Vladjé

 

 

j’ai ouvert le dossier composé de fichiers pour travailler dans la maison (je suis assez ritualisé, les jours m’importent, les dates aussi – assez difficile, assez compliqué, et poser de plus de la complexité, et encore et encore continuer : pour que ce ne soit pas vain) ça se présente comme ça

et il se trouve (« on n’y voit rien » comme disait Arasse – mais n’importe, c’est juste pour l’image) il se trouve donc qu’il y a deux ans, on était de sortie vers Montmartre et son pont bleu

un lieu que j’affectionne disons (j’y retrouve parfois les miens – ou ce qu’il en reste, certes) et voilà que les documents sélectionnés à part concernent l’amie Maryse Hache. On en parle ici, par exemple : Florence Trocmé (ailleurs aussi)

Il y a celui que j’ai lu pour Christine (je ne me permets pas de le poser ici, mais je vais lui demander avant), et il y a le mien que je reproduis – pour une pensée à elle dédiée

 

Elle a inventé ou alors elle l’a pris quelque part, je ne sais pas, mais un mot, vladjé (dès que je l’ai lu je l’ai aimé) – ça ne se commande pas, c’est comme ça, c’est arrivé – vladjé ce sera mon prénom, mon pseudonyme quelque chose de moi, accepté, adopté, gardé – en moi-même – je fais souvent ça, ne t’inquiète pas – je le dis ici pour l’informer un peu, pour qu’elle sache – je ne l’ai croisée que trois fois, dont deux aux ateliers d’écriture de Pierre Ménard, c’était rue du Château-Landon, mais d’autres fois plus nombreuses au cours des vases communicants et à d’autres occasions (nous nous entrelisions par nos blogs). Une autre fois, je ne sais plus exactement qui m’a dit ça, elle lui avait dit qu’il fallait lire ce que j’écrivais parce que « c’est bien ce qu’il écrit ce type-là » : c’est ce genre de bruits qui aide à faire en sorte que les choses continuent. Plus tard, je crois bien que c’était un été, elle avait invité les participants peut-être bien à la rejoindre chez elle, j’ai toujours cru que c’était à Gif-sur-Yvette j’avais trouvé l’invitation sympathique je m’y préparais mais ça n’a pas pu se faire je n’y suis pas allé – j’avais pourtant déjà à l’idée de préparer une salade de pâtes avec des cornichons en fines tranches ou en dés, du jambon un talon en dès aussi et de la mayonnaise, quelque chose qui me venait, qui me vient toujours, du Brésil et d’une de ces amies lointaines qui se prénommait Véra dont j’adorais le rire. Ainsi que de Maryse jte dirai… Je ne sais pas ses goûts, je ne la connais que de loin, je n’ai pas d’informations ou de savoirs particuliers sur par exemple les objets qu’elle aimait, ses habitudes (je le regrette parce que j’aime bien les habitudes, à condition de s’en détacher), je n’en sais que peu sur ses habits, ses lectures ou ses goûts de cinéma – mais ça ne me gêne pas et ça ne m’étonnera pas spécialement de les connaître à présent. À un moment, j’ai su et je me suis dit il faut du courage… Cette femme-là, je savais sa taille ses cheveux et son sourire, son rire et sa force, sa poésie bien sûr et ses mots qui étaient aussi parfaitement miens surtout quand elle les inventait et nous les donnait. Je me disais je le savais aussi, je me disais qu’elle devait bien aimer les fleurs, j’avais une image d’une maison dans cette petite ville, avec à l’entrée des rosiers, il y avait là de son parfum. J’ai ensuite aussi découvert son penchant pour le burlesque disons et ça m’a été juste complètement et parfaitement normal. En un sens, j’étais avec elle parce que j’aime rire et faire rire les enfants d’abord les autres aussi, j’aime l’humour qui décale, change le point de vue, ce n’est pas que je regrette parce que je les laisse de côté, les regrets, non, mais elle est là, et elle m’aide à continuer. Je m’accroche parce qu’elle est là, à mes côtés comme aux vôtres. Non mais ça va, j’avance.
À toi Maryse. Et c’est signé Vladjé

 

add. de 18 h, ce jour :
et puis celui de Christine  ici (je le pose pour elle, avec son accord)

Dix ans, dix ans, dix ans, je crois qu’elle aurait souri, cette bonne blague dix ans, ça n’a aucun sens, peut-être même un fou rire en répétant dix ans, dix ans, le temps est vraiment une donnée spectaculairement fausse, on serait l’une en face de l’autre et on dirait « 10 ans ? Non !!! » en traînant la voix sur le nooon comme font les enfants, non il n’y a pas dix ans, les étiquettes sur le produit ne sont pas bonnes, Remboursez !

C’est Pierre qui lit ce texte pour moi, et là aussi c’est étonnant que Pierre lise la phrase « c’est Pierre qui lit ce texte pour moi », je crois que Maryse aurait eu sur le visage ce grain de sel et la fossette sur la joue qui font entendre que c’est étrange, l’étrangeté

En ce moment je pense souvent à la baleine posée sur la remorque d’un camion garé sur la place du village, un texte de Maryse, qui produit l’effet d’un caillou, d’un galet rond que l’on ramasse parce qu’ils n’ont pas le même poids que les autres cailloux, galets ronds, on les garde, oui bien sûr qu’on les garde, je garde la baleine étrange et belle de Maryse bien sûr, Maryse spectaculaire, et fine, et drôle, si drôle, qu’est-ce qu’on a ri

Pour écrire ce texte que Pierre lit pour moi, j’ai fait quelque chose que je n’avais jamais osé faire avant : j’ai relu dans l’ordre chronologique tous les mails que Maryse m’a envoyés

Il faut savoir, mais vous le savez déjà, que Maryse n’écrivait pas des mails mais des poèmes

J’ai rassemblé pour vous quelques phrases parmi les mails-poèmes reçus, reçus bénédiction, car il faut le dire, mais vous le savez, recevoir un mail de Maryse en est une (bénédiction) (là elle aurait un grand sourire, elle dirait « Et encore plus maintenant, dix ans après ! » et on s’esclafferait toutes les deux, deux gamines)

Voilà les bouts de mails-poèmes

à partir de maintenant Pierre lit à ma place des fragments de Maryse envoyés et reçus, à vif

à cœur

à cœur vif

dans la réjouissance de l’échange

quelque chose se réveille du côté de l’objet

une litanie de boîte ou ça y ressemble 

bien à vous 

avec roses odorantes au jardin, églantine, aubépine, chèvrefeuille, seringat, campanules, héliotrope, nigelle, escholtzia, ciste, verveine, sauge, hortensia (pas encore en fleurs), camomille, coquelourde, géranium vivaces et odorants, géranium bleu, silène blanc, phlox, pois de senteur, lavande /

avec la gente oiselleuse – aujourd’hui visite d’un geai- et coutumières mésanges : les bleus, les charbonnières, les nonnettes, merles, rouge-queues, troglodytes, accenteurs-mouchets, pic-épeiche, grives, tourterelles, pinsons /

dans la gratitude à la vie qui nous a fait nous rencontrer, à vous qui avez dit oui, en ces liens qui se sont tissés, tellement précieux, et qui font la vie plus douce et plus vivante

oui on pourra se tutoyer

on pourra se téléphoner un autre jour

on pourra bientôt bavarder

on pourra s’embrasser pour de vrai

dans les recoins il y a toujours de l’humour, de quoi prendre de la distance, même si ça semble bizarre pour des recoins / et je les ai à l’œil

alors qu’est-ce qu’on va inventer pour cette soirée ? quel rebond? quels entrelacs ? quel truc à commencer ? 

oh chouette de chouette avec caramel boîte en bois mimosa et nos anges

Pierre cesse ici de lire les bouts de poème-mails de Maryse, je le précise car nous n’avons pas l’image, encore que des images nous en avons, certaines somptueuses

Que Pierre lise la phrase « Pierre cesse de lire » est d’une drôlerie épique

en parlant de drôlerie, qu’est-ce qu’on a ri, et qu’est-ce qu’on s’est aimées, je t’aime tellement Maryse, maintenant, à vif cœur, maintenant, dix ans ne changent rien à l’affaire

Au moment de finir d’écrire ce texte que Pierre lit, une mésange charbonnière vient prendre une graine de tournesol sur le mur en face de moi, puis elle donne des coups de tête pour l’ouvrir, comme un marteau-piqueur petit et magnifique, elle a zinzinulé avant, après, c’est bien, elle travaille comme une cheffe, mais pas dans l’industrie ou le commerce, elle, elle travaille dans le commencement, quoi d’autre, je t’aime Maryse

 

À TOI, MARYSE

(ces textes – et d’autres – ont été dits pour les dix ans de la disparition de Maryse par le collectif L’Air Nu – dès que possible, je pose le lien)

{Ma très chère petite fille} dit-elle

 

je me rends bien compte que je suis agi par quelque chose qui me dépasse – ce recours à l’Akerman pour vanter ses mérites et l’anniversaire des dix ans de son suicide – sale coup qu’elle se et nous fit, le 5 octobre 2015, un an et demi après la mort de sa mère – après Charlie augmenté de l’assassinat de Montrouge et de ceux de l’hypercacher de la porte de Vincennes mais avant le funeste 13 novembre… – dans le livre (je cite de mémoire) elle dit à peu près « je pense au suicide, j’y pense souvent même… mais non, pas tant que ma mère sera vivante… je ne peux pas lui faire ça… » – c’est certainement cette sincérité qui touche juste  

Ces temps-ci, donc, l’agent va mieux – il a relu le

de la Chantal qu’on aime bien par ailleurs d’ailleurs – et repris les mots du billet Quatre-vingts d’or à l’occasion d’une visite au musée du jeu de Paume de l’exposition consacrée donc encore à cette chère madame Akerman. Sans doute étais-je dans de mauvaises dispositions (j’aime cette cinéaste sans détour, quand même elle abuserait des scènes de miction – l’un des plus beaux films du monde est son La Folie Almayer selon moi) – dans la première salle, il y a disposés suivant une ligne courbe, là, dans un presque noir, sept téléviseurs qui répètent inlassablement (semble-t-il) le dernier plan (fixe, plus de 7 minutes – certes il s’agit d’une meurtrière – toute petite fenêtre sur le film donc) de Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1030 Bruxelles (1975)

Pourquoi pas ?

Je n’ai pas fait attention – dans une autre, en quinconce, quatre ou cinq (et même six) fois trois téléviseurs retransmettant des plans de D’est (1993) . Au noir.

Pas vraiment d’arrêt. Dans la même, encore un film (une femme en culotte debout devant un miroir s’observe et se décrit – L’enfant aimé ou Je joue à être une femme mariée (1971)). Bon.

Mais je passai vite : j’avais en tête la recherche de quelques images de ces Golden Eighties – film projeté dans l’auditorium (qui doit compter cent vingt places tout au plus) en sous-sol (la séance était complète)

Dans la troisième salle, toute de blanc et de lumière vêtue on peut découvrir la graphie de la réalisatrice

comme celle de sa mère

ce qui m’a mis en joie – je reconnais qu’il en faut peu – puis j’ai découvert

ce dossier de presse (le synopsis de La Galerie qui ne s’appelait pas encore Golden Eighties) puis ces images

(j’aurais aimé en voir une de Charles Denner mais non – je ne suis même pas certain de le voir sur l’affiche) (OSEF c’est vrai aussi)

ça a l’air de chanter et de trouver que la vie est belle et c’est tant mieux

oui, enfin pas pour tout le monde hein (ici Jean-François Balmer…) trois lignes sur La Folie Almayer (ce qui représente une faute de goût, un manque de tact et une disposition déplorable) ceci pour situer

(archivage quand tu nous tiens, donc) et puis finalement

Ah non, ce mot encore (à son producteur)

qui me convient aussi.

Bien à vous

 

pour mémoire, je laisse ma glose se rapportant, pour partie, aux images posées lors d’un précédent billet à propos de ce film : Golden eighties c’est une histoire d’amour, des personnes qui s’aiment ou se détestent, se trouvent ou se cherchent, s’évitent ou s’attirent.
On dispose du synopsis mais il est illisible sur l’image (je le tiens à disposition au besoin, je peux le lire et donc le transcrire)
– il y a madame Seyrig et monsieur Denner (L’homme qui aimait les femmes (Truffaut, 1977) ce qui emporte pas mal de choses. Ça a aussi pour cadre un salon de coiffure – (ce qui a été signalé immédiatement à l’Invent’hair évidemment). Je m’aperçois ce faisant disant écrivant que les légendes sont illisibles – il va falloir que je remette sur le métier ce travail (je lis, j’écris, je retranscrit les copyrights – on doit à la vérité de dire que sur le site où sont trouvées ces images le lien qui renvoie à l’auteur des images est merdique – mais on ne s’attend pas vraiment trop à autre chose de cette pseudo-institution dévaluée, comme tout ce qui, à la culture, touche dans notre contemporain).
Voilà qui est fait. On y croise aussi Myriam Boyer et John Berry.

Ici le générique

Là, la filmographie de Charles Denner

 

et un peu de la bande originale de  La folie Almayer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11 novembre vers 10 heures

 

 

 

attendre – ne jamais attendre : les années d’enquête apprennent à ne jamais attendre, ne jamais rien attendre de personne, faire et continuer, voilà tout – une incise de notule (sic)

Malheureusement, mon travail ne leur avait pas semblé éblouissant et avait été retoqué. Ce genre d’expérience, sans être dramatique, n’est jamais agréable mais ce désagrément a vite été oublié

et la parution en début de mois du texte en question m’impose une espèce de réflexion (je n’utilise pas d’images animées, je ne participe pas à quelque zoom que ce soit – excepté dans le collectif mais je déteste j’abhorre et j’agonis – ça me fait penser que sur Com que voz je dois lire quelque chose et le poser en ligne le 12, soit demain – je ne fais pas savoir mais dispose d’un certain savoir faire, je reste devant mon clavier et l’utilise, mes images, celles des autres, samedi dernier au jeu de paume trois ou quatre fois par semaine au cinéma) où le sérieux quand il est mis à distance par une espèce de modestie vraie est tout à fait malvenu – dans ce monde, cet univers littéraire sûrement, en réalité, il faut se la péter sinon c’est mal vu – la vie est difficile quand on est exigeant  disait une de mes profs sur le tard (vers deux mille – Michèle de la Pradelle) – et sans doute n’ai-je jamais cessé d’être plus ou moins proche de l’enseignement – apprendre mais pas attendre – dans ce texte apparaît cette autre incise :

La première fois où je suis venu, on m’a regardé d’un drôle d’air puis, un jour, Roland Brasseur m’a demandé si je m’apprêtais à publier quelque chose. Tout le monde a semblé soulagé par ma réponse négative et c’est à ce moment-là, quand on a su que j’étais totalement inoffensif, que j’ai été pleinement accepté.

je regarde peut-être les mails, les annonces, les recommandations  mais j’oublie et je vais lire – c’est à peu près la même chose qu’écrire – j’oublie les chantiers, je prépare à manger et pour ça je vais faire des courses – lorsque je vois une figure automobile parfois les larmes viennent, je me souviens du film Le Mans et des blousons genre bombers en satin bleu nuit orné dans le dos de la chaussure ailée dorée des seize ans, au dépôt où des pneus de formule un avaient été entreposés (j’avais écrit entreprosés) avant d’être envoyés je ne sais où – c’était en août soixante-neuf – alors j’en suis (vaguement) revenu – la firme, le régime, le système : tout cela m’était alors indifférent (j’aurais dû écrire tout ça mais non) (il y avait bien des amis qui criaient dans les rues Stirner Proudhon Bakounine Kropotkine Volyne mais je n’en étais pas sinon par sympathie inconsciente – plus tard sans doute – ou je me rappelle des Mille Mille qui cessa lorsque 9 personnes moururent de la sortie de route d’une Ferrari peut-être ou Maserati je ne sais plus (Ferrari 355S) – les deux occupants de l’auto aussi – ce qui me fait souvenir de ce livre Les gars du coin (Nicolas Renahy, la découverte 2010) (ces jeunes gens, prolétaires pour la plupart, ruraux tout autant, qui se tuent en auto en rentrant des bals du samedi soir, trop arrosés) et du don de l’auto à utopia, au printemps vingt-quatre – alors attendre ? écrire pour quoi ? pour qui ?

 

 

8 novembre vers onze heures

 

 

hier dans les rues (les œufs en meurettes, ici cachés, se négocient à 15 ou 20 euros dans le quartier) j’ai croisé cette affiche

il s’agit d’une représentation de la Salute (laisse les gondoles à Venise chantait (si on peut ainsi dire) quelqu’un – Hervé Vilard ? – trouvé immédiatement cette image-là

qu’est-ce t’en penses ?) (jt’explique je précise  : le type assis au piano, c’est lui – il est toujours parmi nous (il est de 46 je crois bien) contrairement aux quatre grâces qui l’entourent) non Sheila et Ringo – qui me font furieusement penser à Piaf et son Théo (327/480)* – il faut associer) (Stone et Charden aussi tiens) les griffures biffures me plaisent – le peintre me fait un peu braire (son marchand exclusif se trouve dans le même pâté de maison (on dit blok ces temps-ci pour faire hu esse) que le palais où l’éphémère locataire (dix ans quand même, ça fait un bail), jésuite hypocrite indigne, s’est empressé de féliciter l’ordure de son accès à un panthéon pourri – lapalissade) une église établie en remerciement à la Vierge pour avoir épargné les survivants de la peste, quatorzième siècle si je me souviens bien, portée, dit-on par plus d’un  millions de pieux calcifiés – affiche qui me fait souvenir de mon oncle (il paraît que suivait son enterrement fin de siècle toute une tripotée (une théorie) d’affidés de ceux qu’il avait pour amis et partenaires commerciaux d’Afrique de l’ouest – continent qui le vit, comme le rédacteur, naître). Il tenait dans son bureau (il était courtier – maintenant, sa spécialité, je ne la connais pas) derrière lui une reproduction (je croyais en avoir une reproduction aussi mais non) dans le même esprit (ce genre de rigolade se négocie plusieurs dizaine de milliers d’euros chez le Maurice en question – Momo pour les intimes)  imposant (130 sur 80 à peu près) (je tenais aussi un dessin original acheté derrière les Frari d’une maison ressemblant comme au palais occupé par Rex Harrison (alias Cecil Fox) dans le Honey Pot (Joseph Mankiewicz, 1967)) mais je m’égare : j’entrepris sur les conseils de sa sœur (ma mère donc, si tu suis) de faire évaluer la chose (j’allai chez Momo mais on m’y regarda de très haut – quel âge pouvais-je bien avoir, quarante ? – non, ici non, on n’évalue pas non) – je partis à Drouot où un type me dit, après trois secondes d’observation « c’est un faux, trois cents ou quatre cents euros – au mieux » – il y avait cette propension chez mes oncles, comme un peu si tu veux chez Claude Berri ou chez l’homme le plus riche de France ou son compère de bourse commerciale de se prévaloir d’une culture (serait-elle contemporaine) à travers des œuvres d’art : par exemple,chez un autre, un (authentique celui-là) Miro (cet oncle-là, latifundiste (vin et huile d’olive) du Latium,  possédait aussi un garde-temps (une montre extra plate or jaune et rose) qu’on retrouva dans les bijoux de son épouse, brisé (je la fis réparer chez le faiseur de la place Vendôme, à deux pas de chez ce premier oncle au faux Buffet (on m’y regarda de haut : quel âge pouvais-je avoir ? quarante ? – je la conserve) – cet oncle-là avait l’habitude de descendre (comme on dit) en face de la Salute quand il se rendait à Venise (ce qu’il aimait assez). Entre ces deux oncles, deux types bruns, en éternelle concurrence, comment dire duquel il me souvient aujourd’hui ?
Enfin, j’ai tenté de reprendre le témoin du titre, ce vendredi – mais j’avais à l’esprit cette chanson de Michel Jonasz qui va avec l’abject peroxydé de nouveau au pouvoir

 

* : quantième Je me souviens (GP fayard 1978)

l’addition

 

 

 

ces histoires d’argent sont toujours pénibles à aborder – on va demander combien, on va comparer (benchmarquer, évaluer, se rendre compte) – l’agent n’est que mal rétribué (un demi-sac à main par mois, tout au plus) (n’a pas grand chose à faire : ce n’est pas avec deux ou trois visites par semaine que son poste sera rentabilisé) (poil dans la main/payé à rien foutre chantait l’Higelin) – un tour en ville pour se rendre compte de la valeur des choses – c’est écrit en toutes lettres et en tous chiffres – jamais je n’oserai mais simplement les images parleraient d’elles-mêmes : il m’y faut mettre quelques mots – mettons que nous allions déjeuner, lui et moi (ou elle et moi) (disons mais qui est-elle ? eh bien disons l’agente) c’est le quartier qui veut ça (ce n’est certainement pas l’officine la plus onéreuse, veux-je suggérer) (c’est en en sortant qu’on captura, voilà soixante ans, Medhi Ben Barka) mettons

t’en fais pas je te rapproche –

(pas de repas constitué uniquement de salades (en anglais, les autres savent à quoi s’en tenir) – pas de billets de cinq cents) (on fait ce qu’on peut) ça ne me gêne pas

tout ça fleure bon sa bonne bourgeoisie – tranquille pépère – « bon appétit messieurs/ô ministres intègres conseillers vertueux » disait l’autre (dans Ruy Blas de ce cher Victor Hugo)

non mais va (l’œuf n’est pas mayo quand même tu as remarqué – il est en gelée…) (il y a de la jalousie je reconnais mais après tout – non, je n’oserai jamais pousser la porte à battant) comme s’il fallait entrer dans cet autre, là

il pleuvait sur mon cœur comme sur la ville

les œufs y sont mimosas – bon très bien, un plat ?

repas à 60 – ça va aller quand même – balade dans la rue ? (du Dragon, au coin, là) (c’est rive gauche – je reconnais) juste pour dire

jte montre ce que tu as contre cette somme somme toute modique (je note la devise centrée)

très bien – mieux ?

après ce sont des atours féminins, aussi : c’est sans doute à inclure dans la réflexion (l’agent est dubitatif…) – un peu de la chaussure (435 l’une quand même) un peu du manteau

et puis une malle – on se demande qui peut s’entourer de bagages de cette sorte (je n’ai pas pris la photo, elle fait un mètre cinquante de haut, soixante de large et de profondeur, s’ouvre en deux, tiroirs penderie etc etc – non garnie cependant –

un zéro de trop ? – l’agent s’interroge – puis lui vient ce diagramme

(des milliards d’euros)
certes
ah

partir.

AWIAL

 

 

 

une image, des couleurs – trois parcours, disons, de vie – trois femmes, disons, dignes et au travail, dans un hôpital – Bombay, des vues de nuit formidables (on n’en a guère dans les photos retenues pour la presse ou la promotion) – un film franco-italo-luxembourgo-néerlandais (on aurait plus vite fait de dire européen) insiste wiki (pas à vendre, ces temps-ci) (le réseau me fatigue) – heureusement des films de cette eau existent (il paraît qu’il ne serait pas question de le montrer distribuer en Inde – bizarre cette économie soi-disant monde) – le marché, entre 4 et 7 le matin, les rues, les bruits les fruits et les légumes –  ces trois femmes travaillent (le travail rend libre…) l’une à l’accueil (bosser n’interdit pas encore de rêver)

l’autre plutôt infirmière

il me semble comme le centre du film

et puis la troisième (qu’on voit moins au début) à la cuisine – on la découvre ici dans son logement qu’elle quittera au milieu du film parce que sur un terrain en but aux promoteurs (partout, dans le monde, partout)

les trois femmes assidues au travail dignes laborieuses – trois portraits, une intrigue d’amour pour la plus jeune

d’un type musulman

ce qui fait un peu jaser

autant qu’une sexualité assez assumée (on pense à cet autre film – (comment dire? indien ?) Girls will be girls dans lequel la même actrice

Kani Kusruti (ici dans le rôle de Prabha – parfaite, tout autant)

tenait celui de la mère – un peu comme ici)

il me semble qu’elle est le pôle central du film,  elle dont le mari, parti en Allemagne, ne donne plus signe de vie sinon par l’envoi d’un auto-cuiseur

comme preuve d’amour (ou de pensée – ou de présence…)

oui, son mari est là-bas – la jeune colocataire qui vit sa vie (Anu, interprétée par  Divya Prabha) elle achète un voile pour une possible rencontre avec son chéri mais cette rencontre tourne court : scène magnifique que celle où, sur un quai de gare

elle ôte ce voile

et puis la troisième s’en va donc (Parvaty, Chhaya Kadam) : on les voit se révolter

et se venger,d’une pierre lancée

contre

une affiche (un homme, un promoteur ou son image, touchée atteinte crevée)

(l’affiche vante le nouveau complexe dédié à Zeus, bâti sur les ruines des maisons de pauvres, vomissant son slogan « la classe est un privilège réservé aux privilégiés »…) et puis elles s’en vont dans la campagne, le village où vivra désormais Parvaty (j’ai pensé – subjectif,parfaitement subjectif – aux dernières images de A star is born (Vincente Minelli, 1954)

je ne sais pas – le mieux, c’est certain, ce serait de le revoir…

 

 

 

Alla we imagine as light un film magnifique de Payal Kapadia  (dont on avait ici déjà repéré le tout aussi magnifique Toute une nuit sans savoir (2022)) image formidable : Ranabir Das – musique (pareille) : Topshe

 

Les trois actrices et la réalisatrice lors de la remise du Grand prix à Cannes, cette année

 

 

NH4NO3

 

 

 

après il y a aussi le cinéma – mais ces temps-ci, c’est plus de la recherche (après les 40 jours d’atelier) – garder la tête hors de l’eau avec d’autres tragédies ? je me demande mais faire vivre la maison peut-être (à quoi bon ?) il pleut – une espèce de malédiction (l’énoncer c’est la faire exister) – des images qui sont créditées dans le texte (une vingtaine de pages que je tiens à la disposition de qui les demanderait) – la suite d’articles est due à Jean-Pierre Perrin -je pose ici les images, en fin de billet deux liens qui mènent à des articles fouillés – les zones d’ombre restent nombreuses comme toujours dans ces cas-là, crois-je comprendre (j’essaye de comprendre, d’appréhender la manière de vivre de mes contemporains, je n’y arrive que mal) – une suite d’images : l’explosion a lieu le mardi 4 août 2020, à dix-heures sept (cette image-ci vient du quotidien L’orient le jour libanais, article de Christophe Boltanski sous lien en fin de billet)

dans un entrepôt séjournait depuis six ans des tonnes (800 croit-on savoir) de nitrate d’amonium (composé servant d’engrais mais qui à une certaine teneur devient un explosif puissant) – l’entrepôt explose et provoque la mort :une terreur dans tout le centre-ville (capture d’écran d’une illustration (lien en fin de billet) d’un article de Jean-Vincent Dujoncquoy, paru dans Jeune Marine)

quelque chose comme l’enfer, supposons.
Des responsables, il devrait y en avoir mais non, c’est le Liban
Ce n’est d’ailleurs pas sans une certaine appréhension qu’on écrit ici
Tout est dévasté

On ne voit pas grand chose – plus tard – après les morts et les blessés –

le jour de l’explosion – l’enquête s’est embourbée, mais un juge officie néanmoins toujours son nom Tarek Bitar

ici des images où on brûle son effigie – des intérêts supérieurs, des guerres et d’autres morts encore et encore d’autres morts

ici l’image du visage de Lokman Slim, assassiné – d’autres connurent le même sort – je cite l’article de Jean-Pierre Perrin

« L’intellectuel Lokman Slim, le photographe Joe Bejjany, les colonels Joseph Skaff et Mounir Abou Rjeily ont été tués, l’un avant l’explosion du nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, trois après. Aucun suspect n’a jamais été arrêté. Et nul ne sait exactement ce qu’ils avaient découvert. »

Des crimes impunis, dans la région, sont pléthore : une espèce de faillite – un pays entier, »petit pays je t’aime beaucoup « chantait Cesaria pour son Cap Vert – ici règne la terreur, la compromission, les affaires sont les affaires et les guerres continuent à tuer, toujours et toujours…

Que dire d’autre

 

lien vers l’article de L’Orient le jour 

lien vers l’article de Jeune Marine 

J’ai deux amis libanais, Gracia et Serge – cet article leur est dédié

Où porter le regard ?

 

 

 

non mais attends, c’est quoi cette maison ? j’avais pensé faire une approche par les images industrielles – mais non – mais non – j’avais lu regardé entendu vu  par exemple, pour rire, ceci

rire très jaune malgré tout (le regard du clebs est particulièrement signifiant) – j’ai lu quelque chose de ce genre (parce que Sandra Lucbert est quelqu’un que j’apprécie : on ne va pas sortir les fusils mais on n’en est pas loin) – j’ai essayé de m’abrutir de travail (la traduction des communiqués des BR pour poser quelque chose d’un peu, disons, abouti dans l’atelier pdf) – rien n’y a fait

j’ai lu dans un entre-filet – il me semble que c’était dans le En attendant Nadeau du jour, que Stéphane Hessel, entre et avec bien d’autres, s’était échappé du camp de concentration de Buchenwald à l’été 44 du siècle dernier – je me suis souvenu de mon père et je me suis souvenu du sien (alors que je ne l’ai jamais vu ni connu ni rien)

et alors que le type s’envole en Serbie vendre des rafales à ce que j’ai vaguement perçu – le gouvernement ne sert décidément à rien, et les chambres à rien non plus : on disait (tu te souviens, on n’avait pas vingt ans, on avait des lueurs d’espoir dans les yeux et des charmes dans nos sourires, on disait on scandait on applaudissait en marchant en criant) « élections piéjacons » – tout est-il donc consommé ? le type a perdu la boule (les affaires sont les affaires, c’est assez possible pour lui mais enfin, le nez dedans il dit encore que ça sent bon ? )

le dossier contient un certain nombre d’images

on peut les croire manquées – elles ont été faites à l’aveugle, certains soirs crépusculaires – je ne vois pas non plus tellement le rapport si tu vas par là

j’ai sans doute tort de le divulguer

c’est au sol – l’opérateur est en mouvement, il n’est pas certain que la direction qu’il prend soit décidée

c’est flou – c’est compliqué – c’est inutile – j’avais quelque chose de beau à faire, peut-être, et tout ça s’est dilué dans de fausses dispositions – le dossier s’intitule « herbes folles »

je ne sais pas où je vais – je m’abrutis – je ne sais plus

puisqu’elles sont là, autant en faire quelque chose – oui – quelque chose

c’est encore l’été mais ce mois se termine et j’ai des difficultés avec le suivant (comme avec tous les suivants d’ailleurs, jusque mars) j’ai peur du froid

quelque chose que je dois surmonter –  j’ai peur de voir les choses tomber comme les gens parce que à ne pas entendre ne pas écouter ne pas prendre en compte, que cherche-t-il sinon l’exaspération des passions ?

après ça, j’ai regardé le ciel

 

dispersion #26

 

 

 

 

il y a une chanson qui fait
je mettrai mon cœur dans du papier d’argent
et puisque aujourd’hui est mercredi, que bientôt les habits de vacances seront placés dans les valises et celles-ci dans le coffre, l’agent pense à fermer les volets (il existe une option pour rendre cette manœuvre plus simple : appuyer sur un bouton, et l’électricité se met en marche) ne sont pas à fermeture automatique – couper l’eau et le gaz – s’en aller
Quelques semaines peut-être – là-bas attend le bricolage l’enduit la peinture – ici se perpétue le sport et son efficace concurrence (que le meilleur gagne est une antienne abjecte – masculine, dominante, impériale j’en passe) – ici donc quelques images de ces jours-ci glanées là ici et ailleurs – j’ai laissé les clés sous le pot de fleurs (rouges – d’ailleurs, elle périclitent – les fleurs, pas les clés – il faudra qu’on s’en occupe) (j’y penserai, sans doute, au retour, si cette éventualité m’est accordée)

voilà qui commence mal : pour les sous on repassera donc – il s’agit je crois bien, d’une vengeance –  il faut juste que je me dépêche – au parc (il a été réintitulé « des nations » comme si c’était là une qualité) une allégorie de la culture du sport en cette image de la boite à livres 

la transparence est totale.
C’est aussi une des raisons de ma démission capitale : je pars et je pose
 
mon numéro d’appel aux abonnés absents
un dégoût profond pour la profusion de matériel, la convocation des télévisions et des grandes marques, la pléthore d’affiches, d’images, de couleurs criardes – une espèce d’obscénité alors que flambe le monde – que des milliards d’entre nous meurent de faim de soif de manques de médicaments – une horreur

Passons

marchons, avançons, laissons – nous n’y pouvons rien – la messe sera dite, espérons qu’elle ne provoquera pas trop de terreurs – une chose est certaine, cependant, c’est que la police est partout – un

au parc comme au Louvre – deux – 

nous voilà rassurés, nous sommes sous bonne garde – trois 

la belle vie – grâce à nos impôts, certes – et ça ne fait que commencer (même pas…)
passons, laisse

mes chansons d’amour resterons là dans mon piano
ici Léo et Pépé

(sale histoire – passons encore – on ne fait que passer…)
une disparition (Shelley Duvall, magnifiquement, dans
Shining (Stanley Kubrick, 1980))

et puis ici la réalisatrice Santhya Suri (son film, Santosh, magnifique – à voir)

et puis cette porte écrite (un immeuble de la rue Tesson (Paris 10°) qui a brûlé, un jour où un camion-poubelle s’est enflammé devant cette porte il y a quelques années)

j’aurai jeté la clé du piano dans l’eau
quelques images actuelles, et celle-ci retrouvée dans les milliers entreposées

douceur chaleur calme luxe volupté – et enfin, pour finir, le bac qui relie l’île (Erétria) au continent (Oropos) un soir à l’heure de l’ouzo – la voiture du vendeur de chaises de plastique – la lumière de la nuit

la chanson de Michel Jonasz Je voulais te dire que je t’attends
Bonnes vacances…

 

dispersion une série de cette maison

 

et d’autres images

 

Celles-ci précèdent les 5 posées il y a quelques temps – ici il y en sept d’objets (tout ce qu’il reste) et sept de personnes (elles sont toutes mortes) – la photographie comme preuve de l’existence (et ici, en cette maison, comme témoignage) – il s’agit de la première « Scène intérieure » (initialement publiée par Jean-Bertrand Pontalis qui dirigeait la collection L’un et l’autre aux mêmes éditions) sous titrée « Faits » (ici en folio numéro 5940) – (la seconde, disons, mais qui, ici, a paru en premier, était intitulée  « Cinq femmes » et sous-titrée « Scène intérieure II ») – je retranscris ici quelques lignes de l‘Avertissement qui permettent de comprendre le contexte de ces deux ouvrages :

 

Les pages qui suivent contiennent, en effet, tout ce dont je me souviens, et tout ce que j’ai pu apprendre aussi sur mon père, ma mère, ma sœur, mes grands-parents paternels, deux oncles et une grand-tante disparus à Auschwitz en 1943 et 1944. Une tante par alliance seule est revenue. J’avais cinq ans et demi.

Le petit Marcel, ce samedi-là, avait été avec Annette, sa gouvernante disons, se promener au parc Montceau, situé en face de l’appartement du grand-père paternel. La gestapo vint à ce moment et arrêta toutes les personnes présentes dans l’appartement. Marcel et Annette, sur le trottoir de l’autre côté du boulevard virent cette arrestation, et s’en allèrent rapidement. Une chance

Ici une image de la mère (Maria Cohen, née le 9 octobre 1915 à Istanbul) déportée dans le convoi numéro 63 du 17 décembre 1943, assassinée (j’ignore la date de son décès)

recadrée

puis deux images du père (Jacques Cohen – né le 20 février 1902 à Istanbul) déporté dans le convoi numéro 59 du 2 décembre 1943 – assassiné

ces gens vivaient dans le dix-septième arrondissement de Paris, vers les Batignolles – ils étaient juifs immigrés d’Istanbul dans les années vingt du siècle précédent –

Monique Cohen, sœur de Marcel, née le 14 mai 1943 à Asnières (92) déportée à six mois comme le voulait la loi, avec sa mère dans le convoi 63, assassinée – on ne garde d’elle que ce bracelet

que je rapproche, on distingue le nœud pratiqué à l’une des parties, sans doute pour adapter le bijou au poignet de cette enfant

Sultana Cohen, la grand-mère paternelle de Marcel, née en 1871 à Istanbul, déportée dans le convoi numéro 59 du 2 septembre 1943, assassinée

Mercado Cohen, grand-père paternel (père de Jacques donc) né en 1864 à Istanbul, déporté dans le convoi numéro 59 du 2 septembre 1943, assassiné

vient Joseph Cohen (le frère aîné de Jacques), oncle de Marcel, né le 10 août 1895 à Istanbul, déporté dans le convoi numéro 59 du 2 septembre 1943, assassiné

Rebecca Chaki, cousine germaine de Mercado, qui vivait chez lui boulevard de Courcelles, née le 13 avril 1875 à Istanbul, déportée dans le convoi numéro 59 le 2 septembre 1943, assassinée

puis enfin David Salem (le plus âgé frère de Marie, la mère de Marcel, donc un de ses oncles) né le 29 avril 1908 à Constantinople, déporté dans le convoi numéro 75 du 30 mai 1944, assassiné (on dit de lui qu’il a eu une belle mort : il s’est jeté sur les barbelés électrifiés du camp d’Auschwitz) (ici avec sa sœur, dont il est l’aîné de sept ans)


Il reste aussi quelques objets dont les images sont portées en fin d’ouvrage, sous la rubrique « Documents » – ils forment des souvenirs de Marcel, des objets qui lui restent.
Le coquetier de sa mère (qui lui venait de ses parents et d’Istanbul)

puis ce petit objet représentant un cheval, offert par Jacques à Marcel (Jacques l’avait confectionné pour son fils)

le violon de Jacques (miraculeusement retrouvé dans la cave de l’appartement des Batignolles qui lui avait été pillé, probablement par des voisins peu scrupuleux)

le petit sac en tissu ayant contenu le bracelet de Monique

la résille de Jacques (il avait des cheveux qui se crantaient, ça ne lui plaisait pas, il la portait la nuit afin de domestiquer ses cheveux qu’il gominait aussi)

son étui à cigarettes en cuir

et enfin une reproduction d’un ours qui porte un récipient servant de cendrier (objet qui tenait dans la main – la bouche ouverte était peinte en rouge)

ici la table

Je pose pour finir ces quelques lignes de l’Avertissement, en page 8 de l’ouvrage, qui indiquent :

Aux monstruosités passées, il n’était pas possible d’ajouter l’injustice de laisser croire que ces matériaux étaient trop minces, la personnalité des disparus trop floue, et, pour utiliser une expression qui fait mal mais permettra de me faire comprendre, trop peu « originale » pour justifier un livre. À la scène III de l’opéra de Richard Wagner L’Or du Rhin la formule magique d’Alberiche  qui rend invisible est la suivante « Seid Nach und Nebel gleich » (« Soyez semblable à la nuit et au brouillard »). On sait l’usage qui fut ultérieurement fait de ce Nacht und Nebel.

 

Plus jamais ça.
Ce billet est dédié à mon grand-père Victor, déporté dans le convoi numéro 67, du 3 février 1944, assassiné à Auschwitz, ainsi qu’à Willy Holt, déporté dans le même convoi, mais qui, lui, en revint (et c’est heureux). Avec toute ma tendresse à eux comme à Marcel.