préférences

 

 

 

 

assez souvent je me dis mais
ça sert à quoi tout ça, ça sert à quoi, tout ça ? Ne me demandez pas de vous suivre
sic – une chanson, toujours dans les moments déprime il me vient une chanson – hier elle me disait « à ce moment-là vous étiez bien plus mélancolique » et je ne retrouvais pas ce moment, ce moment-là – c’est reparti c’est revenu – mais je me préoccupe de cette maison, si ça se trouve c’est moi, l’agent – mais pourquoi en faire? je ne sais… je ne tiens pas de compte, je ne vois pas de statistique, il vient de temps à autre quelqu’un, une visite vaguement – le lotissement pourrit – le chef ou la cheftaine ou la cheffe ou j’en sais rien (haine plus un) est aux abonnés absents – le moment est désespérant : on n’en vendra jamais une seule – elle n’est pas à vendre, elle est là, et se tient – cette chanson, elle, me tient compagnie mais ça ne sert à rien non plus – le nihilisme me guette : c’est pourquoi je m’évade 

je préférerai ne pas
regarder cette honte
voir ces ordures ces déchets ces horreurs depuis tant et tant de siècles
ces fleuves de sang
je préférerai ne pas voir
parfois ne pas savoir
ne pas avoir lu ni entendu dire ou taire
ça n’est pas que nous soyons frères
ou sœurs
d’une même famille mais du moins
tenter la paix de l’espèce
ce n’est pas le bonheur mais du monde
nous sommes la crème – et d’eux, et d’elles
et de leurs enfants nous ne prenons rien
et rien ne leur donnons
qu’ils meurent de faim et de soif, nous dans ces sportifs et utilitaires véhicules
dans le confort doux de nos nuits
nous les repoussons, nous construisons des murs
nous coulons leurs bateaux et s’ils survivent les mettons dans des camps
je préférerai ne pas savoir que ce n’est qu’une affaire de couleur
j’aime les couleurs, j’aime les contrastes
et je vois ce que font les votes de ces jours-ci
et ces regards et ces corps qui se noient
et ces autres qui vont et viennent et à la rue dorment
dans les recoins qu’on leur laisse
non parfois je voudrais ne pa
s voir
ne rien entendre et rester à regarder simplement l’air le vent la lumière
une belle musique doucement
je voudrais tant que ça cesse mais non
c’est là, devant nous, là, la bête immonde
hargneuse égoïste bavant sa hargne et sa haine
avec ses armes et ses drapeaux
cette honte

Une réflexion sur « préférences »

  1. je voudrais tant que ça cesse mais depuis quatre vingt deux ans moins un peu moins d’un moi cela ne cesse pas (même si ça varie un peu en nature et intensité)
    ceci dit j’aime que vouus le chantiez ainsi

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