Trois histoires composent ce film, et c’est juste magnifique : toutes les trois se déroulent à Memphis (Tenessee) qui (comme on sait ?) est la ville où naquit à la chanson Elvis Presley (aka Elvis the pelvis) (il est né au monde à Tupelo, à soixante kilomètres au sud – en janvier 35) . Il ne fut pas le seul à chanter ici : la réalité veut que les studio Sun records se soient installés à Memphis, et ce fut là qu’un jour, pour sa mère, The King fit graver son premier disque du monde.
Il est dès lors présent partout (il y vécut, Graceland est le nom de la petite maison où il vécut, je crois et mourut (à 42 ans), peut-être d’overdose de médicaments dans la ville. C’est là que le train s’arrête, passe, s’en va.
Dans l’hôtel nommé Arcade qui sert pour une (assez grande) part de décor au film (les trois histoires s’y déroulent un moment sans qu’aucune ne se croise) dans ce lieu, il y a la présence du gardien de nuit (interprété par Screaming Jay Hawkins) et du groom (Ciqué Lee)
), dans chacune des chambres on trouvera un portrait d’Elvis (dit The King).
Le train en question ne vient de nulle part, ne va nulle part – ou du moins, sa destination n’est-elle pas exactement explicite. Et les trois histoires usent de macguffin – on ne sait pas pourquoi les choses arrivent : on ne verra pas Graceland, on ne saura rien du mort que convoie Luisa vers Rome
le type de l’épicerie sera-t-il mort ?
On ne sait pas pas… On entend un coup de feu, dans chacune des histoires (est-ce celui tiré dans l’épicerie ? On ne sait pas…)
Memphis est mystérieuse…
On peut pourtant noter un invariant (ça ne sert à rien, mais c’est amusant quand même) : le rouge que porte le gardien ressemble à celui de la valise des deux amoureux
comme à celui (plus passé, plus vieux, plus terni) de la voiture des trois types alcoolisés.
On peut sans doute noter aussi que le fantôme d’Elvis n’apparaît qu’à Luisa; que le chanteur des Clash (Joe Strumer
l’anglais – le supposé mari de Dee-dee la bavarde -ici droite cadre
) déteste Elvis (parce que tout le monde l’appelle ainsi) et fait tourner le portrait contre le mur de la chambre; le troisième des bras cassé (est l’ami du coiffeur blanc – à l’image le second, Will, plus ou moins pote avec le gardien de nuit)
interprété par Steve Buscemi – ce dernier apparaît dans le premier épisode des deux amoureux japonais.
C’est peut-être un conte : en tout cas, Luisa attrapera son avion
les trois types bourrés se sauveront; les amoureux poursuivront leur route (non sans s’être emparés d’une serviette de l’hôtel)
Mystery Train, un film de Jim Jarmusch (1989)
(les amoureux japonais, Yuki Kudo – c’est elle – et Masatoshi Nagase – c’est lui)
je me fais vaguement l’effet d’être instrumentalisé : les copies de ces films sont neuves, c’est une affaire de distribution sans doute en lien avec la présentation du dernier film de Jim Jarmusch présenté à Cannes il y a deux mois (c’est son treizième – le précédent, Paterson, était une merveille – on lira avec profit ce billet duquel je ne retirerai pas le moindre traître mot) , qui est sorti je crois bien mais que je n’ai pas vu. En revanche, j’irai sans doute voir Le Traître de Bernardo Betolucci, et probablement aussi le dernier de Quentin Tarantino. Bof, tant pis, c’est un réalisateur qu’on aime bien.