Exposition

Parfois quelque fois de temps en temps je laisse mes doigts agir pendant que ma tête digère

dilapidation disruptive

Il y a une sorte d’hystérie en ce moment avec ce qui se passe, je dis ‘en ce moment’ mais ça commence à faire, je dis ‘ce qui se passe’ au sens large, ce n’est pas réservé à une sphère particulière spéciale spécifique etc., vu que ce qui se passe au sens large te dit des choses au sens large qui t’atteignent au réveil chez toi, comment sortir comment ne pas tomber malade, où aller et est-ce que c’est autorisé d’aller acheter les chaussettes pour le petit dernier, bref le mot que je cherche est quotidien, ça touche au quotidien

Je passe sur le fait que la parole n’est pas égale et que, de loin, à vue de nez, à ouïr d’oreille, on a l’impression que ce statut est partagé (rester chez soi en se posant des questions existentielles sur le sens de la vie tout en relisant Proust et en faisant soi-même son pain serait une pratique commune), ce statut serait significatif symbolique, à se demander quels petits corps magiques aux mains magiques et transparentes te donnent ton ticket de caisse

Ce qui se passe en ce moment a une couleur et surtout une rapidité et une texture papier de verre incontestable
La couleur je ne sais pas, si je demande autour de moi elle est plutôt très moche

La rapidité c’est que tout s’enchaîne s’escalade brinquebale breloque palpite en ribambelles de dominos jetés à travers la pièce, si je prends deux minutes pour regarder ça me fascine

Parfois c’est une tragédie grecque ou du Labiche ou un chapitre du Prince de  Machiavel, il y a du mensonge des postures et des sous-entendus des tractations internes des négations intempestives des réactions épidermiques enfantines – de gens qui sont plus vieux que moi parfois, comme quoi

Il y a beaucoup de violence beaucoup beaucoup de violence les rézos les rézosocios c’est sûr mais est-ce que c’est certain, je veux dire est-ce qu’ils ne sont pas le symptôme de la maladie ou comme on dit la pointe de l’iceberg (iceberg, banquise fondue, à ce propos dans ma ville les branches de sapins coupés couvertes d’une mousse blanche chimique polystyrène décorent les rues, c’est une camionnette de la mairie frappée d’un logo écoresponsable qui les décharge)

Je crois qu’il y a beaucoup de violence parce qu’il y a une contradiction géante quelque part qui flotte là-haut

Par exemple donner la parole à de plus en plus de gens mais ce sont toujours les mêmes qu’on entend

Oui je ne dis pas « donner la parole à de plus en plus de gens et en même temps ce sont toujours les mêmes qu’on entend », je ne dis pas en même temps, je dis mais, ça me semble plus factuel

mais primitif

Par exemple ces idées qui parlent d’un mythe superbe la Fronce ce grand pays mais Calais ce qui se passe à Calais (quand ça se passe idem éclairé par la tour Eiffel, l’effroi soudain, la découverte parce que des phares s’allument)
et par exemple les femmes qui accouchent sur la route de la maternité parce qu’elle est loin, qui accouchent sur le bas-côté (c’est un exemple)
et par exemple des bureaux de poste fermés mais tu peux demander au facteur à la factrice de passer pendant sa tournée sonner chez ta grand-mère pour voir si  elle va bien si ça t’inquiète (service payant)

mais irréparable

Aussi le mais de la contradiction, cet homme jeune, bien mis, qui semble tout à fait civilisé, libéral au sens de liberté, mais c’est un vieux monsieur, très vieux, un contemporain de Victor Hugo si tu vois ce que je veux-napoléon-trois-dire

non mais

un vieux monsieur qui donne des ordres pour qu’on rajoute des dorures sur les murs du salon de son versailles mais il y a par exemple des étudiants qui meurent littéralement de faim qui font la queue à la croix rouge je dis pas en même temps tu vois je dis mais parce que ce qui flotte en très grand est un Mais gigantesque
les dorures mais les crève-la-faim

donnes-nous notre mais quotidien

Je crois que ce mais qui clignote et puis qui disparaît et puis réapparaît, arbitrairement, violent, c’est violent, c’est violent de voir la parole inversée et pour le coup la parole inversée touche à cœur à l’essentiel du centre, touche à Proust et aux mains des caissières tout pareil à la même altitude

(des lits d’hôpitaux fermés mais pour soigner, des usines qui fabriquent des raquettes de tennis mais on ne peut pas jouer au tennis, des restaurants qui ouvrent mais pas les universités)

combat entre mais et I prefer not to

L’hystérique du mais qui ne dit pas son nom doit se sentir très seul, il ne parle à personne, écoute des militaires et puis fait au jugé comme ça vient, coup par coup, avec une confiance en ses capacités à rebondir démesurée, il est capable d’affirmer que s’il rebondit à coté c’est un test pour voir si tout le monde suit

ce qui dans les mais indispose

Il fait au coup par coup comme ça vient en s’inventant des personnages j’aimerais bien être solennel se dit-il j’aimerais bien être princier se dit il j’aimerais bien être inventif disruptif se dit-il mais mais mais tous les mais qui ne sont pas des en même temps claquent comme cymbales, il faut dire que son emploi n’étant pas au départ destiné uniquement à l’art dramatique et les caméras étant partout, réellement partout, on peut filmer les cafouillages de l’acte deux scène un, un peu comme ces fans qui débusquent la rallonge électrique sous le corps du noble Boromir ou la montre à quartz au poignet d’un barbare dans Braveheart

extraction de mais avec aiguilles

Il a monté les échelons avec un « en même temps » mais c’est un mais qu’il faut entendre, et comme c’est psychologiquement maladif, c’est contagieux, ça fabrique ces éruptions volcaniques qu’on représente par du coca-cola qu’on a secoué, c’est contagieux parce qu’il organise autour de lui  ceux et celles qu’il embauche selon ce dogme

Par exemple, et de façon simpliste, Premier flic de Fronce mais faveurs sexuelles, ce mais qui ne peut pas être civilisé génère des retombées

Premier ministre de Fronce chantre de ce grand pays à l’histoire admirable grand H mais qui dit « peuh il faudrait s’excuser pour la colonisation et que sais-je encore ? » et hop d’un petit coup de talon gomme le passé

Un homme noir sous les coups répétés appelle à l’aide, il dit Appelez la police ! mais c’est la police qui frappe, ça en fait un grand MAIS, le symptôme ravageur d’une maladie de vieux monsieur

Il y a aussi maintenant j’y pense ces experts convoqués pour s’intéresser / conseiller / améliorer l’éducation (grand é) qui sont dans le civil vendeurs de flamands roses au mieux, au pire membre du GIGN, ce mais là est spectaculaire

Quand l’hystérique tout en haut joue avec ses névroses comme le saltimbanque lance ses quilles, et comme il lui prend l’envie de les enflammer parce qu’il aime les couleurs chatoyantes, ça brûle

Garant de la liberté de la presse mais le dit sur sur facebook, car ne sait pas se servir des symboles, sauf quand il s’agit de jouer l’empereur marchant devant une pyramide (du haut de laquelle des siècles nous contemplent voilà)

On devrait vivre en paix dans un monde civilisé puisqu’on a l’électricité, de quoi nourrir, de quoi loger tout le monde mais mais mais symboliquement a-t-on vu dernièrement un symbole de paix quelque part ?

C’est que les mots sont mélangés, paix égal sécurité égal contrôle égal consignes et châtiments, ça jongle des paillettes nocives

Après comme disent les sages il n’y a pas de hasard, peut-être que sa venue était logique, qu’il est arrivé à point nommé au moment où il le fallait, une longue montétrumpization, d’accord, mais très honnêtement, va falloir qu’il reparte

Je ne sais pas ce que diront les futurs et futures historiennes historiens de cette période que nous vivons dans deux cents ans, quand nous devrons nous endetter pour acheter nos bouteilles d’oxygène portatives (je ne suis pas pessimiste, juste un chouilla, c’est juste que parfois quelquefois de temps en temps mes doigts s’activent et ma tête digère)

le mais statique et la technique du mini-fight

Fonctionnalités

Je ne peux pas me laver dans le bureau mais je peux manger dans la chambre
Je ne peux pas travailler dans la salle de bains mais je peux dormir dans le salon
Je ne peux pas dormir dans la cuisine mais je peux travailler dans le salon

Je ne peux rien faire dans l’entrée ou alors vraiment très mal
Je ne peux rien faire dans l’entrée sinon entrer ou sortir
Je ne peux rien faire

sur la place

 

 

 

je reviens de vacances – le coeur se serre parce qu’il ne faudrait jamais revenir – on ne pourrait plus alors partir, certes – et comme tous ces voyages d’Italie, celui-là fut (encore une fois) particulièrement réussi (grâce à toi, à vous, aux teintes des maisons, aux douceurs des vents, à la gentillesse des passants, des voisins, des inconnus, grâce à la chance qu’on a eue de trouver ce lieu, mille huit cents kilomètres d’ici, sud-est) ( je regrette, je regrette tant) il y avait une place devant la maison (ici elle est en photo par quelqu’un, je ne sais pas exactement – c’est sur GSW

) il s’agit d’un village à dix kilomètres passent autoroute train, la mer Adriatique, cela se trouve dans les Abruzzes – la maison donne de plain pied sur la place – on entre dans un petit salon, la cuisine, qui donne sur l’arrière sur un jardin en pente dévers et une vallée (c’est la photo d’entrée de billet à la presque nuit), le lieu est magique – la place on s’en sert quand on veut, le soir pour y jouer aux cartes, le midi (vers deux ou trois, c’est l’ombre) pour y boire un café, lire – il ne faudrait jamais que ça finisse – et la place, cette place m’a retenu – tard, tôt, peu importe – des clichés que je pose ici, comme des témoins de cette maison – par ordre d’apparition à la mémoire du téléphone – rien de spécial

c’est à la nuit, le premier soir – ou le deuxième (vingt quatre août)

la petite voiture part vers minuit – le scooter je ne sais pas- ils sont là, ou pas, des gens passent, des gens vont viennent mais n’apparaissent pas – par ordre chronologique, vingt cinq août

cette maison qui porte un numéro 20 (elle porte aussi un 19, puis un 5 – qu’on ne distingue pas trop – plus dans certaines autres) – une photo, qu’est-ce que c’est ?

un quart de seconde de vie – on n’attend rien : vingt six août

dans la journée on s’en va, plage, rires ballons parasol – glaces ou pas – chapeaux et tongues (pas pour moi j’en ai horreur) – on rit des accents qu’on essaye de prendre, des mots qu’on ne comprend pas – on rentre, on fait des pâtes ou de la polenta, une salade des tomates et du fromage – de l’huile d’olive –

ce sont des choses éphémères, on voudrait les garder, on les double encore

qu’elles restent toujours en nous comme une âme pleine et sensible, qu’elle nous soit intestine, qu’elles restent et puis

passent les heures et passent les jours

les pompiers (on voit leur voiture au fond de l’image)

vinrent ce jour-là (vingt huit ou neuf ?) brûler un essaim de guêpes dans la cheminée d’une maison voisine – ici, on voit le 5,puis le 19, puis le 20 de cette maison – on ouvrit un jour cette porte de fer, mais la capture fut impossible – il faisait doux

à la sieste plus personne – très souvent un vent léger caresse les pensées, on s’assoit

deux belvédères donnaient sur la vallée proche où se travaillent oliviers et ceps de vigne – le monde laborieux, nous autres en vacances –

cette semaine-là, c’est un peu pour ne pas l’oublier – je ne l’oublierai pas – un peu pour m’en souvenir – parfois le temps met les choses à l’épreuve, on ne se souvient plus bien, qui était là, qui partit, qui revint – je ne sais plus – il ne me reste que deux images

voilà que ça se brouille – il faisait un temps splendide, on lisait, mots croisés cartes à jouer rires et réminiscences – les enfants, les autres qui crient, qui jouent, le monde entier sur une place

(tu vois ce petit carré en bas de l’image ? qu’est-ce ? un artefact ?) – on dirait que passe une ombre au fond, toutes les demi-heure sonnent, jusque dix et demie – la douceur du monde et la beauté des choses…

allez allez

en fait l’idée c’est de faire ce que l’on fait
avec plus ou moins de bonheur
plus ou moins de chance
plus ou moins de sérénité et de ténacité
plus ou moins de questionnements
sans oublier que nous ne sommes pas des îlots ou des gardiens de phare, faire c’est aussi regarder ce que font les autres avec plus ou moins de hardiesse, plus ou moins de vilenie, plus ou moins d’âpreté, plus ou moins de courage et/ou de cohérence
le faire des autres vient heurter s’engouffrer s’insinuer saupoudrer pénétrer notre faire à nous
et c’est ce qu’on garde de ces poudres de ces poteaux ou ces tenailles qui compte
par exemple j’ai lu cet homme qui dénonce ceux qui sont fiers de leur hideur
j’ai vu ces sit-in
ces armes maniées à la cow-boys
ces pelleteuses que des bras sans force repoussent, bras accablés
ces têtes hautes qui refusent de s’asseoir au fond du bus, qui refusent que les noyés se noient
faire, ce n’est pas difficile
faire, c’est impossible
c’est entre ces deux plateaux de la balance que son propre visage se sculpte en trois dimensions
et dans ce faire il y a aussi l’insu
ce qui survient et n’était pas prévu
parler de cinéma, ce n’est pas parler de cinéma, c’est parler des gens de comment ils vivent de comment ils sont vus de comment ils se voient de ce qui est proposé dans le faire
on peut se placer en vigie
on regarde ou on tourne les yeux
on fait comme ça nous chante
et parce qu’on fait ce qui nous chante ça sonnera toujours assez juste
(l’idée)
parce que les idées, ce ne sont pas des concepts, ce sont des corps
les rêves de piscines vides n’existent pas
ou bien c’est que les boutiquiers ont gagné ?
les boutiquiers à cols blancs dont les suv possèdent un pare-chocs anti rhinocéros en centre-ville ?
non les rêves de piscines vides n’existent pas
hop
inutiles
et déjà envolés
allez allez, ne traîne pas dit la voix, tout va bien

C’est ça l’amour

 

 

On avait aimé Party Girl où Catherine Burger travaillait avec une de ses acolytes femissiens (Marie Amachoukeli) et Samuel Theis (qui tenait un rôle à l’écran aussi). Ici aussi, nous serons à Forbach (ville du nord est de notre beau pays), et nous suivrons une histoire de famille (le cinéma français a ses thèmes ou ses genres : ici, l’un d’eux donc). A l’image, on trouvera Julien Poupard aussi : une espèce de groupe (l’union fait, aussi, la force). Dans l’image, on croisera la directrice de production (elle interprète la mère), la décoratrice (elle est la supérieure hiérarchique du père, lequel bosse en préfecture), la directrice de distribution (dans le rôle d’une camionneuse en short) (je n’aime pas le mot « casting »). L’amour des acteurs (une direction amoureuse, oui) et un scénario comme on aime : l’éveil la recherche la vraie vie un petit peu (je dis ça parce qu’il y a de l’autobiographie dans l’histoire : je me demandai de qui – la plus jeune, Frida ou l’aînée Niki – j’ai pensé Frida… (quelqu’un pour répondre dans la maison ?) il paraît que la maison est celle du père de la réalisatrice, lequel ressemble au sien comme je lui ressemble moi-même – une même histoire, un même amour des enfants, une joie de vivre et de partager)

L’histoire d’un père (Bouli Lanners, adorable)

et de ses deux filles (la blonde Frida (ici doublée), la brune Niki) (Justine Lacroix, vraie; Sarah Henochsberg, en acier – magique sûre et loyale)

dont l’épouse (la mère) (Cécile Rémy-Boutang, vibrante et lumineuse) est partie vivre sa vie (comme disait JLG)

Un éclairage de cette difficile passe

pour les filles

comme pour leurs parents, mais puisque c’est ça, l’amour (sans interrogation)

sans doute parviendront-ils (ensemble) à maîtriser l’incendie

Amours, tendresses, désirs, joie de vivre et confiance aussi – danser chanter et croire en notre humanité.

 

C’est ça l’amour, un film de Claire Burger

Les visages (Behnaz et Jafar)

 

 

 

Deux plans constituent le premier quart d’heure du film; l’un, cette jeune femme

qui veut devenir actrice – prétend-elle, ainsi que Pereira – qui se filme dans une grotte où elle va mettre en scène sa pendaison : la vie, sa vie ne peut plus durer si elle ne parvient pas à son désir (aller étudier à Téhéran la comédie) et elle demande à la star de l’aider à y parvenir en venant convaincre ses parents (quand j’écris star, je pense à Norma Jeane, et je me demande si, recevant ainsi un petit film d’une apprentie, mais bientôt concurrente quand même, elle aurait agi de la même manière – elle aurait demandé à Billy Wilder ou John Huston – non Billy, oui, Billy – de l’emmener aux frontières du Mexique pour retrouver cette jeune fille)

Le deuxième plan, sur la star (Behnaz Jafari, magnifique), qui regarde le petit film envoyé (l’esthétique de cette image – les trois quarts de l’image noire, une bande animée, contre plongée, jeune femme, bientôt le plafond de la grotte, la corde, la branche fichée dans un creux) dans la voiture, c’est le soir, c’est la nuit (alors j’apprends que Jafar Panahi, le réalisateur et acteur, est né à Mianeth, en Azerbaïdjan iranien – équidistance de Tabriz, 100 kilomètres peut-être au nord est, et Téhéran, cent kilomètres peut-être au sud-ouest), ils s’en sont allés tous les deux à la recherche de cette jeune fille.

« Le goût de la cerise » (Abbas Kiarostami, 1992) racontait aussi l’histoire d’un type qui veut se suicider (personne ne veut l’aider : c’est formellement interdit, le suicide, c’est vieux comme le monde…) : le suicide de la jeune fille (Marzyeh Rezaei) leur sera caché, il faudra enquêter. Arrivée au village

mais avant de passer le col, connaître le code

on le lui indique, on cherche à les aider parce qu’ils viennent de la ville : ils apportent certainement des faveurs du pouvoir central, ce sont des intellectuels (la pire des insultes : le qualificatif  « écervelée » pour dépeindre Marzyeh), des saltimbanques, des gens qui sont encore plus inférieurs que les inférieurs des inférieurs – ils ont du pouvoir, une voiture, une image : ils passent à la télévision… Non, la jeune fille n’est pas là. Au cimetière, cette merveille

allongée dans sa tombe (on rit un peu jaune quand même…) mais la jeune fille n’y est pas.

Il faut attendre, passer la nuit non loin de la maison d’une pestiférée (lépreuse peut-être, honnie en tout cas, laissée seule et abandonnée peut-être : elle était comédienne puis danseuse puis a vieilli et le shah étant foutu dehors, elle le fut tout autant…) Shahrzad (Kobra Saeedi) l’une des actrices les plus populaires du cinéma iranien d’avant la révolution (1978)

pour comprendre la condition de ceux qui tiennent à leur liberté.

Lui, le cinéaste, dort dans sa voiture : là-bas, dans la petite maison « minuscule » elles danseront. La plupart des comédiens sont dans leurs rôles (Jafar joue Jafar, Behnaz joue Behnaz, la vieille femme (donnons son nom : Fatemeh Ismaeilnejad) joue ce rôle-là, le (grâââve) frère de Marzyeh est joué par Mehdi Panahi… une affaire de famille, un groupe, qu’il faut soutenir. En parler, faire exister ce cinéma, iranien au plus haut, cette merveille : en maison(s)témoin oui.)

Un plan enfin, sans doute joli

de cette femme qui peint, de loin.

Et puis, pour la fin, (sous le lien le dossier de presse) il y aurait d’autres histoires à raconter (mais d’abord aller le voir) bien sûr, cette dernière, pour la fin : le voile blanc de la jeune fille qui va courir accompagner la star qui marche seule sur la route (cette reconnaissance et cet amour) et qui, la rejoignant, toute petite, bientôt elles disparaîtront derrière ce tournant (encore un plan séquence de peut-être six minutes – une merveille encore, mais le film en est plein – le cinéma comme on l’aime), et son voile a disparu, elle est, au loin, toute petite, avec son amie, marchant vers la suite de l’histoire.

 

 

Trois visages, un film (magnifique) de Jafar Panahi.

 

L’escalieteuse

L’escalieteuse arrive avec son encombrant catalogue d’escaliers. Il s’agit d’une sorte d’énorme livre pop-up, mais en quatre dimensions, qui parvient à faire tenir dans un micro-volume trans-univers les différents modèles miniatures qui apparaissent entre ses mains comme par magie dans nos trois pauvres dimensions, tandis qu’elle feuillette l’étrange objet. Nulle magie pourtant, simple maîtrise élémentaire de l’espace-temps que, dit-elle, le CERN refuse de prendre en compte malgré les démonstrations répétées qu’elle leur a proposé. Passons.

L’agent lui fait passer en revue les nouveautés. Il faut en effet changer l’escalier témoin. De l’avis des différents collègues, ce serait bien, il y a de mauvais retours dessus : trop sombre, trop clair, trop anguleux, trop mou, trop sec, pas assez accueillant, pas assez familial, pas assez discret ; il faut bien le reconnaître. Combien de ventes perdues à cause de ces approximatifs degrés ? Il faudra donc démonter l’escalier, le renvoyer, le recycler — en cheminées semble-t-il — et installer le nouveau. L’agent considère les fenêtres, la porte d’entrée, et sent que l’installation n’ira pas de soi. Il demande si le truc des quatre dimensions sera — non, impossible, dit-elle : trop gros, ça ne fonctionne que pour les livres.

Elle sélectionne certains modèles, d’après les contraintes de cette architecture témoin, la décoration précise comme au cinéma.

Un tournant-bas ou un tournant-haut, éventuellement, il y aura quelques adaptations à faire sur l’échappée. Nous avons des limons sculptés, modernes ou néo-classiques, du plus bel effet, on ne s’y attend pas, ça ne se faisait plus mais revient à la mode.

Il nous faut du clair, du fluide, du qui élève sans effort, vous voyez ?

Oui, tout à fait, donc pas de reliefs. Et du tilleul, pour le bois. Du bois aussi pour la main-courante  ?

Peut-être sculptée à ce niveau, quelque chose qui se fasse sentir sous la paume, vous voyez, qui laisse un souvenir agréable à la peau venue visiter.

D’accord, notre rampiste peut proposer des textures granuleuses, noueuses…

Oui, c’est ça, du nœud, pour la rampe seule, le reste lisse sous les pas.

Je le note. Et pour les balustres ? Tournées ? Droites ?

L’agent plisse les yeux, pour se représenter, dans ce décor moderne, une balustre tournée, ventrue.

Je peux vous montrer… Elle feuillette l’espace-temps local de son catalogue magique pour en tirer un escalier moderne aux balustres métalliques, cylindriques.

Non ! L’agent sursaute. Surtout pas. Pas de métal. Du clair, de l’air.

Ou plusieurs rampes si vous préférez. Les enfants adorent la petite rampe. Ainsi, pas de verticales, que des lignes ascendantes.

L’agent sourit, il est heureux de cette entente immédiate avec l’escalieteuse. Que des rampes, des envolées, voilà qui est idéal.

Elle manipule encore le catalogue et en tire le modèle parfait, que l’agent observe sous tous les angles. Il ose à peine toucher cette maquette qui semble vivante. Mais oui, dit-il, c’est ça.

Elle replie le catalogue dans un bruit de couacs sans écho et de sifflements étranges. Ils sortent au soleil jaune d’automne et dans sa voiture, elle imprime le devis. L’imprimante est intégrée adroitement dans la boîte à gants. L’agent signe et devient soudain impatient d’emprunter ce nouvel escalier, comme s’il allait accéder à un nouvel étage entièrement neuf, une étape inconnue ouverte sur le ciel et sa douceur.

A quoi on pense (où veux-tu en venir ?)

 

On vient ici le mercredi, une sorte d’habitude  – mais le rédacteur est un homme d’habitude, c’est une façon – celle qu’il a trouvée – de mettre un terme à une espèce de peur, d’angoisse, de crainte, de sursaut : il ne se passera pas un mercredi sans que – c’est une affaire entendue : je passe.

Par ici. Le mercredi, bien que je sois occupé ailleurs – j’ai des choses à faire, c’est à ne pas croire, notamment celles que je m’oblige à réaliser.

Il y avait une fois cette affaire de ma mère, ce n’est pas qu’elle soit reléguée, mais j’en fais quelque chose sans doute d’autre.

Je ne sais pas (ne pas) écrire, il le faut,j’ai vaguement l’impression que cette accoutumance se tait quand (disons) deux ou trois cents mots plus tard,je me rends tout à coup compte qu’il est deux heures, que je dois lire « La mort de Torcello » ou que je dois aller retrouver cet-te ami-e là quelque part, pour discuter de quoi au juste, je n’en sais rien, mais on a des trucs à faire, des choses à se dire et des histoires à tenter de raconter. Et donc on sort.

Tout en italique. Dehors, il fait un temps de saison : on aime à savoir que les choses sont ce qu’elles sont

tout comme les affaires, de même que le monde qui tourne donc (en) rond qu’aux Etats règne un fou dangereux ainsi que dans le royaume de la très sainte Russie.Ici un autocrate qui n’est pas encore sanguinaire – on va voir ce qui se passera lorsque, dans la rue, se développeront certaines actions.Pour le moment, il fait beau, il fait doux. C’est la trêve, les vacances, on pense à autre chose(les comptes, les trajets, les emplois du temps, quand où comment avec qui dans quelles conditions – la température, la pression, le temps et les autres variables, nous verrons ensuite).Il y a dans ce dossier vingt quatre photos : sait-on jamais pourquoi, tout à coup, certains objets appellent le cliché ? Il y a le fait que, lorsqu’on rentre ici (Jean Moulin, disait André, l’homme au pigeon de Lasserre) on y dépose quelque chose, des mots, des images, des liens, des pensées, on entre ici comme dans un moulin (jamais fait le rapprochement avec le cliché, tu vois comme les choses vont) et puis on en sort aussitôt : on nous a vanté la qualité de l’isolation, celle de l’acoustique, on nous a appris que le chauffage par le sol, ailleurs, demain jamais, que sais-je, on nous a dit que la modularité des pièces, les revêtements en chanvre ou les fenêtres isolantes et les tuiles photosensibles tout cela avait (certes) un coût mais que l’amortissement se ferait dans le temps (vingt ans, au regard de vos quatre vingts espérés, qu’est-ce donc ? un quart, eh oui) on nous a permis de faire sur l’avenir ce calcul basique et qu’on laisserait au moins ça aux enfants à venir, un couple charmant, une voiture décapotable, des sourires signal (je pense, je crois, il me semble que c’était un journal nazi, mais j’ai oublié, laisse, j’ai oublié) (tout comme la tour que voulait flanquer cette étoile de l’architecture que le monde entier nous envie, tu te souviens ? non, j’ai oublié) (la chanson dit « j’ai tout oublié des campagnes/ d’Austerlitz et de Waterloo », je me souviens) alors j’avance en âge (et je gagne en misanthropie, oui) petit à petit se constitue la collection, elle est là dans un dossier (ce magnifique rangement, arborescent, iridescent, incandescent, opalescent)dans lequel se trouve encore un dossier lequel recèle encore d’autres dossiers, et voilà le travail. On en pose une ici, une autre là (le mieux, c’est de réagir différemment : à la fin de l’envoi, je touche ! disait Cyrano, eh bien, la machine compte, mollement, les mots que j’inscris ici, et à la fin, le compte sera divisé par autant) (nous verrons) c’est tout vu.

Vous êtes entré(e)(s) dans cette maison, les murs ont été laminés de gris taupe (on aime le gris taupe car il correspond à ce que voit l’animal, et nous voulons, nous aimerions tant que vous vous comportiez en quelque sorte non pas comme un mais à la place de, voyez), les sols couverts d’une couche à l’huile de lin d’une couleur indéfini mais non définitive, évidemment, car tout, absolument tout est négociable comme vous n’êtes pas sans le savoir. Les portes et les serrures, la cuisine et la salle de bain, la salle d’eau à l’étage contiguë à la chambre d’amis, le blanc va à ravir à ces espaces. Immaculés. Ainsi qu’en un rêve.Il fait doux, le printemps s’est achevé, l’astre au ciel parcourt inévitablement son ellipse et en direction de Véga de la Lyre a assuré sa voie son chemin son erre, dans trente trois ans, nous serons neuf milliards, avant deux mille cent la hausse de la température se sera limitée à deux degrés Celsius si Dieu veut (car il est grand et de ses prophètes il en est toute une théorie) la centrale de Flamanville sera opérationnelle dans dix ans, légèrement après la date prévue, son budget multiplié par trois ou quatre (comme celui de la philharmonie de Paris, mais là n’est pas l’enjeu) (non plus que la question), on en construit deux autres sur l’île, là, en face de Calais où une édile annonce sans rougir qu’il ne faut pas nourrir ces gens-là, celle de Finlande ma foi il fait froid, là-bas non ? des histoires à dormir éveillé, les attaques des virus, ils périront par où ils ont péché, c’est probable, et les vaches seront bien gardées. Il est tard.Le monde s’enfuit et s’éveille, demain le ciel s’éclaircira car c’est  l’été. On aime le savoir. 

Alors voilà, dis donc, à quoi tu penses ? Je me disais vingt quatre images, c’est exactement une seconde de cinéma. Ou autant d’heures d’un jour…

A quoi je pense ? A la prochaine séance. A mercredi prochain donc.

Feuille de route

 

 

il n’y a plus personne ici, ou bien ? On s’essaye à faire des textes sur des personnages (ce sera le thème semble-t-il de l’été) (on avance en atelier comme en misanthropie, il en est ainsi et c’est tant mieux) tout est brûlé, oui

Alexander (Erland Josephson, un de mes alter ego – avec Gian Maria Volonte ou Stanley Baker) a foutu le feu , tu parles d’un sacrifice… (Andreï Tarkovski, 1986) 

« Nous nous sommes tant aimés » ce film magnifique (1974, Ettore Scola) C’eravamo tanto amati plus joli en italien, et puis on a cessé… Quelques semaines d’oubli, ou de pause de stase de fin, comme le clap… Le cinéma, tourner, tourner, tourner encore, le quartier est empli d’intermittents, on les voit à l’aube s’en aller à moto, appeler-touitter un krypto-taxi vitres fumées berlines à vomir valise à roulettes et bermuda à fleurs, on les entend le soir rire et chanter, quelque chose de l’amabilité – on fait ce qu’on peut toujours, je t’assure… – ou de l’horreur, c’est au choix.

Rien à faire, le temps passe.

 Paul Javal sur la terrasse, chapeau, ciel et mer.

Rien à faire, le livre magnifique qui met en scène le personnage principal, Rome, lu dans le métro, les rues tu te souviens via Veneto la banque, de l’autre côté de l’Aventin, l’autre comptoir, il y a du monde dans les souvenirs, il y a Fritz Lang (on sifflote, comme « M » en attendant qu’une petite fille passe…) il y a Sam Fuller « ahahah…!!! ça flatte mon ego…! »

il y a cette merveille-là

Pina (Anna Magnani)  « Rome Ville ouverte » (Roberto Rosselini, 1945)

l’Italie, on aimerait s’y installer, mais non, le temps passe, les ans s’effritent, le voyage en Belgique s’est bien passé merci, on avance en âge comme on se tourne vers des idées macabres

Patricia Franchini (qu’est-ce que c’est, dégueulasse ?) (Jean Seberg, « A bout de souffle », Jean-luc Godard, 1960)

fréquemment quand je prends le métro c’est un peu à elle (à d’autres aussi, les étrangers, les déplacés, les déchus) que je pense – ce sont des idées romantiques, ce sont des idées de Paris, la rue Campagne-Première ou le pont Neuf

  (je ne l’ai pas vu mais il est dans le petit carnet, à louer dvd : « Les amants du pont Neuf » (Léos Carrax, 1991) le type, Jean-Yves Escoffier qui fait l’image se trouvait un jour dans cette épicerie du faubourg Saint-Antoine (elle n’existe plus, il me semble qu’elle faisait le coin de la rue Saint-Bernard) et je l’ai pris pour un autre, il m’a serré la main, un sourire « Jean-Yves Escoffier » il a fait mais ce n’était pas lui, c’était quelqu’un d’autre , quelque chose comme un fantôme peut-être

le cinéma a cette grâce, on est assis dans l’ombre, le rouge des fauteuils n’existe plus (d’ailleurs ils sont bleu au Royal), sur l’écran une image qui vibre, cette musique-là (celle de Nino Rota pour Otto e mezzo, la ronde, cette autre merveille) et puis voilà, quand on sort il ne reste plus rien, que quelque chose dans la mémoire, il faut y retourner, on y va, viens on y va (les sièges, au 104 sont couverts de velours noir) on avance encore, c’est vrai tous les ans, on en prend un de plus (deux puissance six ce dimanche, tu avoueras…) (l’image ci-dessus, c’est l’un des neveux du réalisateur, « Homeland, Irak année zéro » (Abbas Fahdel, 2015) une autre merveille, ce garçon-là est mort à la guerre, tu sais…) ce n’est pas que la chance ne nous sourie pas, ce n’est pas non plus qu’elle accompagne chacun de nos pas ou de nos actes, non ce n’est pas ça. On n’a pas la prétention d’être superstitieux, non plus que celle de tenter quelque art divinatoire.

Je regarde cette maison (je suis désolé pour Sam Fuller, j’ai des choses à faire, je suis un peu pressé je changerai cette image (c’est fait), la poser aussi grande que les autres, allons) témoin de mon empathie pour le cinéma (je ne laisse pas tomber, non), je vais poser ça dans l’entrée (j’ai lu une feuille de route sur fenêtres et je l’ai trouvée à mon goût), et puis après le travail, tout à l’heure, j’irai voir soit le film de Schlöndorf soit le documentaire sur ce réalisateur afghan… Il fait tellement chaud, il fait tellement froid… Mieux vaut avancer

 

Post scriptum : cherchant cette image de Samuel Fuller, en train de diriger quelque chose comme « Les Maraudeurs attaquent » (Merill’s marauders ») (1962) ou « Quarante tueurs »(Forty guns » (1957), je découvre celle-ci

Sam en compagnie de Jim Jarmusch (ils étaient assez potes et c’est à peu près normal, vu que Jarmusch  est l’auteur d’un des plus beaux couples de cinéma qui puisse se voir (« Only lovers left alive » (2013)). Euh, moi non plus je ne vois pas bien le rapprochement, mais c’est certain qu’ils parlent du même point de vue, ces deux-là. 

Pantoufles (rire jaune)

(que de tergiversations, c’est sans doute la paranoïa qui me guette, j’ai supprimé le billet, voilà que je le repose – mais je n’ai que les images… OSEF dirait ma fille, alors OSEF) (les pantoufles, on les met dans l’entrée) (OSEF c’est on s’en fout) Mais on doit, quand même aussi, de loin, peut-être, mais quand même, essayer de faire vivre ce lieu. J’essaye, je m’y essaye. Il y a aussi de la prétention à présenter ce type de personnages un peu comme des clowns, burlesques et espiègles, qui rient, font des mines et amusent une galerie -celle présentée ici, par exemple – mais est-ce que ça amuse vraiment ? En tout cas, pas moi, ou alors avec aigreur (la bile, peut-être, l’envie de gerber, certainement) (et du coup, disqualifier le travail : l’emploi de mots plus ou moins grossiers permet à certains de s’en aller… C’est pas facile, la vie, tu vois…)

C’est à la suite de la lecture d’un article du mensuel le Monde Diplomatique (novembre) auquel je suis abonné que m’est venue cette idée de mettre sur des noms des visages. Il s’est agi de trouver qui, dans ce monde de brutes, tient en main celle (invisible) du marché. Depuis la venue de cette idée, donc, le ministère s’est débarrassé de son premier (nano  2 pour les intimes), a rajouté une couche en mettant à sa place celui qui, à l’intérieur, a couvert les agissements de cette police à Sivens, à Notre_Dame_des_Landes, et partout lors des manifestations contre la loi travail (ni loi, ni travail).

Je m’égare sans doute, machin a dit qu’il n’irait pas. La plupart de ces personnages (et bien d’autres) sont passés par un institut, la French American Foundation, association loi 1901, mais oui ma chère. Ladite association aide le personnel politique et médiatique à comprendre la vraie réalité du marché (occident, ultra-libéral, privatiser les profits et socialiser les pertes notamment celles des banques, privées va sans dire).

Ladite association a ses locaux avenue de New-York, au trente quatre dit la chronique (quai rive droite, c’est dans le 16 mais tout près du 8, t’inquiète).

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C’est là oui : un type est appuyé et suit le robot des yeux (sous ses lunettes noires, je crois qu’il porte main gauche son portable)

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On ne voit pas bien (OSEF).

Le 5 décembre dernier, probablement en la galerie des glaces du château de Versailles, avait lieu la commémoration par un dîner de gala de ses quarante ans de règne sur le lobbying pro-US mené ici. IL y aura monsieur Valéry Giscard d’Estaing

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(alias crâne d’oeuf). C’est sous son règne que la fondation a été créée

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(il avait des sympathies outre atlantique aussi, comme en Afrique on se souvient de ses chasses, tout ça). Il y aura aussi à ce dîner monsieur Michael Bloomberg

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homme d’affaires étazunnien (ancien maire de New York, huitième fortune du monde dit la gazette). Du beau linge. Des gens comme il faut et comme il en est des milliers, voilà tout : connaître le sens où soufflera le vent, et s’y plier. Ici le sourire de celui qui dirige cette fondation (qui est aussi, on ne se refait pas, président du directoire de Vivendi) : monsieur Arnaud de Puyfontaine.

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L’article dépeint les parcours de ces gens qu’on nomme pantouflards, qui passent de responsabilités au sein de l’Etat à d’autres, dans des grands groupes, entreprises multinationales, transfontalières etc. qui dictent au marché ses lois et ses règles : on délocalise ici, on profite des zones franches là, on se sépare (le salarié, variable d’ajustement comme on sait), on va voir si on peut s’installer dans ce joli paradis sans impôt et autres joyeusetés que le monde de la finance ultra-libérale crée depuis (au bas mot) deux décennies. Premier d’entre ces parcours

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celui de monsieur José Manuel Barroso, qui passe de la présidence de la Commission européenne au conseil d’une grande banque (celle-là même qui a aidé la Grèce à falsifier ses comptes, passons).  On trouve aussi madame Neelie Kroes (même parcours, autre banque, juste)

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En même temps, pourquoi coller ces sourires dans la maison-témoin ?  Longtemps je me suis posé la question, et puis il s’agit juste d’une curiosité, à quoi ressemblent-ils donc ? La vérité oblige à dire que les illustrations sont choisies : on les a prises souriantes, parce que la vie est belle. Du moins, sans doute (on doit l’espérer) pour eux.

Monsieur  Karel de Gucht, grand défenseur auprès de la Commission du traité (mort, on l’espère) (le traité, pas le monsieur) transatlantique devient consultant.

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Vient ensuite monsieur Mario Draghi (banque, puis banque d’Italie, puis banque centrale européenne)

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(c’est en effet très marrant). On va ici, on revient là, on multiplie son salaire, ses stock-options, et on continue : qu’est-ce qu’il y a à dire, sinon bravo ? Je ne sais pas. Aux US, c’est ce qu’enseigne la fondation du début, ces allers et venues sont pléthores, normaux, recommandés. En est un témoin marquant monsieur Ben Bernanke (celui qui a sauvé les banques en 2008, par exemple

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et qui y travaille à présent) C’est beau, c’est grand, c’est généreux. C’est surtout tout à fait normal. De même, monsieur Timothy Geithner, secrétaire au Trésor US qui rejoint un grand fond d’investissement.

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On apprend que cet état d’esprit s’est emparé de nos élites au milieu des années quatre vingt, avec le passage de monsieur Simon Nora

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du rang de grand commis de l’Etat à la banque Shearson Lehman brothers (laquelle, oui, tout ça, en 2008). Ce fut ensuite le cas de monsieur Jacques Mayoux (le créateur de la taxe sur la valeur ajoutée, l’impôt le plus inégalitaire – et le plus important), qui s’en va représenter la filiale française d’une grande banque étazunienne (pas trouvé de photo, souriante ou pas).  Puis l’ancien directeur de cabinet de monsieur Jacques Delors, monsieur Philippe Lagayette

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(qu’on voit peu sourire sur les images : ce ne doit pas être, non plus, tous les jours marrants) puis ancien directeur de la Caisse des Dépôts, qui rejoint une banque étazunienne. Tous ces ponts, toutes ces facilitations pour fusions-acquisitions-regroupements sont évidemment parfaitement légales, il n’y a rien à en dire. Ainsi monsieur Charles de Croisset

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(qui en sourit un peu) va d’une banque française à une autre étazunienne; monsieur Jean-François Cirelli

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passe de Gaz de France-Suez à Black Rock, l’un des gestionnaires d’actifs les plus puissants au monde. Ca va bien, en effet. Ainsi en est-il aussi (ça va bien, elle trime dans le luxe aujourd’hui) de madame Clara Gaymard (c’est la femme à Hervé, neuf enfants, fille du professeur Lejeune lobbyiste anti-avortement – on se souvient à peine de l’appartement qu’elle et son mari envisageaient, il a fallu reculer, cette fois-là)

clara_gaymardlaquelle a favorisé le rachat par General Electric de la division énergie du groupe Alsthom (le « h » est tombé, de ce coup là). Las ! Dès que ça a été fait, monsieur Jeffrey R. Immelt

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s’en est séparé… L’ingratitude des puissants…