(j’avais retrouvé la photo, je l’ai reperdue, je l’ai reprise (tu la verras, elle est à la fin)
ils l’avaient appelée du prénom de l’épousée – le terrain, le foncier, le dur le capital avait été apporté là par son père à elle, quelque chose comme une dot; ils avaient fait construire; ils y avaient mis un 2 pour distinguer, je suppose; un sous-sol total, un garage sous des arcades, une buanderie mais sans souvenir de machine encore – sans doute pas mais je me souviens d’elle, ici (sur ce continent), qui marchait sur les draps dans la baignoire pour les laver – ; en haut des marches de l’escalier découvert, une petite terrasse, un garde-fou de métal peint de bleu; une photo les montre, elle et lui, tenant dans leurs bras les deux petites filles aux grands yeux, elle rit et le regarde, il sourit porte des lunettes d’écaille, à cinq ans de là il était à la guerre – elle était dans les blancs et les bleus comme ils savent faire là-bas
là-bas est un axiome qui renvoie aux origines
l’étendue d’eau entourée de terre, la « notre mer » des Romains – ils y étaient, et elle, cette ville, devait être détruite – la villa se situe sur l’avenue de la Reine Didon, en descendant vers la plage (il n’y a plus de plage)
on traversait la route (il n’y a plus d’avenue non plus, elle est barrée, fermée, bétonnée – il faut faire attention, le palais du nouveau monarque est juste à quelques mètres – mais oui, le monarque a un palais gardé fardé de barbouzes
de policier(s)
juste comme ici ou tout comme celui de la Sublime Porte s’en est fait construire un, à mille trois cents chambres disent les gazettes, pour quatre cents millions d’euros – elles ne disent pas l’équivalent en livres turques) elle descendait vers le bleu et l’écume parfois
sur la droite, en bas, était la villa d’un grand-oncle (lequel employait dans son garage, en bas de l’avenue dans la capitale, au delà de la lagune, un certain nombre de types, dont lui, mon père) : lorsqu’il arrivait en auto, ce garagiste, ce grand-oncle, R., il klaxonnait afin qu’on vînt lui ouvrir le portail (il ne pouvait pas sortir de sa caisse, non) et puis il y avait la mer – au fond de l’image la montagne
à droite encore, c’était Neptune puis Salammbô (« c’était à Megara… » certes) et au loin, à gauche derrière la colline la falaise de Sidi Bou Saïd, Gammarth – on n’avait pas connaissance du Kram, on se baignait parce qu’elle nous y enjoignait, nous y obligeait presque, le midi après l’école, « venez les enfants » disait-elle, et nous la suivions – à notre gauche les termes d’Antonin – on marchait, tous les jours de juin soixante, on descendait sur le sable brûlant, on se baignait sans jamais dépasser une petite barrière de rocher (elle n’existe plus non plus) – au loin, de l’autre côté de la baie et puis ces noms, Hamilcar Hannibal la Marsa, ces arrêts du petit train, stations comme d’un métro ciel ouvert et bleu – et partout ces fleurs ces lauriers
bougainvilliers
couleurs odeurs sensation sentiments
un étage, des chambres, une grande cuisine, je ne me souviens plus – je ne sais plus les sacs à main de ses amies abandonnés sur un lit et nous qui y cherchions quoi ? je ne sais pas – je ne sais plus non plus le prénom du mari de l’une d’elles (ils étaient tous les deux photographes) lequel jurait comme un charretier, grossièretés qui faisaient tellement rire – je ne sais plus exactement mais ça ne fait rien, dans les bleus, dans les blancs – elle est là
il n’y avait pas d’arbres ni de rosiers, il n’y avait pratiquement rien, au dessus des murs qui la ceignent on avait fiché des tessons de bouteilles – sur la porte de fer forgé dans les bleus, une image me montre avec mon frère – dehors stationnent des voitures, une quatre chevaux, une Vauxhall il me semble – je ne sais plus mais je n’ai rien oublié
merci.. notre mare nostrum, mais sur cette rive il n’y a que là chez vous qu’ils savent faire ce bleu et blanc… me semble qu’un peu plus à l’ouest chez mes ancêtres (enfin une partie) et de quelques anées d’enfance c’est plutôt le vert et blanc