plaque photographique

 

j’ai vieilli, j’achète toujours de vieilles photographies dans les brocantes, mais je ne les vois plus comme avant, plus comme le temps figé d’un moment disparu, une seconde d’il y a longtemps à prendre avec soi en ressentant une sorte de nostalgie, de l’inconnu, de ce qui est défait, ce sentiment qu’on a en ramassant un coquillage ou un fossile avec l’idée que d’autres mains les ont touchés, on les garde un peu dans sa poche parce que c’est du concret, concrètement la tendresse spécifique pour ce qui n’est plus, ou ce qui n’a plus de propriétaire, les enfants des enfants éparpillés, ou loin, ou morts, ayant dû se débarrasser de cartons de souvenirs stockés dans un grenier qu’il faut vider, dans une grange mise en vente, et la photo encadrée d’une première communiante dont personne ne connaît le prénom ou l’avenir part dériver, moi je vieillis, alors je ne vois plus la photo instantanée telle qu’elle est, je vois un condensé, une carte de migration italienne ou espagnole ou d’autre part, et avant ça, je vois d’abord le ‘avant ça’ – il y a un texte de Toni Morrison je crois qui raconte une mère préparant un repas pour son enfant devenu adulte, et qui imagine voir arriver ce même enfant à tous les âges de sa vie, poupon, bébé, quatre ans, huit ans, dix ans, adolescent, des dizaines de versions de cet enfant à la porte de chez elle, entrant et l’embrassant, et elle imagine lui servir son plat préféré, le plat préféré de chacun des âges de sa vie, elle sort des dizaines d’assiettes qu’elle sert sur la grande tablée où sont installés tous ses enfants contenus dans un seul corps – c’est ce que je vois maintenant sur les vieilles photographies, des dizaines et des dizaines de femmes augmentées des dizaines et dizaines de leurs mères et pères, couseuses, tisseuses, à découper, forger, lisser, pétrir, ajoutées aux dizaines de milliers d’espérances, de croyances, de désirs et de déflagrations maintenant serties dans une plaque de verre de deux millimètres d’épaisseur avec les cartes du monde, les cartes de la faim et de la soif, les cartes des secousses et des barbelés, les cartes des mots gentils, des jets de pierre et des arbres enlacés – on a nommé Sagittarius A* le trou noir au centre de notre galaxie, il avale toutes les sources de lumière, il doit condenser toutes les plaques photographiques aussi

l’avenir est pour bientôt

 

 

 

 

dans ces moments-là, on est pris par quelque chose qu’on ne connaît que mal, déjà croisé déjà ressenti mais déjà disparu tout autant et c’est tant mieux, semble-t-il, tant mieux que ça ne réponde plus, tant mieux qu’on oublie, tant mieux que le calme revienne – il est plus doux que ces ruades, cris, terreurs aussi parfois des drames, non, oublier oui – revenir au film qui n’est rien (on n’en dévoilera que peu, presque rien)  (on est sortis de la salle et que reste-t-il, une image ou deux, un  what the fuck un rire, un sourire qui plisse vaguement les yeux – ici on travaillera à Rome – c’est une ville qu’on aime encore assez) comme on y a travaillé ailleurs (on aurait aussi bien pu en faire un passage numéro deux – cependant cette maison[s] ne cessera pas de tenter de comprendre et aimer et faire partager et continuer à rechercher et encore) ici encore, mais l’affaire est plus centrée sur un cinéaste (Nanni soi-même, je ne sais s’il agit pour son propre rôle) (il se prénomme Guiseppe au générique) et sa compagne /épouse peut-être productrice (Marguerita Buy alias Paola) . Alors commençons par le générique

des acteurs et des actrices

(ce n’est pas très clair, mes excuses)

ça me fait penser à cet humoriste

(j’ai oublié son nom, mais c’était un pseudo) qui poussant la porte d’un opticien

lançait un »salut les bigleux !! » retentissant

Jean-Yves La fesse voilà oui – comédie burlesque – c’est le genre d’ici, en moins burlesque parfois –  je repose les noms du générique en fin – ce cinéaste a toujours eut ses films produits par son épouse – sauf celui-ci – mais elle va avec lui chercher des appuis financiers (des sous en clair) par exemple l’appui des plateformes de nos jours,comme on fait maintenant (type Net-truc) :  et ils se heurtent à une espèce de nouvelle esthétiqueévidemment c’est un peu difficile à accepter et on condescend à tenter d’expliquer 

ça reste difficile – ils s’en vont sidérés

ils feront autrement –

avec des chansons par exemple

et de la dansec’est vrai il y a bien d’autres choses (un autre film, un autre contemporain,une autre disposition), les enfants aussi bien, notamment leur fille qui se marrie

avec un homme plus âgé – cette conjonction entre son film

son état de père

ses relations avec son épouse

ses rêves

et pour finir

évidemment l’amour…

 

Vers un avenir radieux un film (radieux) de Nanni Moretti

 

 

 

sons de maison

Hier quelqu’une est sortie que je ne connaissais pas — je connais maintenant tous ceux et celles qui sortent entre deux clinquements de casseroles, la fenêtre du restaurant donne sur ma cour, et je suis souvent dans ma cour, je fais les cent pas, je réfléchis, je fume ma cigarette électronique parfumée à la pastèque, je suis abasourdie par la fleur du bégonia géant, toute blanche, que je n’ai pas vue se former, je suis curieuse des appendices en formation de mon pied de houblon qui est un pied femelle (« c’est une fille ! »), — Son nom Humulus lupulus vient du latin « humus » qui signifie « terre » et « lupulus » qui veut dire « petit loup » — ce sont de futurs cônes qui sont particulièrement beaux, qui seront bientôt  particulièrement beaux

mais n’en sont à présent qu’à l’étape de commencement, je suis aussi curieuse de la silène à fleurs doubles et des grappes qu’offre l’arbre aux faisans, mais peu importe, ce serait trop long de décrire un par un tout ce que j’ai mis en pots ici, l’idée est que je connais toutes celles et ceux qui sortent dans la cour qui longe ma cour, la dame à l’accent ukrainien qui me salue toujours avec intensité, le jeune homme assis sur une palette pour fumer, la jeune fille à lunettes très discrète, mais hier cette femme que je ne connaissais pas. Elle est sortie. Elle voulait prendre la lumière, ça se voyait. Elle s’est avancée au milieu de la cour qui fait aussi office de parking, avancée à un endroit où personne parmi celles et ceux que je connais ne s’avance. Elle a regardé les toits, le ciel. Elle avait l’air surpris de cette bataille dans le ciel, les mouettes qui par moment deviennent acariâtres, et bavardes et inarrêtables. C’était comme une découverte pour elle. Elle ressemblait à une femme qui n’aurait jamais vu de mouettes. J’ai eu envie d’être cette femme qui n’aurait jamais vu de mouettes et qui découvre.  Ensuite on a entendu des pleurs d’enfants. Cette année les touristes sont très nombreux. Il y a beaucoup de familles. Il y a beaucoup d’enfants. Il y a beaucoup d’enfants qui pleurent. Pas tout le temps, mais régulièrement, ça arrive, les pleurs. Comme une idée qui se rappelle à soi. Quelque chose qu’on aurait oublié. Et j’aime cette femme, parce qu’elle ne découvre pas les pleurs d’enfants, elle les connait. Elle quitte le clinquement des casseroles et les ordres donnés qui s’étendent plus loin que la fenêtre, et elle essaye d’attraper les cris, de voir d’où viennent les cris, ça m’a toujours ému les gens qui essayent de voir. On se tord le cou. On n’est plus tout à fait soi. On désire être transformé par les ondes extérieures. Les enfants pleurent aussi à cause de ça, de l’obligation d’être là sans bouger, d’être obligé de subir l’instant sans bouger, coincés dans une poussette ou collés à une main. Les parents viennent ici parce que c’est un endroit célèbre. Les enfants n’aiment pas la célébrité. Ils trouvent ça légèrement barbant. Aussi, je suis d’accord avec eux. Et les mouettes crient sur la célébrité des lieux et elles les recouvrent de fientes blanches, laiteuses. Elles n’en ont rien à faire de nos sarcasmes et de notre façon de nous habiller, à nous, humains, surtout le dimanche matin quand les cloches sonnent. Ici, quand les cloches sonnent, il y a beaucoup de jupes plissées bleu marine, beaucoup de gens qui sentent le savon et lancent un regard assuré,  déterminé, sans rien qui marque la surprise. Je crois qu’il y a deux camps ici, et je suis du côté des mouettes et des pleurs d’enfants, à côté de mon latin qui dit petit loup, petit loup, comme un surnom gentil qu’on donne.

les Voiles écarlates

(le réalisateur tient la camera)

 

 

l’agent avait l’intention de décrire ce film par ailleurs tout à fait recommandable mais il s’aperçoit que dans le pack destiné (par la distribution) à la presse (et donc, par là, à la promotion sur les lieux de vente – plv dit-on dans  certains environnements écosystèmes univers, comme il vous plaira) de l’omniprésence  de la figure du (peut-être) premier rôle – voilà qui m’indispose – OSEFU2P* certes des états d’âme de l’agent mais tout de même, ça m’ennuie grââââve.

De là à m’abstenir de parler de ces Voiles écarlates, il y a un pas (d’autant plus grand que je n’en parle pas mais en glose).

Bah, le film est réussi mais son matériel merdique – ici quelques qualificatifs pour puristes

On est bien avancé – mais voilà de nombreux mois que je me pose la question de ces images produites pour « faire parler » (craché-je dans une soupe indigeste ?certes) (au début des années quatre-vingts du siècle dernier, j’avais eu l’ambition de décrire ces films-annonce – j’ai jeté les habits de la thèse avec ou par ou grâce à la nécessité de gagner ma vie) – il s’agit de raconter les quelque vingt (peut-être) premières années de la vie d’une jeune fille – elle perd sa mère qui meurt d’un viol apprendra-t-on – son père revient de la guerre (il s’agit de la première mondiale) (est-ce son père ? c’est son père)

– trouve à s’employer (il dispose de mains d’or) comme menuisier, puis se fait jeter comme un malpropre, on ne l’aime pas au village mais il continue à vivre cependant – sa fille grandit et embellit – le film est une merveille – les images n’en rendent que peu compte (mais n’est-ce pas le jeu ?) (est-ce jeu ?) qu’importe ici la jeune fille(Juliette Jouan, charmante certes)

elle chante est heureuse (mais on ne voit pas son éducation,son avancement en âge comme le film le décrit si joliment) ici son père (Raphaël Thiéry, parfait)

on commandera au menuisier une figure de proue, qu’il réalisera en prenant pour modèle sa femme, morte – cette figure ornera un voilier

on l’aperçoit ici – magnifique – ces voiles-là sont écarlates, certes,mais d’autres viendront du ciel – on en voit d’autres ici (le petit jouet bord cadre à gauche,dans les mains de la jeune fille à douze ans peut-être)

car oui, il y a dans le rôle un peu de magicienne Yolande Moreau (magnifique) , dans le rôle de la mère adoptive disons, Noémie Lvovski (vivante et forte)

et puis la robe écarlate elle aussi

l’amour (dans le rôle de l’amoureux, Louis Garrel sérieux et attachant)

la brouille

le film est magnifiquement écrit, magnifiquement réalisé (le réalisateur est au cadre) et magnifiquement dirigé (on avait vu de lui La bocca del lupo avec une image brouillée et un scénario empli de turpitudes; Bella et perduta raté ais avec quelques images formidables; mais un Martin Eden qu’on avait manqué).
Et une musique formidable, elle aussi (Gabriel Yared, au meilleur).

Pour le reste…

 

L’envol  un film de Pietro Marcello (inspiré (librement dit-on) d’un conte d’Aleksandr Grin (ou Green, ou Grine) titré Les voiles écarlates) (titré Scarlett  (Écarlate) pour l’export)

 

 

  • OSEFU2P : on s’en fout un petit peu

 

 

 

y aller

 

 

 

Image pour se souvenir

 

le mois dernier, le « film du mois » d’une association (Périphérie, pour ne pas la nommer, c’est basé à Montreuil-sous-Bois, c’est plutôt bon esprit mais ça ne répond pas, ni au mail ni au téléphone (attitude déplorable mais tellement contemporaine – tellement cinématographique aussi) donnait à voir un « Au cinéma! » d’une certaine Johanna Vaude (ça ne répond pas non plus – mais c’est tellement artistique et contemporain, cette attitude) (certes, mais ladite Johanna Vaude a répondu – encore merci) était donné à voir et j’ai quand même fait des captures d’écran du générique (comak : sur les 10 minutes que dure le film, deux et demie si ma mémoire est bonne y sont consacrées). Il y a deux cent huit extraits (dont deux ou trois uniquement sonores – en vrai probablement 4) pour composer ce film. Il s’agit d’un film de montage qui explique (certaines de) nos raisons d’aimer le cinéma, vues à travers les yeux et les actes des personnages incarnés par ce médium (des gens comme Fritz Lang, Sam Fuller ou Claude Chabrol qui n’en parlent pas (du cinéma) (dans leurs films) n’y figurent pas donc – à moins que ce ne soit par choix de la réalisation – ou encore par possibilité de se procurer tel ou tel extrait – « se procurer » renvoie immédiatement au tiroir-caisse dont on parlera plus loin)

ici la dernière image de ce générique (au Coliseum, on joue (on donne, on peut voir) « Tequila Sunrise » – je ne sais à quel film réfère cette image : c’est assez difficile).

Là, la première (c’est classé par ordre alphabétique)

Il apparaît en surimpression sur des images (ici »Le Locataire » avec le Roman (qui réalise aussi) et l’Adjani)

J’ai donc décidé et résolu de rapporter ici, en cette maison qui aime le cinéma (celui-ci ne le lui rend pas – au vrai, OSEF pas mal car on sait qu’il n’y a qu’une chose qui intéresse ce médium, c’est le tiroir-caisse (accessoire en passe de disparaître) ou le box-office (c’est en anglais, c’est plus une affaire d’argent) (un peu comme la librairie, si tu veux bien voir) j’ai résolu donc de rapporter ici ce générique. Je poserai bien les 22 images qui le (re)constituent (la deuxième ici 

mais je trouve ça assez pénible quand même ça informe

ou informerait sur la teneur et la qualité des films choisis

Le cinéma adore se regarder le nombril (pulsion scopique dirait je ne sais qui- Sigmund ? Carl Gustav ? Jacques ? qui d’autre?)

presque autant que ses spectateurs (et trices soyons clairs) aiment s’y retrouver (et s’y réfléchir mirer reconnaître, j’en passe et des pires – dans celui où j’ai certaines de mes habitudes, un carton en début de séance,lumières encore allumées, qui suit les annonces et les films-annonces indique « Bonne Projection » ce qui est tout dire).

En vrai, je suis curieux et je me demande : combien de femmes réalisatrices dans ce bazar ? (on détermine évidemment le biais immédiatement par le sujet même du film – une femme cinéaste « parle »-t-elle du cinéma ? dans quelle mesure ? dans quelles conditions (me too quand tu nous tiens) etc…) –

quelle est la nationalité des films choisis (comparer avec la production mondiale sera(it) cruel) (mais un « nationalité » pour un film est-ce bien raisonnable ? celle de la maison de production sera(it) plus pertinente). Etc.

On aura d’autres critères, certainement, mais il serait bon de les identifier avant. C’est ce que je m’emploie à faire.

La suite sera donc au (dans un, plutôt) prochain numéro (comme on aime à dire). En attendant (j’ai passé tout de même mine de rien une dizaine d’images de ce générique…)

je pose cette image-là car je ne connais pas cette actrice (je ne parviens pas (mais ça n’a aucune importance, je sais bien) à l’identifier) : quelqu’un.e aurait une idée ? (des recherches ont déjà été menées, auprès du robot, auprès de l’asso (ou de la production…) On verra.

il s’agit d’Assumpta Serna, une actrice espagnole, qui joue dans le film Matador (1986) mis en scène par Pedro Almodovar (merci, donc, à Johanna Vaude)

Exposition

Parfois quelque fois de temps en temps je laisse mes doigts agir pendant que ma tête digère

dilapidation disruptive

Il y a une sorte d’hystérie en ce moment avec ce qui se passe, je dis ‘en ce moment’ mais ça commence à faire, je dis ‘ce qui se passe’ au sens large, ce n’est pas réservé à une sphère particulière spéciale spécifique etc., vu que ce qui se passe au sens large te dit des choses au sens large qui t’atteignent au réveil chez toi, comment sortir comment ne pas tomber malade, où aller et est-ce que c’est autorisé d’aller acheter les chaussettes pour le petit dernier, bref le mot que je cherche est quotidien, ça touche au quotidien

Je passe sur le fait que la parole n’est pas égale et que, de loin, à vue de nez, à ouïr d’oreille, on a l’impression que ce statut est partagé (rester chez soi en se posant des questions existentielles sur le sens de la vie tout en relisant Proust et en faisant soi-même son pain serait une pratique commune), ce statut serait significatif symbolique, à se demander quels petits corps magiques aux mains magiques et transparentes te donnent ton ticket de caisse

Ce qui se passe en ce moment a une couleur et surtout une rapidité et une texture papier de verre incontestable
La couleur je ne sais pas, si je demande autour de moi elle est plutôt très moche

La rapidité c’est que tout s’enchaîne s’escalade brinquebale breloque palpite en ribambelles de dominos jetés à travers la pièce, si je prends deux minutes pour regarder ça me fascine

Parfois c’est une tragédie grecque ou du Labiche ou un chapitre du Prince de  Machiavel, il y a du mensonge des postures et des sous-entendus des tractations internes des négations intempestives des réactions épidermiques enfantines – de gens qui sont plus vieux que moi parfois, comme quoi

Il y a beaucoup de violence beaucoup beaucoup de violence les rézos les rézosocios c’est sûr mais est-ce que c’est certain, je veux dire est-ce qu’ils ne sont pas le symptôme de la maladie ou comme on dit la pointe de l’iceberg (iceberg, banquise fondue, à ce propos dans ma ville les branches de sapins coupés couvertes d’une mousse blanche chimique polystyrène décorent les rues, c’est une camionnette de la mairie frappée d’un logo écoresponsable qui les décharge)

Je crois qu’il y a beaucoup de violence parce qu’il y a une contradiction géante quelque part qui flotte là-haut

Par exemple donner la parole à de plus en plus de gens mais ce sont toujours les mêmes qu’on entend

Oui je ne dis pas « donner la parole à de plus en plus de gens et en même temps ce sont toujours les mêmes qu’on entend », je ne dis pas en même temps, je dis mais, ça me semble plus factuel

mais primitif

Par exemple ces idées qui parlent d’un mythe superbe la Fronce ce grand pays mais Calais ce qui se passe à Calais (quand ça se passe idem éclairé par la tour Eiffel, l’effroi soudain, la découverte parce que des phares s’allument)
et par exemple les femmes qui accouchent sur la route de la maternité parce qu’elle est loin, qui accouchent sur le bas-côté (c’est un exemple)
et par exemple des bureaux de poste fermés mais tu peux demander au facteur à la factrice de passer pendant sa tournée sonner chez ta grand-mère pour voir si  elle va bien si ça t’inquiète (service payant)

mais irréparable

Aussi le mais de la contradiction, cet homme jeune, bien mis, qui semble tout à fait civilisé, libéral au sens de liberté, mais c’est un vieux monsieur, très vieux, un contemporain de Victor Hugo si tu vois ce que je veux-napoléon-trois-dire

non mais

un vieux monsieur qui donne des ordres pour qu’on rajoute des dorures sur les murs du salon de son versailles mais il y a par exemple des étudiants qui meurent littéralement de faim qui font la queue à la croix rouge je dis pas en même temps tu vois je dis mais parce que ce qui flotte en très grand est un Mais gigantesque
les dorures mais les crève-la-faim

donnes-nous notre mais quotidien

Je crois que ce mais qui clignote et puis qui disparaît et puis réapparaît, arbitrairement, violent, c’est violent, c’est violent de voir la parole inversée et pour le coup la parole inversée touche à cœur à l’essentiel du centre, touche à Proust et aux mains des caissières tout pareil à la même altitude

(des lits d’hôpitaux fermés mais pour soigner, des usines qui fabriquent des raquettes de tennis mais on ne peut pas jouer au tennis, des restaurants qui ouvrent mais pas les universités)

combat entre mais et I prefer not to

L’hystérique du mais qui ne dit pas son nom doit se sentir très seul, il ne parle à personne, écoute des militaires et puis fait au jugé comme ça vient, coup par coup, avec une confiance en ses capacités à rebondir démesurée, il est capable d’affirmer que s’il rebondit à coté c’est un test pour voir si tout le monde suit

ce qui dans les mais indispose

Il fait au coup par coup comme ça vient en s’inventant des personnages j’aimerais bien être solennel se dit-il j’aimerais bien être princier se dit il j’aimerais bien être inventif disruptif se dit-il mais mais mais tous les mais qui ne sont pas des en même temps claquent comme cymbales, il faut dire que son emploi n’étant pas au départ destiné uniquement à l’art dramatique et les caméras étant partout, réellement partout, on peut filmer les cafouillages de l’acte deux scène un, un peu comme ces fans qui débusquent la rallonge électrique sous le corps du noble Boromir ou la montre à quartz au poignet d’un barbare dans Braveheart

extraction de mais avec aiguilles

Il a monté les échelons avec un « en même temps » mais c’est un mais qu’il faut entendre, et comme c’est psychologiquement maladif, c’est contagieux, ça fabrique ces éruptions volcaniques qu’on représente par du coca-cola qu’on a secoué, c’est contagieux parce qu’il organise autour de lui  ceux et celles qu’il embauche selon ce dogme

Par exemple, et de façon simpliste, Premier flic de Fronce mais faveurs sexuelles, ce mais qui ne peut pas être civilisé génère des retombées

Premier ministre de Fronce chantre de ce grand pays à l’histoire admirable grand H mais qui dit « peuh il faudrait s’excuser pour la colonisation et que sais-je encore ? » et hop d’un petit coup de talon gomme le passé

Un homme noir sous les coups répétés appelle à l’aide, il dit Appelez la police ! mais c’est la police qui frappe, ça en fait un grand MAIS, le symptôme ravageur d’une maladie de vieux monsieur

Il y a aussi maintenant j’y pense ces experts convoqués pour s’intéresser / conseiller / améliorer l’éducation (grand é) qui sont dans le civil vendeurs de flamands roses au mieux, au pire membre du GIGN, ce mais là est spectaculaire

Quand l’hystérique tout en haut joue avec ses névroses comme le saltimbanque lance ses quilles, et comme il lui prend l’envie de les enflammer parce qu’il aime les couleurs chatoyantes, ça brûle

Garant de la liberté de la presse mais le dit sur sur facebook, car ne sait pas se servir des symboles, sauf quand il s’agit de jouer l’empereur marchant devant une pyramide (du haut de laquelle des siècles nous contemplent voilà)

On devrait vivre en paix dans un monde civilisé puisqu’on a l’électricité, de quoi nourrir, de quoi loger tout le monde mais mais mais symboliquement a-t-on vu dernièrement un symbole de paix quelque part ?

C’est que les mots sont mélangés, paix égal sécurité égal contrôle égal consignes et châtiments, ça jongle des paillettes nocives

Après comme disent les sages il n’y a pas de hasard, peut-être que sa venue était logique, qu’il est arrivé à point nommé au moment où il le fallait, une longue montétrumpization, d’accord, mais très honnêtement, va falloir qu’il reparte

Je ne sais pas ce que diront les futurs et futures historiennes historiens de cette période que nous vivons dans deux cents ans, quand nous devrons nous endetter pour acheter nos bouteilles d’oxygène portatives (je ne suis pas pessimiste, juste un chouilla, c’est juste que parfois quelquefois de temps en temps mes doigts s’activent et ma tête digère)

le mais statique et la technique du mini-fight

allez allez

en fait l’idée c’est de faire ce que l’on fait
avec plus ou moins de bonheur
plus ou moins de chance
plus ou moins de sérénité et de ténacité
plus ou moins de questionnements
sans oublier que nous ne sommes pas des îlots ou des gardiens de phare, faire c’est aussi regarder ce que font les autres avec plus ou moins de hardiesse, plus ou moins de vilenie, plus ou moins d’âpreté, plus ou moins de courage et/ou de cohérence
le faire des autres vient heurter s’engouffrer s’insinuer saupoudrer pénétrer notre faire à nous
et c’est ce qu’on garde de ces poudres de ces poteaux ou ces tenailles qui compte
par exemple j’ai lu cet homme qui dénonce ceux qui sont fiers de leur hideur
j’ai vu ces sit-in
ces armes maniées à la cow-boys
ces pelleteuses que des bras sans force repoussent, bras accablés
ces têtes hautes qui refusent de s’asseoir au fond du bus, qui refusent que les noyés se noient
faire, ce n’est pas difficile
faire, c’est impossible
c’est entre ces deux plateaux de la balance que son propre visage se sculpte en trois dimensions
et dans ce faire il y a aussi l’insu
ce qui survient et n’était pas prévu
parler de cinéma, ce n’est pas parler de cinéma, c’est parler des gens de comment ils vivent de comment ils sont vus de comment ils se voient de ce qui est proposé dans le faire
on peut se placer en vigie
on regarde ou on tourne les yeux
on fait comme ça nous chante
et parce qu’on fait ce qui nous chante ça sonnera toujours assez juste
(l’idée)
parce que les idées, ce ne sont pas des concepts, ce sont des corps
les rêves de piscines vides n’existent pas
ou bien c’est que les boutiquiers ont gagné ?
les boutiquiers à cols blancs dont les suv possèdent un pare-chocs anti rhinocéros en centre-ville ?
non les rêves de piscines vides n’existent pas
hop
inutiles
et déjà envolés
allez allez, ne traîne pas dit la voix, tout va bien

Il étouffe, dit quelqu’un.

Elle était très habile, elle a donné son portrait au lieu de le vendre.
Plus que satisfaite.
Tout ce qu’elle suppose est que Rose est une rose.
Que suppose l’acheteur de la maison[s]témoin ?
Veut-il vendre son témoignage ?
Une artiste canadienne confronte les objets : statuette de lapin blanc et bouteille de rhum vide.
Elle accroche des couvertures qu’elle a récupérées et réparées.
Que confronte l’acheteur de la maison[s]témoin ?
Que veut-il récupérer et réparer ?
On a tous besoin d’accumuler, dit quelqu’un.
On a tous besoin que quelqu’un fasse appel à notre intelligence sensible, dit quelqu’un (les plus belles chansons, les plus grands artistes, des archives jamais revues, alors que tous nous avons besoin de danser, danser, danser).
On a tous besoin de retrouvailles, de choisir, de vouloir, de nostalgie.
On a tous une bonne raison, dit quelqu’un, de rester jeune.
L’acheteur de la maison[s]témoin cherche la tranquillité.
Entre voie rapide et buissons, il se gare, il éteint la radio de son SUV compact urbain.
Il va accumuler de l’excellence : des meubles neufs agencés au goût du plus grand nombre, et la possibilité de ne pas être remarquable, au point de devenir remplaçable.
C’est ce qu’il désire : se muer en personnalité fulgurante, interchangeable, proliférante, être tout et tout le monde à la fois, anonymement.
Au premier abord, on se dit qu’il s’agit là d’un extrait d’humanité sans contours.
Qu’il s’agit de créer une œuvre artificielle, dépersonnalisée, détachée, impassible.
Bienvenue dans un monde enchanté, dit-il.
Ce qui n’a pas de prix est rare, fait événement, et pourrait bien apporter la pureté et le bonheur, sans trop d’impact émotionnel.
Si j’ajoute du jaune, de l’orange et du magenta, les gens seront fascinés.
C’est ma façon de montrer, dit-il.
La piscine[s]témoin ouvre.
À l’intérieur, tous les nageurs nous fixent sans expression.
Le cimetière[s]témoin est finalisé.
Quand ses grilles s’écartent, elles produisent un grincement accordé aux teintes des tombe[s]témoins, un gris moussu très élégant.
L’acheteur de la maison[s]témoin fréquente la piscine[s]témoin et se promène dans le cimetière[s]témoin, ce qui aide à sa digestion.
Le soir, sur son canapé[s]témoin, il ouvre la bouche en étirant sa mâchoire de façon phénoménale.
Il la garde ouverte.
Elle se transforme en haut-parleur.
Elle crie.
Rose est une rose.
Le supermarché s’étend sur cinq hectares.
S’il y a quelque chose de brillant et d’original, c’est bien le système nerveux.
Au bout de quelques secondes, tout est comme avant.
Dans des statuts facebook, on confronte les définitions de ce qu’est une œuvre d’art.
Le correcteur orthographique de quelqu’un a corrigé le mot œuvre en pieuvre.
Cette certitude est d’une densité admirable, oscillant entre réflexion et confusion, dit quelqu’un d’autre.
L’acheteur de la maison[s]témoin rend compte de tout, au coup par coup, de façon formelle et informelle, dit-il.
Puis il commente : c’est un vieil épisode qu’on a déjà vu.
La maison[s]témoin est le témoin d’effondrements d’autres maisons.
Celles-ci ne peuvent plus témoigner.
Quelqu’un avait perçu des subventions pour réparer des fondations, mais ensuite il a pris l’avion et a pensé à autre chose.
Le kérosène et les arbres se combattent dans les airs
L’affrontement est non équitable.
Le pouls est trop rapide.
On va le perdre.
Il étouffe, dit quelqu’un.
Les troncs sont découpés, broyés, petit bois et copeaux pour cheminées.
L’acheteur de la maison[s]témoin n’a pas peur des fissures.
L’acheteur de la maison[s]témoin ne craint aucune moisissure.
« Tout a un prix » est l’expression qui reste, après lavage.

Sur le toit près de la cheminée

cheminée 7.5.16

(cliquer pour agrandir.)

Je ne suis pas ramoneur ni père Noël, je suis donc monté sur le toit près de la cheminée. Il y avait cette antenne râteau qui ne fait décidément pas moderne (on préfère les soucoupes non volantes dirigées toutes dans le même sens).

Les pigeons les adorent, j’admire toujours leur art de l’équilibre : c’est comme pour un programme télé, un doigt d’amusement, un doigt de politique, un doigt de jeux, un doigt pour les malentendants.

Le vent soufflait fort et les tuiles étaient un peu glissantes. J’entendais le bruit d’une sorte de courant continu qui sortait des barres parallèles en métal. Je me suis demandé si ce genre de dispositif servait aussi de paratonnerre (est-ce que cela existe encore ?), en cas d’éclairs toujours difficiles à saisir en photo.

Après tout, depuis cette altitude, on aperçoit toute la campagne environnante : quelques bovins paissent au loin (in pace), les champs sont clos, à chacun son pré carré et les vaches seront bien gardées !

Il n’y a pas de loups dans les environs car je n’ai pas vu de brebis : c’est sûrement plus haut que quelques rares bergers (une espèce en voie de disparition) veillent sur leurs troupeaux, avec leurs chiens affectueux, et le fusil de chasse en bandoulière.

Le vert des prairies contraste avec le bleu gris du ciel : c’est là que se bousculent les moutons.

J’avais emporté ma scie égoïne, j’ai sectionné la base de l’antenne. Ici, personne ne regarde plus la télé, car l’idéal serait d’en créer une soi-même (une « télé libre » comme lorsque Mitterrand en 1981 ouvrit la porte aux « radios libres »). Plus besoin de passer par Bolloré et autres magnats de la presse.

Je sais qu’on est surveillés, et que notre maison est dans le collimateur de la gendarmerie. Des « témoins » passent de temps en temps pour essayer de voir ce que l’on concocte à l’intérieur. Ils doivent penser que cette habitation est une sorte de succursale de la bande à Julien Coupat.

Maintenant, je redescends par l’échelle en bois, j’ai jeté l’antenne en bas depuis le sommet du pignon. Je ramasse les morceaux, on ira les porter à la déchetterie (oui, on respecte l’environnement).

Cet après-midi, ça m’occupera, je vais me mettre un film en DVD dans le lecteur : A Hard Day’s Night (Richard Lester, 1964).

Je dois dire que c’est l’élection de Sadiq Khan, le nouveau maire de Londres, qui a déclenché cette idée. Des images du « swinging London », et enfin une nouvelle qui fait plaisir !

Tous les occupants de la maison-témoin sont partis faire une randonnée : là, je suis seul, tranquille, juste en compagnie des Beatles. Le temps devient de plus en plus sombre : est-ce que cela ne va pas tourner à l’orage ?

texte et photo : Dominique Hasselmann

Mère fils

 

(quel froid) (on ne sait jamais : les choses avancent comme elles vont, ici c’est du cinéma, ailleurs du quotidien, là d’autres choses encore, la réalité s’abolit et pourtant les gens sont là, ils vivent tout autant, respirent, leurs yeux bougent encore, regardent passer le temps, il fait froid à présent, sur le faubourg Saint-Antoine,  un peu plus loin sur la place, les crèmes des crèmes attendent, après avoir entendu et écouté Dieu sait bien quel air – Rameau, Schönberg, Berlioz…- (encore que, pour « la Damnation de Faust » de cet Hector, ce 8 décembre 15, places à 912 euros, cravate et robe de soirée, champagne à l’entr’acte puis dîner en présence des artistes, on se retrouvera entre amis, je pense : ça c’est Paris, oui) en file indienne elles et ils attendent dans leurs habits moirés les taxis soyeux qui, noires et clamant leurs lumières blanches au xénon, petit à petit, les emporteront vers leur 8 ou 16, triangle d’or ou ailleurs encore)

On a attendu un moment et elle est tombée… Une capsule, style Apollo ou Soyouz (la petite chienne Laïca je crois, ou Gagarine je ne sais plus, Youri), aussi bien aurait-elle pu le faire dans le petit jardinet un peu boueux mais allées droites et nettes, plantes malingres et lumières à diodes luminescentes de cette maison, mais non, le titre du film (pour le film-annonce) s’imprime de rouge (« matériau fermé ne comportant pas ou peu de vide » dit la chronique)

asphalte 8

un Etazunien (je me souviens de ce magnifique -magnifique- « Soldat de Papier » (Alexei Guerman Junior, 2008), l’URSS d’alors, soixante et un, une sorte de désespoir dans ce qui s’y déroule aujourd’hui comme hier) un jeune type (John Mc Kenzie, interprété par Michaël Pitt)(ce n’est pas qu’il prenne la place du fils, non, mais enfin dans l’imaginaire…)

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qui déboule chez madame Hamida (Tassidit Mandi, trop mignonne) laquelle visite son fils en prison – la première fois : scène magistrale -plan fixe, rien du tout mais tout le cinéma est là – où jamais on n’aperçoit l’employée pénitenciaire, seulement en voix off, une femme, mais reste à l’image cette mère

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(peut-être aux traits un peu outrés, mais une interprétation douce et vraie, quand même), cette femme qui vit au dixième étage d’un immeuble aux trois quarts déglingué. Un peu plus bas répète une actrice peut-être un peu alcoolique (on entend « quand ton coeur est faiblard » : bah, aujourd’hui près de 4 millions de clics)

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dans le rôle d’Agrippine (dont on sait qu’elle mourut sous la main de Néron son fils disons maudit, vois-tu, à cause de la dispute qui les opposèrent à propos du mariage de l’empereur avec Poppée…), Jeanne Meyer filmée par un jeune type qui se prend d’amitié pour elle

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(Jules, le fils du réalisateur, ou alors Charly ou n’importe-dont on sait par ailleurs, la mort brutale de la mère, dans la « vraie » vie), ils voient ensemble quelques plans (le film en entier mais en ellipse) de la dentellière rebaptisée « la femme sans bras » – moi je ne sais pas mais j’aurais bien vu qu’il ait été le fils  de l’infirmière –

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quoiqu’il en soit, sans doute celle-ci s’éprend-t-elle du type qui vit au premier, et qui fait semblant d’être photographe pour la séduire

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je t’assure que ça ne fait rien, les gens vivent et avancent dans le monde comme il vient, lui a sans doute perdu sa mère comme il a perdu l’usage de ses jambes à un moment, ça ne fait rien, l’hélicoptère (c’est le stéréotype de l’Amérique étazunienne depuis le Vietnam) viendra chercher l’astronaute, et le vent fera s’envoler ailleurs toutes ces bribes de papier

asphalte 9

tu la vois heureuse ? Oui ? Eh bien, écoute, elle l’est

Un film, paraît-il, difficile à produire à réaliser à sortir, mais le voilà. De là à le sélectionner pour Cannes, il y a peut-être, sans doute, un pas qu’il n’était pas nécessaire de franchir (je suppose et je revois Claude Beylie, son studio, les chiffres et les lettres, Cannes, oui, pourquoi pas, finalement ? c’était quoi, déjà, la palme cette année ?)