ce que je remarque c’est que si je m’échine à modeler contrôler
pour aller dans une direction
je peux jeter la feuille à la poubelle il ne s’y passe rien
et toutes les fois où je jette un dernier geste sans réfléchir
avant d’arrêter tout
pour ne pas gâcher la matière qui me reste
un réflexe de pauvre en quelque sorte
il se passe quelque chose de curieux
au sens de quelque chose qui active ma curiosité
quelque chose qui m’est à la fois proche familier et étrange étranger
c’est ce que je garde
non pas parce que je trouverais ça particulièrement beau ou réussi
mais parce je n’ai au fond plus la main
plus le droit de décider quoi en faire
je laisse je pose je regarde
cet extérieur
qui est comme ces mouvements qu’on a durant le sommeil
moi n’ai pas assez pour garder et exister
et tout ce que tu ne gardes pas nous est nourriture
des fois le travail aussi – et des fois rien ne vient non plus – attention portée sur la systématique – parfois ça n’est jamais fini – avancer, très bien, avec toi…