Il feuilletait le descriptif exhaustif des fonctionnalités de la maison, les options possibles, les devis variables pour la cuisine, la salle de bain. Il lisait aussi les procès-verbaux des conseils municipaux des communes où il pensait faire construire. Cela nourrissait des débats quotidiens dans toute la famille, de la même manière qu’au moment des élections, il prenait soin de lire chaque tract en détail, d’en souligner les points forts, et d’ouvrir en lui une conversation entre tous les partis, une conversation neutre et objective : il n’était pas question qu’une échéance électorale soit prise à la légère, ou avec mépris, et que son vote soit entaché d’une émotion personnelle. Toute la maisonnée en parlaient naturellement ensemble ce jour-là. Il appelait même ses parents pour avoir leur avis sur telle réforme ou engagement. Une fois décidé, et cela ne prenait que la journée, car l’indécision était pour lui le lit de tous les extrêmes, il ne gardait que le bulletin et le tract du candidat ou de la liste choisie. Il apparaissait sûr de lui au bureau de vote, où il chassait un dernier doute dans l’isoloir, et les tracts éliminés terminaient dans la poubelle jaune, et son bulletin dans l’urne. Pour la maison, c’était la même rigueur, la même difficulté à peser le pour et le contre, et sans doute la décision était-elle encore plus difficile, à ce prix-là, avec l’emprunt qui allait courir sur plusieurs quinquennats.