa bien-aimée, quelle régression ! – les trains, les bus, les métros, bientôt la rue elle-même, et tout lieu dans la nature ?
J’ai donc décidé d’installer le tableau ci-dessus dans l’entrée (mais il pourra être enlevé après un vote en assemblée générale s’il pose un problème), il s’agit de l’œuvre d’un artiste serbe, Mića Popović, qui est exposé en ce moment juste en face du temple de la culture à Beaubourg.
Sinon, je verrais bien à sa place, pour calmer les opposants éventuels à cette idée fumeuse, une reproduction du Magritte sur lequel ce cher Michel Foucault écrivit une très belle analyse (Fata Morgana, 1973) : Ceci n’est pas une pipe.