parfois me submerge cette idée que le cinéma, qu’est-ce que je peux bien y faire ? Je me suis fourvoyé et trompé d’amour à porter sur un art – je ferais mieux d’aller chanter quelque part sous-terre pour gagner quelque peu d’argent – je suis urbain -et pouvoir vivre (c’est vrai, c’est bon que tu sois là, je remercie ma chance oui) ou pire encore, l’écriture – les deux mêlés, tu vois ça… tant pis, hier je marchai sur le boulevard ou l’avenue me disant « c’est toujours possible de ne pas y aller » et j’avançai vers le ciné – ceux (et surtout celles) que j’aime me manquent tant – et souvent – mais non, je suis seul (heureusement, rarement) et j’entre
l’histoire d’une jeune fille, quel âge a-t-elle ? peut-être treize ans, la voici qui poursuit
un tatou – elle ne l’attrapera pas – pas tout de suite –
Mora, tel est son prénom (interprétée par Lara Tortosa, pugnace) –
elle a un frère Himeko (Cirilo Wesley, loyal)
ils s’entendent bien – ce sont de belles personnes – et des parents, ils vivent par là
(évidemment ça pourrait être n’importe où) – c’est dans le sud de l’Argentine, un genre de contrefort des Andes – ils ne mangent pas d’animaux morts (
on lui offre des truite, un berger qu’elle aide, et voilà…
on les enterre – l’histoire n’est pas amusante ou drôle ou cocasse quelque chose de la comédie, non – Mora va à l’école
rien de drôle
pugilat, détresse, honneur aussi au drapeau – univers plutôt macho disons (ainsi que la réalisatrice l’affirme) Mora n’aime pas, ce qu’elle aime, ce sont les animaux et la liberté voilà – jeune fille attachante et peu diserte – beaucoup de charme, de gentillesse même : elle a un ami, un indien qui vit par là
Nazareno (Santos Curapil, adorable), qui parle à son cheval – la langue mapuche –
qui le soigne et le nourrit et l’aime – un homme âgé, sa femme est « partie »dit-il et peut-être est-ce vrai (elle chante dans ses rêves car Nazareno rêve) – et il écoute
il écoute le bruit du vent dans les arbres
car ils ont des choses à nous dire – Mora écoute, elle aussi –
(je ne suis pas certain qu’il existe quelque chose de plus beau que le bruit du vent dans les feuilles et les branches des arbres – ce silence aussi – je ne suis pas sûr) – et puis son cheval, comme sa femme, s’en va, Mora suivie d’Himeko le cherchera
– et puis et puis il y a une scène où les deux enfants s’échappent (elle surtout agonit l’école, son frère la suit) : elle apprend par la radio la fuite du cheval
quelque chose de magnifique (de la même manière, par des annonces émises par la Radio Nacional, la réalisatrice a trouvé de nombreux acteurs et actrices du film) Nazareno ira à la recherche du cheval
après avoir brûlé la plupart de ses meubles – tu sais, quelque chose du genre des Tziganes, qui laissent dans la caravane les affaires du mort, tout ainsi qu’il(ou elle) l’aura laissé, puis qui, un jour,brûlent le tout… – quelque chose de connexe
après il y a les paysages (magnifiques, mais vides) – magnifiques aussi la course du cheval blanc dans un panoramique formidable – la poussière des cendres des volcan qui empêchent les cultures – des baptêmes dans la rivière et des personnages prosélytes (européens, très sûrement)
une espèce de panoplie, et des sentiments magnifiques – et Mora qui grandit…
Zahorì un film (premier long métrage crois-je savoir, et assez splendide) de Mari Alessandrini (ici le dossier de presse, avec un entretien avec elle)
oh oui de belles personnes et de belles relations (et oui le bruit du vent dans les feuilles)
mince, ça donne envie, le cheval, tout