Cuisine 2

 

 

 

le 18 du mois dernier, dans un éclair de lucidité irradiant une psyché sans doute embrumée et défaillante étaient écrites ces quelques lignes :

Ils étaient les brigades rouges (2011) réalisation Mosco Levi Boucault (impek), quatre entretiens avec les guerilleros qui attaquèrent le « convoi » au matin du 16 mars 78 vers neuf heures du matin (une dizaine de photo-télégrammes) – où on parle de l’activité sexuelle des brigadistes (raison pour laquelle le réalisateur se fâchera avec Mario Moretti, le chef du « commando » qui ne voulait pas que cette mention libidinale soit abordée – au point de faire retirer son nom de la jacquette du dvd) (les trois autres intervenants : Valerio Morucci, Prospero Gallinari (aujourd’hui décédé) et Raffaele Fiore

On se (et vous) propose donc ici d’élucider une part de ce film en présentant des portraits rapidement ébauchés de ces quatre personnes qui eurent un rôle de premier plan à jouer durant ces journées de terreur (de la mi-mars au 9 mai 1978). Ces quatre personnes furent arrêtées par la police dans le début des années 80, jugées, emprisonnées. Elles livrent ici leur rôles et les raisons de ce qu’elles ont commis : en l’occurrence, une volonté de prise en compte des conditions de vie ouvrières et une volonté politique de les faire changer. En mieux, et si possible, humainement. Pour cela, une seule solution (à l’état d’ébauche, au début des années 70, puis progressivement se détournant vers la lutte armée à la fin de cette décennie rouge sang) : la révolution.
Pas plus, mais certainement pas moins.
Elles ont échoué : il se peut que cette défaite soit due à l’escalade, provoquée pour une bonne part, par le pouvoir en place (lui-même guidé et aiguillonné par une extrême-droite et des restes foisonnant d’un fascisme qui tenait le pays pendant une bonne vingtaine d’années, avant guerre) pouvoir qui les poussait à toujours plus de lutte armée (on dit surenchère). Elles suivirent par là (ces personnes, et les Brigades rouges – et les autres groupes armés, probablement) et prirent au pied de la lettre l’une des maximes marxistes qui fonde la révolution, soit que « l’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes ».Ou alors « la révolution vogue sur un fleuve de sang ».  Mais sans la force, comment faire pour que les choses adviennent ? Ce type de question, aujourd’hui même, aujourd’hui, semble d’une actualité de terreur…

Essai qui fait suite au Cuisine 1 ici posé il y a quelque semaines.

Les événements antérieurs à ce rapt, cet enlèvement, cet assassinat, seront explicités dans un billet à paraître demain, pendant le week-end donc.

Ici la scène, ce matin-là (dix heures trente)

On distingue les trois voitures : la première, blanche, est celle que conduisait Mario Moretti – la deuxième, noire, est celle où se trouvait Aldo Moro et deux membres de son escorte – la troisième, blanche, celle des trois autres membres de l’escorte d’Aldo Moro (les cinq membres de cette escorte seront impitoyablement tués durant le rapt).

Le film raconte les raisons de ce rapt (on explicite ces raisons dans un autre article) et donne la parole à quatre des dix (ou douze) membres de ce commando. À Mario Moretti, donc, le « chef » de ce commando, qui conduisait la voiture blanche et à trois des quatre guérilleros qui, grimés en pilote d’avion, firent feu sur l’escorte et la décimèrent en moins d’une minute, ce matin-là.

Allons-y. Voici (dans l’ordre d’apparition à l’image) Prospero Gallinari (1° janvier 1951, 14 janvier 2013 ) – ici en 2011, avec ses lunettes de soleil

(32 ans de prison, en semi-liberté pour des problèmes de santé) – là chez lui, sans lunettes

c’est lui qui s’occupait de nourrir et soigner Moro dans la « prison du peuple » – on le voit ici qui montre ses poings fermés en signe de combat au procès de Turin (1974, il a 23 ans) ouvrier chez Siemens

Puis voici Valerio Morucci (22 juillet 1949 – il a 28 ans au moment du rapt) colonne de Rome, petits boulots et joie de vivre

libéré après quinze ans de prison – il se chargeait de porter les lettres de Moro (avec Adriana Faranda), et les communiqués des Brigades rouges aux journaux (plus tard, dans les années 90, il semble qu’il ait été recruté par les services de renseignements italiens – ces histoires-là, pléthores et foison ,constituent en Italie une vraie mine d’or éditoriale et fantasmatique tant qu’elles en deviennent une discipline intitulée diétrologie… ) (on a pour notre part ici une forte réticence à prendre en compte ces élucubrations – et on tente aussi, d’éviter ce type de gouffre sans fond, une espèce d’égout où se trouverait tout et surtout n’importe quoi).

Puis Raffaele Fiore (7 mai 1954 – 24 ans lors du rapt)

ouvrier lui aussi aux usines Breda (colonne de Turin) (condamné à 31 ans de prison, libéré) et puis Mario Moretti (Brigades rouges historique – 16 janvier 1946 – technicien Siemens, 32 ans au moment des faits – perpétuité, dort tous les soirs en prison)

 

 

Dans une jatte plate

 

Dans un monde tout juste en avance sur le nôtre d’une onde, les écrinières ne cuisinent plus que le samedi dans des jattes plates. Tout autre instrument est réquisitionné pour la Grande Refonte (GR).

Histoire

L’hidée du GR 3 est attribuée à N. Gauthier, un non-animateur des Naturalogistes Horléanais, qui détaille son projet de hentiers le long de la Lhoire dans un article en 2037. Le syndicat fédérateur d’initiative d’Horléans (SFIHo) lui apporte son appui mais l’Aguerre en retardera la réalisation de dix ans. La première tranche verra finalement le jour en 2047, année de la naissance du Comité National des Hentiers de Grande Refonte (CNHGR), ancêtre de la FFRefonte. Deux autres tronçons suivront l’année suivante. Le dernier en 2076.

 

Le premier descriptif du GR 3 est publié en 2052, dans la revue Cramping et Plein Hair. Le hentier, dans son entier et jusqu’en Lhoire-hatlantique, est inauguré à Trève-Hunault, en havril 2077. Il est le premier GR « hofficiel ». De la source de la Lhoire à son embouchure en Lhoire-Hatlantique, il a fait partie des dix premiers hitinéraires du plan directeur de 2045 du CNSGR. Il sera finalisé sous son nom de GR 3 en 2083.

 

Pour les cuissons, les fours à bois seuls sont autorisé()s. Tous ces matin-là, els défilent dans les rues , vêtues chaque une d’un miroir leur recouvrant le corps avec tout juste quelques trous pour les laisser se diriger au Bon Endroit. Ce sont les seules autorisé()es à être dans les rues ce jour-là. Chaque une leur jattes rempli() es de leurres-pâtes s’occidentent vers le fournil de leur quartier. L’allumeur aura déjà fait son travail quelques heures plus tôt, laissant à disposition assez de bois pour alimenter les cuissons du jour. Bientôt, au retour de chaque écrinière dans son Unité, chaque Un pourra donc se nourrir.

Ce matin-là, El est en retard d’une micro-seconde. Il va donc déjà falloir qu’elle s’active à le rattraper tout en sachant qu’elle n’y arrivera pas. El n’échappera pas à la mise en Question chez le Rêviseur. Elle va donc passer la journée à tenter de rattraper un retard impossible tout en attendant que le comité structurel de quartier (CSQ) lui donne son heurt de pas sage, probablement après le service du jour.

Le Métamicien, V1.2.0

Chapitre Un point bleu pâle

17/01/2025

Passer de “il reste 10 ans de crédits à encaisser et j’ai 48 ans…ce qui fait que j’en aurais 58 quand. Et j’ai déjà mal partout… » à « c’est quoi ce portrait de famille-là ? » en une heure. Fait.

Facile.

Qu’est ce que je fous là ? A quoi bon ?

Ah si…m’en souviens vite fait. J’avais…un-e espèce de rêve, comme un tardigrade, il s’ensommeille, puis se revivifie par moment. Il prend les formes les plus adaptés au moments de ses réveils.

Par exemple, quand j’ai compris que j’allais aller au bout de cette reprise d’études, aller jusqu’à la soutenance de ce mémoire que j’ai tant peiné à ne pas écrire pendant deux ans, puis que j’ai craché en quelques semaines juste avant de, je me suis vue debout sur la table, enceintes à fonds avec je ne sais plus quelle musique « transgressive » en boucle, tour à tour idiote et provocatrice, bref, je voulais que personne ne puisse s’échapper pendant les quelques vingt minutes que devait durer cette prise de pouvoir.

Je voulais…tout casser, tout déchirer. Gentiment, gentiment. Mais quand même, parce que sans ça, rin. Tout ça n’aurait servi à rin.

Je n’en ai rin fait. J’ai passé un oral po mal dans un bureau de fac avec deux profs en face de moi, plus de livres devant moi que je n’en ai jamais lu, je les avais amené comme autant d’armes à envoyer à la tête de tout détracteur.

Je me souviens d’un livre en particulier que j’avais amené, et je ne savais pas pourquoi exactement. Burroughs avait une fascination pour Denton. Jusqu’à dire de lui, en interview je crois : « À la question « Quel est l’écrivain qui vous a le plus influencé ? », je réponds sans hésitation : Denton Welch… S’il y a un écrivain injustement ignoré, c’est bien lui. ». Le livre s’appelle non pas Walking Dead mais The Place of Dead Roads. Je ne l’ai toujours pas lu. Quand mon espiègle dir de recherches me posa la question de quelques influences qu’eut Denton au tout début de l’oral, je pointais du doigt le livre non-lu, en précisant « I haven’t even read it, what I want to speak about is The Journals, nothing else. » Final point avec la note la plus basse pouvant être produite par mes cordes vocales à ce moment-là. Il se remit au fonds de son siège, content comme l’enfant espiègle voyant sa créature passer à côté d’un énorme trou recouvert d’à peine quelques branches, bref le piège d’un enfant espiègle. C’est à ce moment-là pourtant, que je me suis assise dans mon personnage, celui qui allait me faire réussir l’oral. Il m’avait fallu ce trou pour que.

Un peu miteux, un peu « réel ». Mais. C’était le premier oral que je réussissais depuis longtemps. Même mon dir de recherches a été étonné. Je lui ai répondu « je ne sais pas ce qui m’a pris, ça me surprend moi-même, je ne sais pas comment j’ai fait… » et puis on a vite changé de sujet, les liens internets prévalant dans ma biblio, etc. et moi d’arguer « oui, mais sans eux, je n’aurai jamais eu accès à ces livres-là, je n’y aurais même pas pensé, je ne me serai jamais permise de penser y avoir accès… ».

Ils plussoyèrent.

J’ai écouté, rapidement et sans y faire très attention, une interview du dir de l’AFP qui s’est mis en partenariat avec le Geek français du moment pour produire un Chat qui inclurait le contenu des dernières dépêches AFP.

J’avais fait quelques recherches à titre académiques et personnellement curiositaire sur l’origine de la presse, notamment en France. J’y avais passé à peine quelques heures, jusqu’à arriver à cette idée qu’il faut bien qu’il y ait un intérêt qui sponsorise sous quelque forme que ce soit pour qu’une « info » soit publiée, quelle que soit la forme, la période ou le contenu. Et donc j’avais rangé tout ceci dans la catégorie « bruit ». Pas inutile, au contraire. Blanc ou rose, il aura son utilité au bon moment.

Comme on prépare un bouillon pour mouiller son jus et obtenir une sauce.

Comme Tout. Comme Rin. Comme :

Métamicien, Projet 1.2.0 :

Ce serait à la fois une diffusion sur le web via webcam sur le site et une ouverture des portes de l’Endroit. Si que compétence développée en ce sens, ou plus certainement aide trouvée sous forme plus ou moins humaine, archivages des vidéos jour par jour. Tous les matins, de 5h à 8h. Il y aurait tout juste une phrase de salutations au début qui viendrait sans visage, la caméra serait tourné côté Loire.

La première partie serait consacrée au monde qui nous entoure. Le micro serait simplement tourné sur « on » et capterait tout ce qu’un micro peut capter. Les bruits viendrait dans un premier temps des ouvertures des portes de l’Endroit, de la mise en route d’une machine à vapeur dont on imaginerait un liquide plus moins noir et plus ou moins fruité en sortir. Puis quelques voix au loin venus commander un liquide, plus ou moins noir, plus ou moins fruité. On y entendrait probablement quelques machineries s’activer produisant des sons et autres cris d’une artpentie repentante, se coupant, se brûlant, bref, travaillant. Des pays connus s’y présenterait, des expériences édites, des livres inépatants encore inédits en français, ou toute autre langue lu  entre deux mises en route de quelques trucs et engins. Des films qui n’ont pas été montrés à Cannes, ou ailleurs et qui sont formidablement sans image, juste le son accompagnant la vue sur Loire. Des portraits de personnes hors du commun qui n’intéressent pas les journalistes se feraient au fur et à mesure des gens entrant dans l’Endroit, peut être prévoir deux micros. Bref, on y parlerait de toutes les parties émergées d’un monde.

 

La deuxième partie, la deuxième heure, serait consacrée aux récits de vies. Les pas sans parleraient pour raconter un souvenir de la veille, une histoire qui les a marqués, une expérience  mi-forte, comme la moutarde, un événement anodin ancien ou récent. Ils la confieraient au non-animateur pourvoyeur de liquide plus ou moins noir, plus ou moins fruité, comme au non-animateur pourvoyeur de liquide plus ou moins noir à qui ils peuvent toujours parler de ça, ou d’autre chose, à cette heure-là, on n’est pas bégueules. Bref, cette heure serait consacrée à la vie de tout un chacun, la vie de tous les jours, la vie non-secrète, la vie peu émotionnelle, sous ses facettes les plus simples.

 

La troisième heure serait consacrée à l’imaginaire. Et là encore, pas n’importe qui pourrait y contribuer. Le non-animateur ou la non-animatrice, le ou les pas sans, mais pas les auditeurs. Ils partageraient à tour de rôle à l’antenne une anecdote de village déjà recensé mille et une fois, comme la fois où la femme du colonel… qu’ils aiment à répéter pour faire sens, jusqu’au jour où. Poseraient invariablement les mêmes questions sur la qualité calorifique dudit liquide plus ou moins noir, plus ou moins fruité, jusqu’au jour où. Ils feraient invariablement bougé les mêmes objets en les raclant au sol faisant un peu saigner les oreilles des auditeurs, jusqu’au jour où.

 

 

 

Oloé

 

 

Oloé est un nouveau mot (plus si nouveau d’ailleurs) inventé par Anne Savelli, c’est un concept – une suite d’idées accrochée les unes aux autres et qui forment alors quelque chose comme une nébuleuse…  Un acronyme, si on veut – on lit, on écrit – ou alors où lire ou écrire – ou bien où lire où écrire – ou ou lire ou écrire. C’est aussi une excroissance électronique exécutée par Joachim Séné – tout ça vous a furieusement un air nu… Et comme Guy Bennett fait, en quelque sorte, partie des compagnons de route de ce magnifique collectif, il nous a fait parvenir une contribution – elle est parue sur le site dans sa langue originale (on y découvrira une image de cette chambre à soi), mais je m’en suis emparé pour la traduire et la mettre dans la maison.
Dans la cuisine, fatalement.
Quelques mails allers-retours plus tard, on en a eu fini. La voici, avec en exclusivité pour cette maison, témoin en quelque sorte, la petite bouteille bleu cobalt ayant autrefois contenu du saké. Merci donc à lui.

 

Ma salle décriture
lundi 9 décembre 2024, par Guy Bennett

Je voudrais dire quelques mots sur ma salle d’écriture : je nen ai pas. Jécris dans la cuisine, un coin de la cuisine. Là, j’ai une petite table avec une lampe et une horloge la seule de la maison et un tabouret tout aussi petit. Cest également à cette table que je prends mes repas.

Quelques mots sur la table : elle est simple, spartiate même, et manque complètement de sculptures et daccents ornementaux. Tous les bords, y compris ceux de ses pieds, sont à angle droit à l’exception du bord avant du plateau de table, qui est lérement convexe. Il comporte un tiroir peu profond (est-ce que cela en ferait un bureau ?) dans lequel je range quelques stylos et étuis, un ouvre-lettre en bois dont la pointe est cassée, et quelques articles de papeterieune enveloppe et deux en-têtes, pour être précis de l’Hôtel Idou Anfa à Casablanca. Un petit classeur roulant se trouve à droite de la table.

Quelques mots sur le classeur : il est petit, comme je lai dit, et comporte trois tiroirs : les deux du haut sont peu profonds et contiennent des fournitures d’écriture et de dessin, et celui du bas est profond et contient des dossiers suspendus. Au-dessus du classeur se trouve un plateau en bois et dans ce plateau se trouve un plat de service en céramique blanche, tous deux rectangulaires. Sur le plat de service, jai placé une petite bouteille bleu cobalt qui contenait autrefois du saké. J’aime sa forme et sa couleur.

Dans les deux tiroirs supérieurs du classeur, je range des crayons avec différentes qualités de mine, des taille-crayons de différents types, des gommes, une règle, des ciseaux, une loupe, un compte-fils, des marque-pages, des couteaux X-acto, une petite agrafeuse, un dégrafeur tout aussi petit, une boîte en plastique carrée de sept centimètres et demie de côté remplie de plumes d’écriture, des blocs de papier à dessin, un kit daquarelle de poche, un autre pour la calligraphie japonaise (qui contient lui-même un petit bloc d’encre, un bac à encre tout aussi petit et un pinceau), et une boîte rectangulaire en bois contenant quatre porte-plume, dont deux munis de plumes.

Dans le tiroir du bas du meuble sont suspendus un certain nombre de dossiers. Leur contenu ne présente aucun intérêt.

Encore quelques mots sur la table : sa sobriété me séduit. Si je parviens à garder le dessus de la table désencombré (ce n’est pas trop difficile à faire), l’« ambiance » de mon espace d’écriture s’harmonise avec le design austère de la table, accentué par son orientation vers un mur blanc. Les fenêtres sont dans le mur den face.

J’aime cet agencement pour deux raisons : premièrement, je trouve inconfortable de rester assis longtemps face à une lumière vive, et deuxièmement, la vue depuis les fenêtres de ma cuisine na aucun intét. Il y a cependant une petite fenêtre en haut à droite de mon bureau ; elle donne sur mon placard, qui possède également une petite fenêtre laquelle donne sur le jardin des voisins avec ses arbres fruitiers et, au-delà, quelques palmiers et un peu de ciel bleu. Il y a une lucarne dans la cuisine, qui assure un éclairage suffisant même par temps gris et du clair de lune la nuit. Les nuits sans lune, il y a toujours la lampe.

Quelques mots à son sujet : cest une lampe à dessin et elle se trouve dans le coin le plus à gauche de la table. Je positionne généralement son bras extensible à un angle de 90°. De son « coude » pendent deux colliers de perles de verre et une fine corde de cuir nouée en boules aux deux extrémités. Sur sa base se trouve une petite pile de cartes postales présentant des reproductions d’œuvres dart. Elles font partie de mes rares concessions en matière de décoration. Actuellement, une nature morte aux fleurs de Fantin-Latour est exposée. Quand jai envie dun changement, je mélange les cartes.

Quelques mots sur la décoration : je la trouve indispensable, quoique à petite dose. A ce sujet, ai-je dit quelque chose sur l’azulejo ?

Quelques mots à son sujet : il trône sur le rebord de la fenêtre en haut à droite de mon bureau. Cest lun des deux que jai ramenés dun voyage en Andalousie et au Maroc début 1997. Je les transportais dans un sac polochon avec mes vêtements et mes papiers lorsque je voyageais en avion, en train, en ferry et en bus depuis lEurope du Sud jusquen Afrique du Nord et au retour, puis enfin chez moi aux États-Unis. Je suis étonné quils ne se soient pas cassés.

J’ai acheté les azulejos dans un magasin à Séville. Ils avaient été utilisés, comme en témoignent leurs bords ébréchés et les traces de plâtre sur leur dos non vernissé. Je nai aucune idée de leur âge ni des bâtiments quils auraient pu orner. Je me demande qui a pu les regarder, passer ses doigts dessus ou les nettoyer. Je me demande comment ils ont pu être retirés de leurs murs. Leurs créateurs et propriétaires précédents nauraient probablement jamais imaginé quun jour ils orneraient les murs dune maison à l’extrémité du continent nord-américain.

Tous deux sont des imitations de zelliges marocains. Contrairement à ces derniers, des mosaïques constituées de petits carreaux de faïence coupés individuellement à la main, de formes et de couleurs variées, vernissés d’un côté et disposés en motifs géométriques complexes et abstraits ; ce sont de grands carreaux de faïence rectangulaires, peints pour ressembler à des mosaïques de petits carreaux de faïence coupés individuellement à la main, de formes et de couleurs variées, vernissés dun côté et disposés en motifs géométriques complexes et abstraits.

Quelques mots sur le mot azulejo : il dérive de larabe اﻟﺰﻟﯿﺞ [al zulayj], qui signifie « pierre polie », et non du mot espagnol pour bleu. Apparemment, les zelliges ont été initialement créés pour imiter les mosaïques romaines, qui, elles, étaient constituées de petits morceaux de pierre polie, de marbre ou de verre. Les Romains avaient colonisé l’Afrique du Nord et nombre de leurs mosaïques leur ont survécu et ont survécu à leur empire. De même que beaucoup de zelliges survécurent aux Maures et à Al-Andalus. J’y pense parfois lorsque j’écris à ma table. Je me demande ce qui nous survivra.

Pour revenir à la table : son dessus est marqué ici et là de rayures peu profondes et dempreintes de formes et de tailles diverses, dont la plupart sont là depuis des années. Lune delles est un smiley maladroit fait par ma fille lorsquelle était petite. Elle a dû appuyer fort en le dessinant sur papier et la inscrit involontairement sur la surface de la table. Il faut savoir où regarder pour la voir et orienter son regard à contre-jour avant quelle napparaisse. Cest une marque précieuse et secrète, la trace dune autre vie. Jusqu’à présent, j’étais peut-être le seul à savoir qu’elle était là et peut-être suis-je encore le seul à l’avoir jamais vue.

Printemps 2018

Ce micro-essai aurait pu être écrit pour le reportage « WritersRooms : Portraits of Spaces Where Authors Create » (Chambres décrivains : portraits des espaces où créent les auteurs), paru dans The Guardian du 5 janvier 2007 au 17 juillet 2009, si les éditeurs avaient eu le bon sens de le demander, mais hélas, ils nen ont rien fait. Leur malheureux oubli ne ma pas détourné de la tâche. GB

 

Cuisine

 

 

« Nous ne négocierons pas, nous ne négocierons jamais » dit Giulio Andreotti, premier ministre, démocrate-chrétien (droite), aux affaires en Italie depuis plus de trente ans, avec Aldo Moro

en même temps, à l’écoute une émission de radio qui fait entendre les musiques de l’époque (ici Juke box )

après, il s’agit un peu de la cuisine (rapport au lien, je dois y penser) – alors comme il faut bien faire un peu montre de ce qui se trame (ici est le témoin), j’ai regardé un film – je ne sais plus je ne trouve plus la source – mais j’y ai pris quelques images – vingt-et-une – ça part dans tous les sens d’autant plus que ce film doit dater du siècle dernier – depuis bien de l’eau a coulé – ce film vient de l’institut national de l’audiovisuel (on y accède via un abonnement) – tout est dans la boîte (en fin de billet : lé générique de l’affaire – je l’ai retrouvé) (une espèce de truc documentaire qui veut se montrer à la hauteur de la fiction)

– ici seulement quelques images (qui me sont) importantes – ça ne fait rien, c’est pour avoir (et donner) une idée des visages

or donc- ici Aldo Moro souriant (rare) (1916-1978)

là Berlinguer (Enrico, secrétaire général du parti communiste italien, l’autre partie du compromis historique) (1922-1984)

sur la via Veneto (reconstituée en studio, pour le La dolce vita de 2F (1960)) un palace-hôtel dans la suite 217 duquel recevait

l’usurpateur- truqueur-menteur Licio Gelli en 2000 (ami de Sylvio Berlusconi, entre de nombreux autres acteurs de la « loge » P2) fasciste notoire (crevé à 96 ans en liberté : la pourriture conserve (1))

le premier ministre d’alors, Giulio Andreotti venant à la tribune de l’assemblée, le 16 mars 1978, vers midi (à ce moment-là, il est certain de ne faire aucune tractation avec les guerilleros)

puis une reconstitution malhabile (à dessein) de la »prison du peuple »

les voitures figées sur le goudron lors de l’attaque (image sans doute vers onze heures le 16 mars 1978 – plus bas, on l’aura en couleurs)

Valerio Morucci, l’un des guerrilleros grimés en pilotes de ligne qui attaquèrent la voiture de Moro et de son escorte – cinq morts dans la rue, vers 9 heures dix, ce matin-là

un des fondateurs des Brigades Rouges

Francisco Cossiga, alors ministre de l’intérieur – grand ami d’Aldo Moro, ici fin de siècle  vers 2000 (date du tournage du film) – s’est entouré pour les recherches de la « prison du peuple » d’un comité consultatif

noyauté par les participants de la loge Propaganda due dite P2 (elle était composée d’un millier de personnages ayant des responsabilités soit à l’intérieur de l’État, notamment militaires, soit de la société civile) : ici en quatre images: le général Bassini directeur des services secrets

Santo Vito, chef du renseignement militaire

Walter Peruzzi officier des services secrets militaires

général Giudice police financière (escroc notoire)

et bien d’autres encore (qui ne sont pas à l’image) – la loge contrôle les services secrets, Cossiga les carabiniers et la police – on cherche partout, on ne trouve rien

extrait de la page 170 de Noir sur Noir Journal de dix années (Leonardo Sciascia, traduit par Nino Franck et Corinne Lucas,Papyrus Maurice Nadeau 1981)(obligeamment prêté par Emmanuelle Cordoliani – qu’on remercie ici vivement)

 

Francesco Cossiga à nouveau (il faut sans doute noter qu’il n’assistera à aucune des réunions interministérielles convoquées par Andreotti durant les 55jours de l’enlèvement) : l’air content ne veut rien dire (il démissionne le 9 mai)

Andreotti de profil

en couleurs sur les lieux de l’enlèvement

Paul six, pape grand ami d’Aldo Moro, ce qui ne l’empêchera pas de le trahir « sans condition »

on ne voit guère de femme.

Une affaire d’hommes sans doute.

Pour finir ma préférée,
Vers 1974.
Aldo Moro à gauche (alors ministre des affaires étrangères d’Italie, en visite à Washington) et Henry Kissinger (1923-2023) (l’hypocrisie, la malveillance, la croyance dans un système odieux, ça conserve (2) semble-t-il – affaires étrangères US puis conseiller à la sécurité nationale du président US Nixon bientôt foutu dehors Watergate aidant – lui restera sous Ford…), ce dernier menaçant de mort à mots à peine couverts  le ministre des affaires étrangères italien si celui-ci continuait à tenter d’ouvrir sur sa gauche le gouvernement dont il faisait partie

 

voici l’adresse du film https://madelen.ina.fr/content/mort-a-rome-laffaire-aldo-moro-76394

et son générique

réalisation  : Michaël Busse et Rosa Maria Bobbi
images : Michaël Busse; son : Rosa Maria Bobbi
consultant : Jean-Christophe Labastugue
Production éxécutive : Michell Noll et Herbert Blondiau
Une coproduction Quartier Latin et WDR
En collaboration avec
– La chaîne Histoire (France)
– RTS (Suisse)
– RTBF (Claire Colart) (Belgique)
– Solférino Media (Mexique)
– Uni Portugal et RTP (Portugal)
– Ceska Televizic (République Tchèque)

(c) 2000 – Quartier Latin/WDR/Histoire/Solferino

Le salon de T Episode 2

 

Le Saint Honorable « à ma façon », étape A

Réaliser et abaisser la pâte âmée

  • Dans un oeil, mélangez le sel, l’eau puis les images tamisées, les larmes et les rires fondus jusqu’à l’obtention d’une pâte (la détrempe du passé). Boulez-la au fonds du cristallin.
  • Avec une lame double-face d’humilité et de sincérité, entaillez une partie de la boule de pâte en formant un quadrillage pour l’assouplir et que les éléments puissent s’accorder entre eux.
  • Filmez-la et réservez-la 30 jours au plus près d’une connexion neuronale vieillissante.
  • Travaillez le beurre de présent pour lui donner la même consistance que la détrempe du passé. Faites-en un cube d’un œil d’arête.
  • Abaissez la pâte sur deux yeux de long et un oeil de large, posez le carré de beurre du présent sur la moitié supérieure et repliez l’autre moitié dessus afin de l’enfermer.
  • Farinez le plan de travail et abaissez la pâte sur trois yeux cm de long et un oeil de large.
  • Pliez en 3 puis tournez le pâton d’un quart de tour vers la droite.
  • Abaissez de nouveau puis pliez en 3. Vous venez de réaliser 2 tours.
  • Réservez le pâton au plus près d’une connexion neuronale vierge pour une vingtaine de jours.
  • Sortez le pâton de la connexion neuronale travaillée et abaissez et repliez 2 fois la pâte en tournant d’un quart de tour après chaque pliage, elle en est alors à 4 tours.
  • Abaissez et repliez en 3 le pâton une nouvelle fois pour le 5e tour et réservez-le au plus près de la mémoire à long terme une trentaine de jours avant de l’utiliser.
  • Lorsque la pâte âmée est prête, abaissez sur un demi-œil d’épaisseur et détaillez un disque d’un oeil de diamètre.
  • Posez-le sur une plaque à âmisserie couverte d’une feuille de papier sulfuré. Réservez à l’équilibre.

Huis clos

 

 

 

On a déjà parlé ici de ce réalisateur, Leonardo Di Constanzo, de sa façon de donner à voir les marges du monde – je ne sais pas si le monde n’en est pas complètement constitué, de ces marges : où est-il le standard, le mainstream, l’ordinaire et le normal ? Je me demande… Ici un microcosme

 

Le film commence autour d’un feu (au vrai il y a eu trois ou quatre plans (au générique de début) de la montagne environnante, en journée) : il fait nuit, des hommes, une demi-douzaine, boivent de la bière et rient aux souvenirs des jours de pêche – ça se passe en Sardaigne semble-t-il – ça pourrait se passer n’importe où – des hommes qui vont s’en aller, le lendemain ferme la prison dans laquelle ils travaillent tous.
Mais non.
Ils vont y rester encore un peu : on ne trouve pas d’endroit où enfermer une douzaine de (re)pris de justice. On dira au plus aguerri d’entre les matons (interprété par Toni Servillo) de garder la boutique – il est aussi le plus patient – le merveilleux dans le film c’est qu’il n’est pas tellement fait pour le rôle (je veux dire : pas l’acteur mais le personnage) mais que, petit à petit, il l’endosse sans trop de gêne ni de difficultés. Plus merveilleux encore, peut-être, c’est que le film parvient à nous faire comprendre que la prison est une fiction, une erreur grossière de l’humanité pour tenter de faire quelque chose des profondes tendances de ceux qui la constituent – la haine, peut-être, l’amour aussi sans doute, la présence des autres, la solitude, la paix – enfin chacun.e verra, à son propre avis.

En tout cas, à voir, sans aucun doute.

Ici les matons sur le plateau

l’administration pénitentiaire a des défauts : ici par exemple, la cuisine a très mauvais goût : les prisonniers font grève, voilà qui risquerait de mal tourner. L’un d’entre eux, pourtant, l’un des plus respectés aussi, se propose de faire la cuisine (des pâtes essentiellement, avec des polpettes, de la viande, du veau comme on veut) (le rôle du cuisinier est tenu par Silvio Orlando)

et ce qu’il y a c’est qu’on ne le lui refuse pas…
Un autre coup du sort, peut-être, est la venue d’un orage : plus de lumière – que faire ? On se réunit

on discute, on négocie entre gardiens, on cherchera des lampes tempête on éclairera la scène, on mangera tous ensemble…
Sans colère ni violence, sans effusion de sang ni coups – quelque chose comme de la bonne volonté


de la volonté d’être digne – une histoire simple si on veut

À la fin, on apprend des choses, des relations, des éclaircissements, des faits simples et directs, qui nous entraînent jusqu’à nous faire comprendre que les rôles sont peut-être, est-ce destin, est-ce hasard, on ne sait

les rôles tendent vers l’égalité

 

Ariaferma  un (très beau) film de Leornado Di Constanzo

 

Partir quand même

 

le titre du billet est aussi celui d’une chanson de Françoise Hardy (bof) 

L’image d’ouverture appartient au film  

générique commence à devenir une espèce de série (y’en a déjà trois) (ça fera quatre) dans cette maison (quand même en serait-elle témoin) ça ne peut pas nuire, je suppose, mais ça fatiguera sans doute – on verra bien – c’est d’abord une partie importante du cinéma parce qu’elle ressort du droit : c’est un exercice obligatoire pour n’importe quel film – et ça en dit assez long sur la façon dont la production et la réalisation envisagent le cinéma, souvent – certains n’en n’ont juste rien à faire; d’autres les soignent : c’est le cas ici – c’est d’ailleurs un film fait avec soins, ça me plaît qu’on ne violente pas le cinéma – par ailleurs encore, c’est difficile de trouver le générique d’un film si on ne dispose pas d’une copie – et je n’ai pas énormément de copies de film à la maison si tu veux – ici il s’agit d’un court métrage, le titre est repris d’une chanson, lequel est le titre du livre écrit par le héros – un livre à succès semble-t-il (un best-seller, peut-être : en tout cas, il se trouve dans le wtf cultura de Cormellain (sous le lien, la chronique pour Ville&cinéma donnée à l’aiR Nu) – ville probablement fictive (on a demandé d’éclaircir ce point en haut lieu, il n’a pas daigné répondre) (l’auteur du livre (qui est aussi l’un des deux premiers rôles du film) a semble-t-il était reçu chez un histrion du petit écran, ancien journaliste sportif, le gendre idéal disait-on à un moment mais là il commence à prendre trop largement de l’âge pour prétendre à ce rôle…) – normande (trois cents kilomètres de Paris, comme les 300 pages du roman du Julien…) – dotée d’un hyper-marché et d’une piscine à vagues…)

 

dans le film, le générique de début fait apparaître quelques images et au son la chanson chantée (paroles édifiantes – on en entend deux couplets, merci…)

les diverses graphies deviennent jaunes à mesure que se déroule le générique (très joli effet)

(c’est pourquoi, parfois, on verra sur ces images une espèce de film jaune avancer de gauche à droite sur les lignes, les mots)

(le film a été projeté diffusé sur arte – l’est encore je crois bien – jte mets le lien –  jl’aime bien)

ils et elles chantent encore

mettons qu’il s’agisse du générique de début (à la mode contemporaine : les financeurs d’abord

les autres on s’en fout on verra plus tard) (participation, soutiens…) on chante encore

tu vois les lettres sont en jaune (et le nom de la réalisatrice, graphiste à ses heures) (ou l’inverse)

le titre – c’est parti, on va cesser de chanter (mais dans le film, quatre morceaux de musique des années passées) (pour les paroles, dans le même ordre d’état d’esprit que la première… : on n’en garde que (dieu merci) (comme disait ma grand-mère) peu (je l’aime toujours)) – on m’en a dit « mignon », « sympathique », « très joli » – d’accord (en cette occurrence, mon avis est absolument désintéressé – je le trouve marrant et vraiment bien fait (j’aime beaucoup les travelling avec mobylette par exemple)) puis on m’en a aussi dit  « fin, subtil, délicat » – mais voilà, le film se termine : générique de fin (j’adore aussi cette façon) – dans le rôle de la mère de Julien

(parfaite) – revoir les actrices/acteurs et les identifier – se souvenir – dans celui du père à Julien

(tellement bien – et dans sa voix off dans le supermarché et dans son dernier plan…) – puis Caroline jouée par la chanteuse aussi

et enfin Julien

(par le fils petit presque d’une amie) (très bien ensemble, tous les deux) et puis tout le personnel

ah non, une fois encore le titre (carton rose)

voilà pour les acteurs/trices (l’ordre m’importe cependant) (les minuscules et les majuscules aussi) (six femmes, quatre hommes) – puis ici les techicien.nes (deux assistantes réal quand même – deux assistant.es caméra aussi) (non, mais ça en dit un peu sur le budget c’est tout)

continuons (dix femmes sept hommes) (production et post-production)

(10/12) pardon une équipe de préparation aussi (2/7) (total : 28/32) – puis les moyens techniques via les fournisseurs

(générique graphisme dû donc à la réalisatrice) et cetera

et donc les quatre chansons (outre la musique plus ou moins additionnelle) qui, si on récapitule sont des interprétations du boys-band; de Ménélik (bonjour le sexisme mais osef : c’est du rap…); de Francis Cabrel (comment te dire…) ; et enfin de Larusso (elle la chante un peu plus hystérique, faut reconnaître, que la Caroline ici) – remerciements un (un certain nombre de prénoms seulement : iels se reconnaîtront – je souligne le « ma famille » qui ne lâche jamais l’affaire)

remerciements deux (les lieux de tournages – l’hyper U de Douvres-la-Délivrande; la piscine de la presqu’île de Lillebonne, entre autres)

et encore (enfin) récap

et encore le carton financeurs quand même si jamais on n’a pas encore percuté (le visa, l’isan, le copyright : les droits)

 

 

Partir un jour, un film (court mais vraiment bien) d’Amélie Bonnin

Weldi

 

 

 

 

 

tu regarderas : les filles les femmes ne portent pas tellement de foulards – osef tu me diras, mais quand même, il y a quelque chose (ce quelque chose, si tu veux, c’est que ce sont juste des gens exactement pareils à nous, nos égaux, nos semblables) – il y a pas mal d’incises qui ont trait au travail, ordinaire – le héros Riadh (Mohamed Dhrif, parfait) est un type d’une soixantaine d’années qui va prendre sa retraite – il travaille sur le port de Tunis

(donc c’est plutôt à la Goulette – au fond,  le mont Boukornine)

je ne sais pas trop où il habite

il bosse, fait des courses, son fils Sami (Zakaria Ben Ayed, intérieur et secret) doit passer son bac, sa femme Nazli (Mouna Mejri, extra) bosse, mais ailleurs (elle enseigne, elle s’absente – elle fait à manger)

une famille – plus ou moins heureuse, mais plutôt plus – plus ou moins moyenne, ordinaire, on pourrait dire peut-être normale… Il a une amie

(sympathique Imen Chérif) ils parlent de tout et de rien comme des amis

– le travail, la famille – justement Sami a des maux de tête – graves – on cherche

on ne trouve rien et Sami suit ses cours

mais ne parle pas

parfois, pourtant, avec des amis il sort danse chante

mais rit à peine – et puis c’est la retraite pour Riadh – et puis un soir

c’est sans doute la veille des épreuves du bac, un soir Sami

disparaît : son père le cherche

on ne l’a vu nulle part – il a disparu – on ne dit rien, il a disparu – mais on comprend, on le recherche on sait qu’il n’est pas mort

que sait-on ? Rien, dit Riadh à sa femme, je t’expliquerai…
On nous expliquera, Sami a disparu, il est à la guerre, il a peut-être choisi il est parti, on ne le verra plus – un drame, Nazli n’en peut plus, son mari veut aller chercher leur enfant

et s’il meurt en Turquie ? Elle n’en peut plus, mais il s’en va

– il reviendra –

il appelle Nazli mais il ne trouve pas, personne

dit-il à son logeur, il ne trouvera rien sinon un rêve

personne (plus tard, sur internet, une image de lui, embarbé, une femme à ses côtés, voilée, et un enfant : des regards face caméra, le voilà, c’est lui Sami, il s’approche internet est coupé – c’est tout) on se souvient un peu de la chemise qu’il portait

on se souvient un peu de l’histoire de la guenon qui, enlevant une mèche de cheveux, enlève les migraines (c’est quelque part, dans le sud – c’est sur internet, on enverra le lien…) –   on riait on s’embrassait on s’aimait

adieu Sami

 

Weldi (Mon cher enfant) un film tuniso-belge de Mohammed Ben Attia (un peu de production des frères Dardenne)

Histoire de la poêle

Il y a quelques semaines (on ne portait pas encore les masques partout et tout le temps), au coin de ma rue et du boulevard, une dame âgée m’a abordée. Elle tenait à la main une poêle et, sans autre entrée en matière, elle m’a dit : « Vous voulez cette poêle ? Je vous la donne. »
La dame était accompagnée d’un homme qui est resté un peu en retrait et n’est pas intervenu.
J’ai regardé la poêle, c’était une belle poêle, de grand format, en matériau anti-adhésif. J’ai dit : « Euh, je ne sais pas… » La dame a insisté : « Prenez-la, je vous la donne. »
J’ai pris la poêle, j’ai dit merci. J’allais faire des courses ; j’ai mis la poêle dans mon chariot. Rentrée chez moi, j’ai sorti la poêle. Elle avait l’air neuve, d’ailleurs elle était encore dans son emballage, un de ceux qui ne couvrent pas entièrement l’objet qu’ils entourent. Mais je n’ai pas pu me résoudre à m’en servir ; je ne sais pas pourquoi, elle me mettait mal à l’aise. Je l’ai laissée là, dans la cuisine, je la regardais de temps en temps. Au bout de quelques jours j’ai décidé qu’elle ne pouvait pas rester là et je l’ai descendue dans le local des poubelles. Peut-être que quelqu’un d’autre l’a récupérée et adoptée.
Je soussignée, etc. certifie qu’il s’agit d’une histoire vraie.