(six mois de maison, ça commence à faire) (elle reste témoin, mais en toute logique-comme d’ailleurs l’ont souligné ChG « dans les murs » et d’autres– il n’y a pas loin d’ici à la zonzon qui privent les humains de toute liberté) (le bien le plus inaliénable dont on peut encore disposer – peut-être – en restant dans une certaine forme de clous) (je n’aime pas la tournure que prend le billet de ce mercredi mais je ne dispose pas non plus de facilités pour ne pas dire ce que je pense) (en tous cas, six mois, ça fait un moment : qu’est-ce qu’on dit ?)
Dans l’entrée, on posera sur cette sorte de perroquet idiot (« toi qui entres ici abandonne tout espoir ») ce chapeau de cow-boy, en amorce sur l’image, blanc, le chapeau d’un type qui fait du rodéo (c’est lui qui est à l’image : c’est l’un des frères de Jashuan) parce que ses parents en faisaient – son père surtout, leur père, lequel vient de disparaître dans l’incendie de sa maison
(le chapeau est grand pour la tête de la jeune fille, Jashuan, peut-être onze ans : la voici )
c’est elle, cette septième génération, c’est elle qui apprend des chansons
c’est le titre du film; point de chansons apprises pourtant, mais simplement des personnages , des histoires, des sensations, des émotions, avancer dans le cours du film qui présente plus que sa vie, à cette jeune fille, d’ailleurs, celle aussi de son frère Johnny
qui nous informe, en ce début de film ici, que « priver un cheval de sa liberté pourrait lui briser l’âme », ce qui nous cueille un peu à froid, on ne sait pas, on avance avec lui, dans ses petits trafics d’alcool dans une réserve indienne du Dakota, dans des paysages somptueux, dans ses histoires de coeur, à lui, et puis aussi, lorsque l’annonce de la mort de leur père les prend, de leurs histoires de famille
les rôles tenus parfaitement, images et cadres sensibles, des films comme celui-là, on en redemande (c’est un premier film : on pense à « Mustang » (2015, Deniz Gamze Erguven) qui est dans la même veine, un peu (on pense à ces femmes cinéastes, oui, la relève, oui) : comment avec l’aide de sa famille réussir à vivre quand même et malgré tout, et aussi des amis – ici l’ami de Jashuan, tatoué comme personne, qui la prend à son service pour tenir la comptabilité de son petit commerce ambulant de fringues), amitié gentillesse complicité
sans simplisme, sans manichéisme non plus, une vraie réussite d’un cinéma indépendant mais étazunien (produit entre autres par Forest Whitaker), qui met en scène comme rarement la vraie loyauté que devrait, toujours et partout, adopter l’humanité.
C’est vrai, nous sommes peu de choses : on est là, dans cette vie et sur ce monde, on avance les yeux heureux de ce soleil, on respire cet air doux, frais, cette odeur de lavande ou de magnolia et cette caresse du vent, nous les sentons, avançant (?) dans l’éther vers Vega de la Lyre disaient mes cours d’astronomie, cosmos peuplé de noms et de figures indécidables, la nuit en voiture dans les rues filent les lumières, longuement très longuement debout sur le vaporetto numéro un on parcourt le canal dit « grand » doublant hôtels de luxe et palais princiers, alors que meurent des milliers et des milliers d’autres, c’est vrai mais un seul être décède et tout est décimé… Ce billet, comme tous les autres de cette maison(s)témoin qui parle de cinéma, est dédié à Chantal Akerman, cette femme magnifique, pourtant tellement heureuse quand on la voyait défendre ses actes, ses films ou ses oeuvres yeux brillants et sourire ravageur : allez, tournez et tournez encore, grandes roues, levez-vous encore astres, constellations, Harpe Altaïr Déneb, liguez-vous et construisez notre avenir, vers vous, qui sait si elle s’en est allée…
cette portion de l’humanité qui est trop seule à être humaine. Comment réveiller l’humain dans les autres