Fondamental

 

 

 

On peut sans trop se tromper (et bien que ce type d’échelle de valeurs ait quelque chose d’obscène) dire de ce film qu’il s’agit d’un des et même du meilleur dans son genre et de tous les temps – c’est excessif : comme de genre il s’agit de la science-fiction, on peut aller jusqu’à tout l’univers. Les avis peuvent varier mais on s’en fout : passons sur cet aspect si vous voulez bien. Le mieux pour l’appréhender s’il se peut (oui, c’est quand même possible) est d’en donner la structure : procédons par ordre (qu’est-ce que l’ordre ? « le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir » disait Léo tu te souviens ?). Ce qui constitue ce film (durée : deux heures et demie), ce sont quatre parties et un entr’acte. Durant chacune de ces parties sont exposées diverses facettes de l’histoire de l’humanité (rien que ça, mais ça quand même) mais jamais notre contemporain (on respire). Dans ces quatre parties, on trouvera l’émergence d’un objet, une entité (on en a glosé : le film sort en avril 68, il y a cinq ans, on a fait tout un pataquès médiatique de cet anniversaire 50 ans… (on a changé l’affiche, on a remasterisé l’affaire, on l’a représentée  – les auteurs sont morts, mais le marché s’en fout – on peut aussi regarder que la maison de production (la Metro Goldwyn Mayer) (Sam et Louis sont eux aussi morts depuis bien longtemps – Autant en emporte le vent et Ben Hur entre autres) (le lion ne rugit plus et l’art ne remercie plus les artistes) n’existe plus (faillite, rachat du catalogue, la loi du marché) – quelque chose (un fait social total dirait Mauss) : dieu peut-être…? en tout cas il s’appelle monolithe et il est noir – il apparaît vers la fin des parties, c’est une espèce d’énigme bienveillante (la bienveillance a quelque chose de pourri, comme on sait) – c’est ambiguë et on ne comprend pas bien. Alors voyons, tout en sachant que le film (budget estimation avant tournage : 6 millions de dollars, coût total après post-production : dix millions et demi – pour une idée de ce coût aujourd’hui, on multiplie communément par 9) a rapporté six fois ce qu’il a coûté (un peu moins de 4 millions d’entrées) à titre de comparaison, un film comme Avatar disposait d’un budget de 365 millions de dollars (en 2009) et en a rapporté (15 millions d’entrées) 3 milliards…) (pourtant,combien de fois plus merdique, vazy…).

Je ne voudrais rien expliquer, juste montrer : je crois bien qu’il s’agissait de mon douzième lustre et on (encore merci, mille fois)  m’offrit l’intégralité de la filmographie de Stanley Kubrick – un coffret, édité chez Taschen – treize longs métrages – treize disques laser dvd – plus un gros livre d’images et tout un appareil critique, dont l’entretien fleuve que Stanley Kubrick donnait au magazine Playboy d’octobre 1968 – j’en ai sélectionné quelques unes – je les pose en allant dans la chronologie du film – elles m’ont inspiré – peut-être dois-je dire aussi que, de ce film, les étudiant.es de maîtrise de cinéma et moi d’alors (1980 je crois bien) avons été invité.es par le prof (s’appelait Goimard, Jacques de son prénom, portait des costumes et des cravates de couleurs vives – les cravates, pas les costumes) à nous emparer toute une année durant – j’avais en charge de m’occuper des moyens de transports; pour d’autres, ce furent la religion, les repas, les moyens de communications, et les rôles, les effets spéciaux, le scénario, la musique, les dialogues, etc etc on en passe (ce qui inférait de voir le film un certain nombre de fois – mais j’ai arrêté de compter après dix) – je l’ai revu il y a quelques mois, avec le dvd sur un petit moniteur : ça ne vaut pas…

 

la première partie sera sans dialogue (comme les dernières) – avant notre ère – nous ne sommes pas encore redressés, l’un d’entre eux (ou elles, à ce point, pas encore d’études de genre) découvre l’arme, s’en sert et domine (ça veut dire qu’il tue) – dans sa joie de vainqueur il lance son arme au ciel comme s’il voulait le défier –

l’image passe de l’os (l’arme…) à la navette spatiale (Orion III) – qui va s’accorder (au son de la valse de Strauss – un si beau Danube bleu et un regard (pour moi) vers Claudio Magris) s’accorder disais-je à la station orbitale – c’était l’affiche première du film – on suivra un type quelconque qui souhaitera bon anniversaire à sa fille (interprétée par la fille du réalisateur) : l’intérieur de la station orbitale

ce n’est qu’une étape avant d’aller sur la Lune (les premiers pas de l’homme sur la Lune datent du 20 juillet 1969…) : un signal y a été détecté, l’homme est enquêteur (j’aime à le croire) – on a creusé pour chercher d’où vient ce signal, ici en bas, le creusement, la fosse, la mine

la découverte du (ou d’un ?) monolithe – image du haut : on (l’humanité) touche le monolithe

image du bas, le son explose, assourdit – cut – un an et demi plus tard

à bord du vaisseau Discovery – avec l’ordinateur (super-ordinateur -méga-ordinateur, tout ce que tu veux) HAL l’oeil rouge…

lui gouverne, les hommes suivent – mais il dévie (HAL tel est son petit nom), il se trompe – il débranche les cryogénéisés, (et les tue…) par mégarde peut-être (probablement pas : il veut prendre le pouvoir) – restent les humains : que se passe-t-il ? ils s’isolent dans une capsule de survie (ils ne veulent pas que HAL les entendent – on le croyait infaillible –

ils parlent HAL ne les entend pas mais les voit et lit sur leurs lèvres – on lui en veut

ENTRACTE

HAL profitant d’une sortie qu’il ordonne

tuera l’un des astronautes (ou cosmonautes – un humain en tout cas) – il en reste un cependant (Bowman se nomme-t-il) qui parvient à rentrer à nouveau dans le vaisseau

ce sera donc lui ou HAL – c’en est fini – magnifiquement rouge…

HAL chantera une comptine puis périra – carton

ici prend place une séquence, toute de couleurs de vitesses de cris de bruits de musique, psychédélique en diable – un parcours – sans dialogue – un chemin vers l’infini sans doute – mais où est-ce ? – loin – à travers les galaxies – loin de tout –  jusqu’à cette chambre – on retrouve Bowman – seul – brise un verre – seul : il regarde (image du haut)

dans le lit, c’est lui – en amorce droite cadre c’est lui – il se voit – il va mourir – il se voit  (et se voit voir) : le (ou un?) monolithe, là devant lui allongé, mourant – cette lumière

puis le foetus astral dans la* placenta qui regarde la Terre bleue, toute la vie, oh Suzy…

je le remets : ici tel est sa place

juste une merveille –

 

je me souviens de la première fois que je le vis, au cinéma Contrescarpe (ça n’existe plus) l’écran n’était pas grand, la salle comble et les gâteaux que nous avions mangé étaient à l’huile afghane – je me souviens, une merveille… (il y a cinquante ans d’ici)

 

Ce billet en spéciale-dédicace à l’hôte de cette maison (Kiki de Bayeuze) pour ses douze lustres – le féminin* de la placenta, pour Catherine Serre et sa Maison des Mues

Série sorcières #3

 

 

 

La suite des témoins à charge, qui fait la part assez belle aux producteurs de l’époque, commence par l’apparition de Jack Warner

jack-warner(1892-1978) qui avait trois frères (Harry, Albert et Samuel) (il les a évincés et escroqués : esprit de famille, sans doute… Harry en est mort), tous dans les débuts dans cette même affaire de cinéma (on dit « la Warner » comme la « Metro Goldwyn Mayer » ou la « Fox »), les voici ces quatre millionnaires (homme/blancs/cravates…)

les-4-freres-warner

difficile de trouver ce type de dessin sympathique, mais que fait-on ici sinon divulguer des visages (plutôt) inconnus de gens qui exprimèrent leur haine du communisme, leur défiance vis à vis d’une idéologie dont, en effet, on avait à se méfier ? Une façon de dire qu’on appartient au « monde libre » ? L’autre ne le serait pas, ou moins ?

Vint ensuite un autre patron d’un des grands studios, celui à la lionne qui rugit « c’est l’art qui reconnaît l’art » -quelque chose comme ça- Louis Burt Mayer (1884, né à Minsk- 1957)

louis-b-mayer

on s’emploie à dire son existence, sa foi, sa dignité – difficile de ne pas souscrire à ce type de discours, mais pour quoi faire ? Dire et dénoncer… (où est Spyros Skouras, président de la Fox ? je ne sais…) (mais on va cependant poser une photographie de lui – un peu déboutonné…- accompagné de Marylin Monroe en spéciale dédicace à Anne Savelli qui travaille sur le sujet

spyros-et-norma-jean

de la seconde blonde, je ne connais point le patronyme…).

Vient la seule femme à paraître Ayn Rand (1905-1982) auteur d’un best seller, ex-soviétique, qui apporte à cette barre des injonctions :

ayn-rand1905-1982

ne pas dénigrer les industriels, ni la libre entreprise et l’individu indépendant, ni la richesse, ni le profit, ni le succès… C’était au siècle dernier, il n’y a pas soixante dix ans (soit l’âge du nouveau président us soutenu par le klan, lequel correspond tant à ces injonctions…). Viendront ensuite des célébrités, ici Gary Cooper (1901-1961)

Portrait of American actor Gary Cooper (1901 - 1961), dressed in a cowboy hat and a short-sleeved shirt, 1950s. (Photo by Hulton Archive/Getty Images)

puis voici Robert Taylor qui danse -l’autre type viendra plus tard à la barre, Ronald Reagan –

rob-taylor-et-rr

(c’est aussi qu’on aime s’amuser) (le regard de la cavalière de Reagan est à mettre au compte de l’amour qu’il inspirait alors), il y aura aussi Leo MacCarey (1898-1969, réalisateur producteur de nombreux films de Laurel et Hardy)

leo-mccarey-11898-1969

puis Robert Montgommery (1904-1981)

montgomeryrobert-1904-1981beau mec non ?(enfin les photos aident, et les comédiens savent se tenir) des idées frelatées trois ans après la fin de la guerre, des bombes atomiques, inspirées par les pires idées qui puisent être, en droite ligne des coups les plus tordus (ici par exemple -la photo doit dater du début des années soixante dix, Richard Nixon et John Edgar Hoover (1895-1972)

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le type à la tête du FBI -federal bureau of investigations – durant 48 ans quand même…) : marigot ou simplement rouages de l’Etat, coulisse du pouvoir ? (on a vu, il y a très peu, ce que ce bureau fédéral de renseignements avait en tête vis à vis d’Hillary Clinton, par exemple : mais nous avons, nous autres, à nous méfier aussi du « tous pourris » qu’emploient si aisément ceux qui lorgnent ces mêmes pouvoirs…). Outre ces deux promis à (comme on aime à dire) la « magistrature suprême » du pays US, à la barre viendra

georges-murphy-1902-1992

un certain Georges Murphy (acteur, 1902-1992) puis encore celui-ci (qu’on vit dans « Les Sentiers de la Gloire » par exemple (Stanley Kubrick, 1957)

adolphe-menjou1890-1963cet Adolphe Menjou (1890-1963). Enfin, vint à la barre Walt Disney (producteur, 1901-1966) qui nous a donné un autre donald (cette photo date de 1954) (entre ce deuxième canard, le type d’Ankara qui emprisonne à tour de bras, et celui du kremlin qui se débarrasse des journalistes gênant -voir Anna Politovskaïa – on a un trio contemporain qui me fait furieusement penser à celui qui s’exerçait dans les années 30 en Europe, bénito, adolphe et antonio – l’histoire ne répète pas, mais bégaye-t-elle ?)

walt_disney-1954

Ici donc, cette galerie de types tous plutôt souriants, qui témoignent devant cette cour des activités anti-américaines qui, bientôt, va en condamner d’autres à la prison (les « Dix d’Hollywood » qu’on verra dans le billet suivant) pour des idées qui ne leur plaisent tout simplement pas (en spéciale dédicace à Asli Erdogan, emprisonnée en Turquie, contre laquelle est requise la prison à vie…) (et à Olivier Bertrand, en ce samedi 12 novembre, journaliste en garde à vue dans le sud de la Turquie – il a été libéré dimanche 13 novembre).

 

Suite et fin de la série : #4