Actuellement, je vais vous dire, je suis dans le couloir. J’avais décidé d’aller habiter la maison et je me suis demandé ce qu’il fallait faire pour cela. Emballer et emporter mes affaires, d’accord. Ça n’a pas pris longtemps, trois chemises, trois livres, trois outils (marteau, tenaille, tournevis). Tout cela tenait facilement dans un sac de voyage équipé de roulettes, j’avais même la place de mettre mon sandwich pour la route. Le sac m’a accompagné (en fait c’est lui qui m’a montré le chemin) jusqu’à la raie du bus. Le bus est venu et nous a emmenés, le sac et moi, l’un tirant l’autre. Arrivés au terminus, nous sommes descendus. J’ai eu un peu de mal à trouver la maison-témoin parmi 48 maisons toutes semblables et dont 47 ne voulaient pas témoigner, sans l’afficher ouvertement. J’ai fini par comprendre que la maison-témoin était celle dont les volets restaient ouverts la nuit. Pour cela j’ai dû attendre la nuit, heureusement en janvier elle vient de bonne heure et elle reste longtemps avec nous. J’avais les clefs, je suis incapable de vous dire qui me les avait données, ni où je les avais rangées depuis, pour pouvoir les sortir au bon moment – et même les agiter négligemment avant d’ouvrir, pour signifier aux voisins qui m’épiaient que j’étais un occupant légitime, autorisé, et pour tout dire bienvenu. J’ai ouvert la porte, trouvé l’interrupteur comme si j’avais toujours vécu là, constaté que l’électricité marchait (quelqu’un y avait veillé, peut-être la personne qui m’avait remis les clefs ?) Là-dessus je me suis avisé que je devais choisir dans quelle pièce entrer d’abord, et comme ce choix me remplissait d’anxiété, j’ai décidé pour le moment de rester dans le couloir.