Quand tout sera fini (et cela ne saurait tarder) c’est dans le grenier qu’on me trouvera.
J’aurai tout jeté, les meubles, les tableaux, les miroirs, les appareils ménagers, les ornithorynques, les rideaux, les tapis, les livres, les objets servant à faire/écouter/enregistrer de la musique, les archives, les fringues, les lettres d’amour, les chaussures, les boites de conserve, les bibelots, les bimbeloteries, les bilboquets.
Je ne trouve pas absolument indispensable de graffiter les murs, de casser les vitres et de rendre les éviers et lavabos inutilisables, mais il se peut que je fasse tout ça tout de même.
Puis je monterai au grenier en me demandant s’il aura la même odeur de carton chaud qu’autrefois, mais c’est impossible car on sera en décembre toute l’année.
Je monterai au grenier et je regarderai par la lucarne, mon regard se déploiera à des dizaines de kilomètres au-delà des maisons, des champs et des forêts, il atteindra jusqu’au rivage déserté, il touchera le sable du pied.
Ensuite ce ne sera pas difficile, un bout de corde suffira et c’est pas pour rien qu’on m’a appris à faire des nœuds marins.