toi qui entres ici (comme dans un moulin) une image par minute et plus pour tenter d’épuiser ce carrefour – pour ne pas oublier, jamais – vive la vie vive l’espoir
installation – commande (un kir à 5e50 quand même) (on ne plaisante guère au Carillon) un carrefour de mémoire terrifiante – c’était le but recherché, ça n’a pas marché : on est là – pourquoi là, parce que – complétée d’une autre raison – on recommence : hommage à G org s P r c – en quelque soixante dix et plus images – Paris, plutôt debout – il est midi
les bâtiments sont ceux de l’hôpital (à genoux) bâches jaunes en accord avec la marquise du petit Cambodge -(les nuées sont des gouttes d’eau de la vitre du bar) – passe le camion du service d’aide médicale d’urgence – midi 2 (intérieur jour)
midi 3, sous l’œil (ébloui) des caméras
cette dame qui s’arrête, stationne un moment
puis passe
s’en va – midi 6 les livreurs en mobylette
ou en vélo électrique (comme si ça ne polluait pas) – midi 8
on passe-on marche – on va manger – la plaque blanche aux victimes des attentats odieux (lâches, minables, abjects) du 13 novembre 2015 – droit cadre, l’un des héros du jour – midi 10
midi onze
puis douze
treize encore
puis 14 (il est parti)
on pourra vérifier l’omniprésence des ninos – des gens – des passants – 18
puis 19 – panoramique à 90 degrés : sur la petite place (sans doute intitulée) un banc, et sur le banc, téléphonant
midi 20, partie et remplacée mais sur l’autre assise
midi 21 attente puis où est-ce déjà ?
plutôt par là (22)
(il s’en va livrer) voyons voir – un bus (23) 75 (et non 29 comme le Roubaud) comme un ange passe
va vers son destin (ainsi que les humains) – calme apparent (26)
(28) (une demi-heure déjà?) on s’en va
pour la livraison
on pense à ce film, Lunchbox (Ritesh Batra, 2013) – vigilant peut-être mais sans le point pour ne pas divulguer (30)
un certaine idée de la défense – midi trente c’est l’heure de manger
on va attendre un moment – la pointe – (32) – j’crois bien que c’est par là
possible,probable, sans doute – allons (33)
un extrait (notes procès moquette) du cahier où sont prises les notes – à un moment, elles seront retranscrites mais pas tout de suite – des images d’abord : nature morte aux trois plaques (34)
juste un petit moment
d’autres gens (35)
intérieur jour, chat noir du Carillon – (36) en attente des plats préparés
et passage d’un être au nino (barbe & baskets – tatouages & vélocipède) – (37)
attends à quoi tu penses? – (38.2)
le bruit les sirènes l’urgence – (39) « I’m back »
(39.2) pano : en attente
(39.3) et puis avec ça ?
ça avance – respirez soufflez – (40)
(les types fument sur le trottoir, attendent que le temps s’en aille) – (40.2)
passe par ici, reviens par là – (41)
savoir recevoir – la rue Bichat (c’était un chirurgien, je crois bien) a changé de sens de circulation – j’ai oublié de le préciser – c’est de mémoire – j’oublie (42)
c’est fait – quoi d’autre ? (42.2)
à nouveau – encore ( 42.3) respirez – soufflez –
allô ? non mais allô quoi ? t’es où ?
hein ? le 75 à nouveau
puis encore, on se demande
attendre repartir revenir – (45)
je viens
je suis par là, oui
(46) le 75 encore
plus le chien, le selfie, le caddy, la capuche le bonnet le soleil
livraison boite aux lettres pantalon rouge et chaussures blanches – (46-7-8)
kestum’veux toi ? je m’en vais clopant – le soleil aussi
attacher son vélo – capuche boite aux lettres tête de potelet – (voilà qu’il est moins dix)
certes –
on commence à avoir faim – (51)
ça va venir ou c’est déjà fini – (51.2)
qu’est-ce qu’on serait sans nino ? attends un peu
(ce sont les très gros plans qui me plaisent – image arrêtée déjà fugace et passée)
plus de soleil – clopo – où tu vas ? (52)
bon on s’y retrouve ? Oui, j’y vais
des sourires jusqu’à la nausée – laisse
manger avec des baguettes, repérer le paparazzo, continuer à penser
réunis là le temps d’une image – avancer droit devant soi, la vie – passe passe (53)
le temps de se retourner et puis (55)
où est-ce déjà ? – je ne sais plus (57) intérieur jour
on en reparle dans deux ans (59)
ce bougé…
Puisque passe le temps, passeront les années – j’aurais du me dire « tiens j’en prends 53 » je n’en garde que, je laisse les autres – les gens , disponibles,qui vont et vaquent – bon appétit)