idéal-type ou stéréotype : ce sont ces lieux qu’on fréquente par images interposées – un peu comme ces chansons qu’on entend un peu de loin, de la musique qui rappelle des souvenirs qui reviennent changés, différents, flous floutés – loin comme à travers une vitre derrière laquelle tombe la pluie, un tulle, ou alors des larmes qui troublent la vue, pas nécessairement tristes d’ailleurs, le vent (je l’aime tant), quelque chose – loin de tout – ayant tout oublié, mais que serions-nous sans mémoire ? – alors tout en haut de cette mer qui lui appartint de nombreux siècles – si appartenir veut dire être sous le joug, la coupe, la loi – elle est là sur ses pilotis – il ne s’agit pas d’un golfe comme à Trieste, juste une lagune comme à Marano – mille ans et plus de lieux communs – depuis un moment, elle m’accompagne, à moins que ce ne soit moi qui elle je ne sais – il y a bien dû y avoir un moment où j’ai eu entendu parler d’elle – je marche dans la rue il y a là la bibliothèque (Fessart), j’entre – je ne pense pas à elle spécialement (mais toujours ce goût, vers onze heures du matin pour un sandwiche et un verre de vin blanc spumante (champagnisé) comme chez elle – ils disent (elles aussi je suppose) pour le rouge un ombra – il se peut qu’ils (et elles) fument dehors, sur le quai, en bas du pont –
c’est vrai aussi qu’il y pleut souvent) – il y a sur un présentoir un exemplaire de Brunetti entre les lignes (c’est traduit comme d’habitude par Gabriella Zimmermann, mais non de l’italien, de l’étazunien – l’auteure ne veut pas qu’on traduise ses textes en italien – quel drôle de pli a-t-elle pris ? je ne sais) – les notes de bas de page m’ont happé (il y a une belle chanson de ce titre – Bashung) je les reporte, je les relie – l’une d’entre elles parle d’un opuscule qui recense les rues, places et canaux, sans doute les numéros des maisons palais bouges ou casinos – ville épaisse des vices et des turpitudes du monde – je les relis – la peste, le cholera, la République, la religion… – depuis tant et tant de temps – carnavals vaporetti (bateaux-autobus) gondoles palaces cocktails masques joailleries – des présupposés, des acquis, des images et des spécialités – j’ai pris ces images quelque part mais je ne sais plus exactement où – on verra hein – ici donc, pour que ces mois soient moins lourds peut-être (en souvenir d’un de ces hivers sous la neige aussi), c’est aussi que c’est que pour une part très superficielle mais pourtant assez juste il me semble, de cette ville-là
bacino : le bassin qui s’étend face à la place Saint-Marc
ACTV : L’ACTV (Azienda del Consorzio Trasporti Veneziano : agence de consortium des transports vénitiens) est l’agence municipale assurant les transports publics à Venise depuis le 1er octobre 1978 (au forfait, 3 jours : 45 euros)*
Il Gazzetino : L’un des deux quotidiens de Venise, l’autre étant La Nuova
acqua alta : Hautes eaux qui inondent Venise entre l’automne et le début du printemps, lors de marées exceptionnelles
Archivo Storico : Les Archives d’État de Venise, situées sur le campo dei Frari, conservent le témoignage de plus de mille ans d’histoire de la ville
Le Rédempteur : L’Église du Rédempteur est un célèbre édifice situé sur l’île de la Giudecca, conçu et commencé en 1577 par l’architecte Andrea Palladio et terminé par Antonio da Ponte en 1592 (le bien nommé architecte du Rialto, en pierre)*
Il Giornale : Quotidien national fondé en 1974 à Milan par Indro Montanelli, propriété de la famille Berlusconi depuis 1979
La Fenice : Le célèbre opéra de Venise datant du XVIII°siècle, reconstruit à l’identique après son incendie de 1996 et inauguré en 2003, et qu’il est de bon ton (ndr : clcdld)** de fréquenter
suspension volontaire de l’ncrédulité : concept formulé par Coleridge
son ordinateur « dispersait son odeur suave dans la brise du désert » : Citation extraite de Elegy Writen in a Country Yard de Thomas Gray
les arbitres du Lord’s : Célèbre stade de cricket
Gianni paga i damni : « Gianni paye les pots cassé » (gros titre de la presse (à scandales) parlant du fils d’une comtesse, protagoniste du roman)*
Nobile ignobile : « Noble Ignoble » (toujours à propos du fils de la comtesse)*
No account Count : « Le comte sans compte » (idem)*
San Gennaro : Saint Janvier, évêque de Bénévent, le plus célèbre des saints patrons de la ville de Naples (tous les ans (ou plusieurs fois l’an), le sang de cet évêque possiblement conservé dans une espèce d’ampoule, se liquéfie et donne lieu à une espèce de fête processionnaire)*
L’Espresso : Hebdomadaire italien de politique, culture et économie, de sensibilité de gauche
La Reggia di Caserta : Le Palais Royal de Caserte, la résidence (napolitaine) de la famille royale des Bourbons de Naples, symbolisant la magnificence
le viale Garibaldi : Allée ombragée qui traverse le parc s’étendant à proximité de la via Garibaldi (anciennement Eugénie, percée aux ordres de Napoléon un – pour cette Eugénie-là donc)*
tramezzini : Petits sandwiches en forme de triangle, obtenus en coupant une tranche de pain de mie en deux (cette petite collation avec de la mayonnaise, le plus souvent, mais sans croûte)*
MOSE : Acronyme dérivant de Modulo sperimentale elettromeccanico (Module expérimental électromécanique); jeu de mots avec Mosè désignant Moïseen italien (lequel ouvrit la mer en deux, comme on sait, pour sa fuite et celle de son peuple d’Égypte – ouvrage d’art donc condamnant les passes de la lagune lors de l’acqua alta – dans le livre,le barrage ne fonctionnait toujours pas mais avait quand coûté la bagatelle de 10 milliards d’euros – construction accompagnée de très nombreux actes de concussion corruption et autres joliesses municipalo-administratives)*
spritz : Apéritif local typique, à base de prosecco, d’eau de seltz et de campari ou d’aperol.
la riva : Riva degli Schiavoni (le quai des esclaves, l’une des fortunes de la République de Venise)*, l’ample quai qui longe la lagune de la place Saint-Marc à Castello (vers l’est et la via Garibaldi – à gauche après la colonne du lion)*.
Calli, Campielli e Canalli : (rues, places et canaux) Répertoire de toutes les rues,places et canaux de Venise (avec les numéros des immeubles afférants)*
La Boccini : Université privée de Milan très prisée, spécialisée dans l’économie, la finance, le management, l’administration publique et le droit.
piano nobile : Étage noble (premier étage, au dessus de l’androne – voir plus bas)*, qui était l’étage d’apparat dans les palais des familles aristocratiques.
Carampane :le quartier des carampane, nom donné aux prostituées d’autrefois.
androne : Ample vestibule situé au rez-de-chaussée des palais (au ras de l’eau des canaux)*.
style (d’orfèvrerie) dit Manin : Très fine chaîne d’or, dont le nom provient de la riche famille Manin, d’où était issu le dernier doge de la Sérénissime, Ludovico Manin .
Les Lei formels : La forme de politesse se fait en italien parle pronom personnel de la troisième personne du féminin singulier, lei, « elle » correspondant à « Sa Seigneurie »
gratta e vinci : littéralement « Gratte et gagne », l’équivalent des grilles-flash au loto
roba da donne : une affaire de femmes (dans la narration il est dit « les jeux de hasard, c’est pour les diots, roba da donne » – pour fixer les idées et dépeindre l’étendue du machisme du locuteur – par ailleurs meurtrier)*
Punta della Dogana : La pointe de la Douane (désormais propriété du french miliardaire arnaud b)*
Sestiere : nom des six quartiers composant la ville de Venise (lesquels se nomment Castello, Dorsoduro, San Polo, San Marco, Canareggio et Santa Croce)*.
castraure : Petits artichauts violets (plus petits que les poivrades d’ici)*. Spécialité locale très prisée, cultivée sur l’île de Sant’Erasmo, l’île maraîchère de Venise.
Coin : Grand magasin de Venise. Version vénitienne du nom de famille Cohen (ah)*
macchiatone : grand café crème (chez Florian (café très prisé de la place Saint-Marc), la spécialité serait plutôt le chocolat au lait, pas moins de quinze e – ici Brunetti paye 20 euros pour un café (pour lui) et un macchiatone pour celle qu’il interroge – le livre (et les prix sans doute) date de 2014)*
fidanzato : fiancé
numero civico : le numéro de la maison. Chaque sestiere se compose de ces numero civici qui partent de la première porte du quartier et vont jusqu’à la dernière de ce même quartier, ce qui explique les chiffres si élevés dans les adresses vénitiennes,comme par exemple San Marco 4939.
la Guarda Medica : le médecin de garde
* : les notes de notes, en italiques dans les notes, sont du rédacteur
** : c’est le cas de le dire